Archétype : hades, solitaire et envoûteur

Par William Potillion @scenarmag

Plongé dans les profondeurs, incapable de trouver la lumière, Hadès (ou du moins son archétype) contemple constamment l’intérieur de lui-même. Très peu friand de relations, il préfère s’isoler.
Son activité quotidienne lui importe peu car quelque soit l’ennui ou la difficulté physique de cette tâche, il est tout empli de la richesse de son imagination.

Son esprit vagabonde encore et encore… Hadès n’a jamais vraiment ressenti un manque dans sa vie. Du moins, jusqu’à ce qu’il rencontre par hasard la magnifique déesse Perséphone. Ignorant des choses de l’amour, il comprend soudain que cette fille donnera un sens à sa vie.
Ne trouvant d’autres moyens que de l’enlever, il l’attire dans les Enfers pour en faire sa reine. Son amour cependant ne se tarira pas.
Mais Déméter, la mère de Perséphone, n’accepte pas cette situation. Après un long débat avec Zeus et ses incessantes recherches de sa fille, Déméter finit par apprendre qu’elle est la reine du royaume des morts.

Par souci de compromis, le prudent Zeus édicte alors que Perséphone sera auprès de sa mère aux temps de printemps et d’été et auprès de son mari pour les périodes automnale et hivernale.

Compassion et distance

La présence de Perséphone auprès de Hadès a eu sur celui-ci une influence considérable. Elle lui a permis de découvrir la compassion et la conscience de soi.
Si l’on souhaite s’inspirer de Hadès comme archétype pour la création d’un personnage, ce sera quelqu’un qui a une vie intérieure très riche, peut-être trop riche. Il sera doté d’un esprit créatif et peut parfois se perdre dans ses propres fantaisies.

C’est un personnage sensible, souvent en danger de perdre de vue la réalité. Cependant, son imagination n’est pas du délire et il est tout à fait apte à analyser des idées, des situations. S’il s’agit d’un héros, tout comme Hadès, s’il trouve la femme qui lui convient, il peut alors aimer la vie de famille.
Mais il souffre toujours d’un manque de communication. Il ne sait pas vraiment partager ce qu’il ressent et toute la relation sera maintenue par la femme aimante.

C’est un personnage qui maintient toujours une distance aux autres. Non pas qu’autrui l’effraie au point d’en faire un reclus. Simplement, il aime sa solitude. C’est par choix qu’il s’isole, non parce qu’il y est contraint.
Si vous souhaitez, dans votre projet, inventer une femme qui pourrait convenir à votre héros (basé sur l’archétype de Hadès), l’archétype de Hestia pourrait offrir une relation riche et intense.

Une spiritualité marquée

Privilégiant la vie intérieure à la vie mondaine, l’archétype de Hadès croit en l’au-delà. Il ne pratique pas le prosélytisme. Il ne cherche pas à entraîner les autres dans sa foi. Pas plus qu’il n’adhère à une quelconque croyance pour se conformer à une norme ou parce que son milieu social et son éducation l’ont forgé à croire.

C’est un personnage qui s’est versé dans une croyance par réflexion ou par intuition et qui l’assume dorénavant. En somme, c’est un personnage qui s’est construit lui-même.
D’ailleurs, d’un point de vue pratique, cela peut être démontré par son habileté à faire les choses lui-même sans se précipiter dans le premier magasin pour se procurer des choses toutes faites dont il n’est pas certain qu’elles pourront résoudre le problème qui le préoccupe actuellement.

Aimant la solitude, on peut supposer que l’une de ses peurs serait de se retrouver dans une foule ou bien qu’il se sente menacé par un large groupe. Néanmoins, malgré la distance qu’il garde envers autrui, le besoin d’une famille se fait sentir. Cet archétype n’est pas un ours.
Une cellule familiale est certes rythmée par l’amour mais elle est surtout pour cet archétype une ancre dans la réalité. Il a peur parfois que ses fantaisies l’emmènent trop loin et qu’il soit à jamais perdu.

Il a peur que ses émotions le submergent et il peut parfois paraître au regard des autres comme un être vraiment insensible. Mais ce n’est qu’une protection ou une défense. Lorsque l’émotion est trop violente, il a le sentiment que le monde s’écrase sur lui.
Alors il se replie sur lui-même ou dans l’intimité chaleureuse de son foyer laissant ceux qui tenteraient de forcer le seuil de sa vie à l’extérieur derrière de hauts murs.

Le besoin de comprendre

Cet archétype a une soif de savoir. On peut le représenter comme un rat de bibliothèque.
Ce qui ne signifie pas qu’il déteste l’action. Il a besoin de justifier les choses, de les comprendre avant d’entreprendre quoi que ce soit.

C’est un être qui s’interroge sur les mystères de la vie. Sa spiritualité marquée l’aide en cela. Il ne mène pas pour autant une vie austère mais parfois, il a besoin de sa solitude pour plonger dans certaines recherches.
C’est alors qu’il peut apparaître aux autres comme un être sans personnalité. Ou bien comme quelqu’un d’ennuyeux même s’il suffirait d’essayer de l’approcher et de le comprendre pour s’apercevoir qu’il est un être sensible et intelligent.

L’intelligence est une mesure de la qualité d’une personne. Refuser de voir cette intelligence parce que l’approche de cette personne est difficile, c’est parfois se détourner d’une rencontre passionnante.
D’ailleurs, les autres se demandent parfois s’il n’est pas fou d’être ainsi obsédé par le sens profond des choses.

Son arc dramatique

Parmi toutes les trajectoires possibles que peut suivre un tel personnage au cours de l’histoire, l’une d’entre elles est souvent le besoin d’apprendre comment communiquer avec autrui. Surtout qu’au fond de lui, c’est un être capable d’empathie.
Ce qu’il a besoin de comprendre, c’est que la relation humaine apporte son lot de récompenses et peut enrichir sa vie autant que ses mondes intérieurs.

Le photographe Brassaï disait :
On se demande parfois si la vie a un sens… Et puis on rencontre des êtres qui donnent un sens à la vie.
C’est une citation que cet archétype devrait méditer.

Ce personnage ne doit plus fuir le monde extérieur. Il peut être moine ou le pacha d’un vaisseau de guerre, dans un cas comme dans l’autre, il lui faut non pas nécessairement affronter le monde extérieur mais du moins le pénétrer à-travers la relation aux autres.

Son défaut majeur est qu’il n’est pas expressif et se retranche facilement pour éviter une relation qu’elle soit houleuse ou non avec autrui. Il se méfie de ses propres émotions car il craint de perdre le contrôle de lui-même s’il se laissait aller. Alors, comme un moyen de défense, il apparaît aux yeux des autres comme dépourvu de sentiments.

Concrètement, on peut démontrer cet aspect de sa personnalité à-travers sa difficulté à parler à autrui. Et le montrer essentiellement pessimiste, voire rancunier.

Comme exemple de la personnalité de cet archétype fondé sur le dieu grec Hadès, nous pouvons citer Fox Mulder (X-Files) ou bien Angel dans Buffy contre les vampires.
Rick Blaine dans Casablanca en est aussi assez proche. Ainsi que Jim Stark dans La fureur de vivre et la bête dans La belle et la bête ou Quasimodo dans Notre Dame de Paris.