Ceci n’est pas une critique de « Mother! ».

Ceci n’est pas une critique de « Mother! ».

La première chose qui nous questionne à l'issue de la projection du nouveau Aronofsky, c'est de savoir comment la Paramount a pu accorder sa confiance à ce projet si dérangeant. Car en plus d'être une véritable prise de risque de la part d'un studio, Mother! est sans aucun doute ce qui s'est fait de plus dérangeant dans le courant du cinéma mainstream américain.

Il serait futile, pour cet article, de divulguer la moindre information supplémentaire allant au-delà de la promotion de ce film. Projet tenu " top secret " par la Paramount, le dernier film de Darren Aronofsky mérite à ce qu'on ne sache rien de ce qu'il raconte avant de se retrouver face à l'écran pendant deux heures. Par conséquent, on parlera ici de Mother! en tant que ressenti plutôt qu'une analyse interprétative que bon nombre semble s'y atteler.

Peu promu au sein des médias, malgré sa présentation à la Mostra de Venise et au Festival de Deauville accompagnée d'une projection destinée aux influenceurs Youtube (*soupir*), le défi d'en révéler très peu au grand public pour lui laisser une surprise totale s'avérait très houleuse à une époque où la moindre petite information peut fuiter sur les réseaux sociaux. Défi réussi compte tenu du fait que personne semblait s'attendre à un résultat final des plus déstabilisant.

Car Mother ! est une proposition de cinéma intégrale qui fera passer à chaque spectateur tel sentiment ou son contraire. On rira jaune devant Mother !, on rira de bon cœur aussi. On interprétera ce qu'il raconte d'une manière ou d'une autre. On tremblera d'effroi devant son imagerie choquante, parfois traumatisante, ou l'on s'ennuiera poliment devant que l'on pourrait considérer comme du grand-guignol prétentieux. A vrai dire, ce véritable objet filmique non-identifiable pourrait même vous rébuter dès lors que vous saurez que Jennifer Lawrence ou Javier Bardem figurent au casting. Ou alors, au contraire, ce sera l'unique raison qui vous persuadera à foncer vous installer sur un siège.

De sa promotion jusqu'à ce que la lumière de la salle fût rallumée à la fin, Darren Aronofsky m'aura provoqué des sentiments et des sensations en totale contradiction et c'est cela qui en fait une expérience si enrichissante, nouvelle et choquante. Sa non-communication n'en aura été que bénéfique pour ce film époustouflant qui ne laissera personne indifférent. Chapeau.

Victor Van De Kadsye