[CRITIQUE] : Mother !

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Darren Aronofsky

Acteurs : Jennifer Lawrence, Javier Bardem, Michelle Pfeiffer, Ed Harris,...
Distributeur : Paramount Pictures France
Budget : -
Genre : Thriller, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h55min.

Synopsis :
Un couple voit sa relation remise en question par l'arrivée d'invités imprévus, perturbant leur tranquillité.

Critique :


#MotherLeFilm est un cauchemar d'une densité incroyable, plastiquement sublime. Le cinéaste se permet tout et fait de J-Law sa muse ultime— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 7 septembre 2017

L'orfèvre Aronofsky synthétise les thèmes chers de son cinema pour faire de #MotherLeFilm une claque tétanisante, paranoïaque et dévorante.— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 7 septembre 2017

Orfèvre de la mise en scène au talent insolent, dont l'obsession du plan parfait frise parfois lourdement avec la folie (c'est ce qui fait toute la magie de ce concepteur incroyable), Darren Aronofsky est sans aucun doute, l'un des chirurgiens de l'image les plus imposants de sa génération.

Surdoué du septième art biberonné à la contre-culture américaine, le bonhomme avait fait jusqu'à son dernier long en date, le mitigé Noé, un parcours absolument sans faute, à tel point qu'on se demandait bien quand celui-ci allait trébucher - comme en son temps, l'autre génie ricain David Fincher.

Conscient qu'il serait férocement attendu au tournant avec son nouvel essai, le Darren a donc mis les petits plats dans les grands, du casting quatre étoiles (Jennifer Lawrence, Javier Bardem, Michelle Pfeiffer, Ed Harris) à une campagne promotionnelle expéditive à la maestria évidente (comment attiser la curiosité tout en conservant tout le mystère entourant son oeuvre en même pas deux mois).

Intitulé Mother !, la nouvelle invitation du bonhomme est un trip absolument dément, le film-somme d'un cinéaste en total possession de ses moyens et de son art.
Plastiquement sublime, le film est un voyage tortueux sans retour inoubliable, qui demande constamment à son spectateur de s'y perdre pour mieux en apprécier la grandeur.

D'une écriture rare, Aronofsky exploite tous les thèmes qui lui sont chers (persécution, paranoïa, société dévorante,...) et expérimente avec une ambition assez renversante, un jeu de va-et-vient fascinant avec toutes les oeuvres de sa filmographie.

Vénéneux, volontairement nébuleux et dérangeant, le cinéaste se permet tout, choque comme jamais auparavant et nous met autant à l'épreuve que la sublime Jennifer Lawrence (l'oscar 2018 est déjà pour elle), muse littéralement transcendée par la caméra du brillant New-Yorkais.
Dans un balai des sens cauchemardesque, le Darren fait s'entrechoquer des univers et des genres aussi opposés que complémentaires, se joue constamment de la logique et de la vraisemblance, et s'échine à troubler, traumatiser un auditoire qui n'en demandait/espérait pas tant.

Au service d'une oeuvre météore, certes loin d'être dénué de tout défaut (mais chut...), Darren Aronofsky met en exergue sa sensibilité cinématographique pour faire de Mother ! un gros trop anxiogène, névrosé et aux interprétations multiples.

Un film mystérieux, opaque, dérangeant et d'une infinie richesse, conçu - évidemment - pour diviser; un tortueux et envoutant moment de cinéma, que n'aura décemment pas renié un certain David Lynch...


Jonathan Chevrier