SYNOPSIS: Les créatures fantastiques n'ont jamais été aussi populaires qu'aujourd'hui, comme le prouvent les triomphes d'Avatar, Jurassic World, La Planète des singes ou Star Wars. Depuis les prémices du 7e art jusqu'aux dernières révolutions numériques, ce documentaire explore plus d'un siècle d'expérimentations dans le domaine des effets spéciaux, mettant ainsi en lumière, aux côtés des monstres les plus célèbres, la personnalité de leurs créateurs, véritables héritiers du Docteur Frankenstein. Le film célèbre un art unique, fragilisé par l'envol des nouvelles technologies numériques.
Si il prend pour argument de célébrer les monstres de cinéma et les artistes qui leur donnent vie à l'écran Le Complexe de Frankenstein est bien la chronique l'ascension et de la chute de cette génération de maquilleurs d'effets spéciaux vedettes des années 80 qui comme le dit le plus célèbre d'entre eux Rick Baker ( Le loup Garou de Londres) a connu l'âge d'or de la profession et l'a vu disparaître. En dehors de l'intervention de quelques réalisateurs qui ont travaillés avec eux comme John Landis ( Le loup Garou de Londres), Joe Dante ( Gremlins) ou Guillermo Del Toro et d'autres qui apportent leurs points de vue de fans comme Kevin Smith ou Christophe Gans le documentaire donne la vedette aux créateurs d'effets spéciaux. Ainsi quasiment tous les grands noms de la profession qui ont fait rêver des générations de lecteurs de Mad Movies ou de L'Écran Fantastique - à l'exception de Rob Bottin ( The Thing) retiré du métier et ne veut plus en entendre parler et Tom Savini (pour des raisons éditoriales car son œuvre est essentiellement gore) - défilent devant la caméra de Alexandre Poncet et Gilles Penso dans leurs ateliers au milieu de leurs créations : Steve Johnson ( Abyss), Greg Nicotero (Walking Dead), Dennis Muren ( T2, Jurassic Park), Alex Gillis et Tom Woodruff Jr . ( Aliens), Chris Walas ( Gremlins) , Matt Winston et John Rosengrant (qui interviennent au nom de feu Stan Winston), Mike Elizade ( Hellboy) et les frères Chiodo ( Critters). Le documentaire n'utilise quasiment pas d'extraits de films pour mieux mettre en vedette les créateurs plongeant au cœur des ateliers recueillant leurs anecdotes et nous donnant à voir des documents rarissimes auxquels ils ont eu accès en exclusivité : les tests de créatures pour Alien 3 ou Gremlins, la construction du T-Rex grandeur nature de Jurassic Park. Ils exhument également des documents d'époques incroyables comme ce dialogue entre John Landis et John Carpenter où Landis s'extasie sur le script de The Thing qu'il vient de lire et où Carpenter en évoque le tournage.
Au cœur du documentaire on trouve Phil Tippett dont le parcours est emblématique de celui de la profession qui est au cœur du film. Star du métier, grand spécialiste de la stop-motion - la technique d'animation image par image dont les pionniers furent Willis O'Brien ( King Kong) et bien sur Ray Harryhausen) - il est de toutes les aventures : de la saga Star Wars (il anime les walkers de L'Empire Contre-Attaque) à Robocop si bien que c'est vers lui que Steven Spielberg se tourne pour animer les dinosaures de Jurassic Park. Jusqu'à ce que des camarades de Tippett chez ILM montrent au réalisateur leurs animations en CGI (ironie du sort basées sur des scans des maquettes de Tippett ) qui vont convaincre le réalisateur des Dents de la Mer d'abandonner les animations image par image pour cette nouvelle technique. Tippett reste consultant et très impliqué sur le film malgré tout mais quand il vit la qualité des CGI il affirma " Nos jobs viennent de s'éteindre "( Phrase que Spielberg mettra dans la bouche de Jeff Goldblum au moment où il découvre les dinosaures). Le succès du film va changer définitivement l'industrie, bien que sur les quinze minutes montrant des dinosaures seulement six viennent des ordinateurs d' ILM (les neuf minutes restantes sont des animatroniques des studios de Stan Winston), les stars du latex et de l'animatronique sont supplantées par les ingénieurs et les pixels, les quelques " survivants " jadis starifiés sont pressés par les producteurs de réduire les coûts et les délais. Même employés ils voient parfois leur travail disparaître du résultat final comme le racontent Gillis et Woodruff Jr au sujet du prequel de The Thing, cruelle ironie quand on sait que le film de Carpenter fut le sommet de l'art des effets spéciaux de maquillage.
Le documentaire nous montre ainsi une interview commune à propos de Jurassic Park entre Phil Tippett et Steve 'Spaz' Williams qui réalisa les fameux tests en CGI. Les deux hommes sont devenus amis (avec le temps ils ne l'étaient évidemment pas DU TOUT à l'époque) et ironiquement la société de Phil Tippett s'est reconvertie dans l'animation numérique alors que Williams, pris de remords d'avoir ainsi bouleversé l'industrie) a abandonné les effets visuels pour devenir forgeron ! Nous recommandons la vision des suppléments qui sont aussi riches en anecdotes que le film lui-même. On y apprend entre autres que les auteurs ont été hébergés de longues semaines par Phil Tippett mais aussi par Rian Johnson ( Star Wars Les derniers Jedis) avec lequel Alexandre Poncet avait sympathisé lors de sa tournée promo pour Looper. Y sont présentés in extenso les entretiens du film mais aussi d'autres qui n'ont pu y être intégrés pour des raisons de qualité de prise de son comme cet échange entre Steve Johnson et le maquilleur de la série Buffy John Vulitch décédé récemment. Réalisés par des passionnés, Le Complexe de Frankenstein, est un passionnant voyage et une ode un peu nostalgique à une profession dont les techniques ont donné vie aux rêves et aux cauchemars de générations de cinéphiles.
DÉTAIL DES SUPPLÉMENTS :
BLU-RAY. Commentaire audio des réalisateurs Alexandre Poncet et Gilles Penso
. L'Odyssée de Frankenstein (55 mn)
. Artisanat numérique (15 mn)
. Bande originale du film
. Galerie photos
. Bande-annonce
DVD
. Dans l'antre de Rick Baker (9 mn)
. Dans l'antre de Tom Woodruff Jr. et Alex Gillis (13 mn)
. Vivre parmi les monstres : l'art de Kevin Yagher(14 mn)
. Papier Monsters : l'art de Charlie Chiodo (12 mn)
. La Mare aux Gremlins : rencontre avec Sacha Feiner (10 mn)
. Plus que des hommes, moins que des dieux : entretien avec Christophe Gans (36 mn)
. Conversation avec Steve Johnson et John Vulich (7 mn)
. Conversation avec Joe Dante et John Landis (6 mn)
. Q&A avec Joe Dante, Gilles Penso et Alexandre Poncet (19 mn)
. Masterclass de Guillermo Del Toro (22 mn)
Réalisé par: Alexandre Poncet, Gilles Penso
Genre: Documentaire
Distribué par: Carlotta Films