[CRITIQUE] : Mon Mon Mon Monsters (Étrange Festival 2017)

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Giddens Ko
Acteurs : Deng Yu-kai, Kent Tsa, Carolyn Che, Eugenie Liu, Lin Pei-hsin,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Épouvante-Horreur, Comédie.
Nationalité : Taïwanais
Durée : 1h53min.
Synopsis :

​En séquestrant un monstre, des ados tyranniques ne se doutent pas de la sanglante réaction en chaîne qu’ils vont provoquer..

Critique :
On sait très bien que lorsque le cinéma asiatique se penche avec intérêt sur la jeunesse qui habite ses contrées, c'est rarement pour plonger tête la première dans le teen movie potache à forte tendance régressive, mais bien plus volontiers vers une pléthore de productions visant à critiquer férocement la bêtise qui anime des mômes pourris gâtés, nourris aux mangas et à la société 2.0.
Le vénéré - et vénère - Battle Royale de Kinji Fukasaku, pompé comme ce n'est pas permit depuis deux décennies (coucou USA), avait ouvert la voie de ses productions froide et nihiliste, cherchant à ouvrir les yeux sur l'état de son pays et le fossé existant entre les générations.


Moins violent et gore - et le mot est faible - que son illustre ainé nippon mais tout aussi important dans sa satire sociale drôle et inspirée sous fond de divertissement monstrueux, Mon Mon Mon Monsters est un constat inquiété et inquiétant sur la violence et l'autocentrisme d'une adolescence taïwanaise - qui peut très bien faire écho à celle occidentales - totalement livrée à elle-même, inconsciente (au point d'être justement, monstrueuse) et jamais vraiment encadré par des aînés dépassés (l'incompétence du système scolaire en tête).


Tout aussi furieux qu'il est intelligent et même parfois drôle, Giddens Ko joue avec les genres (le teen movie, le film de monstres, le drame social) et les apparences, et s'amuse comme un gosse à malmener son auditoire au sein d'une oeuvre surprenante autant dans son ton (entre rires et peur) que dans son propos et sa forme.
Une belle petite claque sous forme de gros doigt d'honneur qui aurait même mérité d'être plus décomplexé et trash.
La belle surprise de l'Étrange Festival est bien là.
Jonathan Chevrier