Se lever ce matin avec un "argh" de tristesse quand on apprend la mort de la doyenne des comédiens français. La merveilleuse Gisèle Casadesus nous a quitté ce 24 septembre à l'âge de 103 ans.
Née en 1914 à Paris au sein d'une famille d'artistes, elle est la fille de Henri Casadesus chef d'orchestre et compositeur et de Marie-Louise Beetz harpiste. Cette dernière d'origine juive est devenue une fervente protestante. Elle vit la première guerre mondiale cachée avecs on frère dans la cave de la domicile parisien. Elle vit une première expérience forte en accompagnant son père en tournée aux Etats-Unis alors qu'elle n'a que 14 ans. Elle développe un sens artistique indéniable mais, à contrario du reste de la famille elle penche plutôt pour la comédie.
Elle entre au Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique où elle reçoit à seulement 20 ans le Premier Prix de Comédie. Elle intègre aussitôt la Comédie Française en 1934, année charnière puisqu'elle épouse la même année le comédien Lucien Pascal avec qui elle aura 4 enfants.
1934, un début de carrière prolofique pendant laquelle elle joue dans pas moins de 11 pièces de théâtre et obtient déjà ses premiers rôles au cinéma. Elle apparait donc dans "L'Aventurier" (1934 - ci-dessous à gauche aux côtés de Blanche Montel) de Marcel L'Herbier où son rôle est déjà important aux côtés de Jean Marais alors inconnu.
Mais le théâtre reste sa priorité et pendant presque 10 ans elle délaisse le grand écran pour les planches en jouant dans plusieurs dizaines de pièces.
Elle devient Sociétaire de la Comédie Française, la 400ème nommée en 1939.
Elle apprend la Seconde Guerre Mondiale alors qu'elle est dans un paquebot de retour d'une tournée en Amérique du Sud avec la Comédie Française. Elle apprend par la même occasion que son époux est mobilisé.
Au fil des années elle gagne en reconnaissance et revient au cinéma dans "Vautrin" (1943 - ci-dessus) de Pierre Billon avec Michel Simon avant de retrouver le cinéaste pour "L'Homme au Chapeau Rond" (1946) avec Raimu.
Cette fois sa carrière au cinéma est bel et bien lancée même si elle sera moins prolifique et fructueuse qu'au théâtre qu'elle ne quittera jamais.
Citons encore "Les aventures de Casanova" (1947 - ci-dessous) de Jean Boyer et "Entre Onzes heures et Minuit" (1949) de Henri Decoin avec Madeleine Robinson et Louis Jouvet.
Gisèle Casadesus s'offre une second césure et revient essentiellement au théâtre mais aussi pour s'occuper de ses enfants. Malgré tout elle quitte la Comédie Française en 1962 avant d'être nommée Sociétaire Honoraire en 1967. Elle commence donc à jouer des pièces hors Comédie Française dès le milieu des années 60 pour revenir à des rares reprises au sein de la Maison.
Ci-dessous, avec son mari fin des années 50.
A la même période, après les planches et le cinéma elle ajoute une corde à son arc en jouant pour la télévision à partir de 1966 mais en ne quittant pas franchement ses premières amours puisqu'on la voit surtout dans l'émission "Au Théâtre ce soir" (1966-1975).
Elle revient sur grand écran avec le film "Verdict" (1974) de André Cayatte avec Jean Gabin et Sophia Loren ainsi que pour "Le Mouton Enragé" (1974) de Michel Deville avec Jean-Louis Trintignant et Romy Schneider.
Les années 70 restent la seule décennie où elle tournera plus pour le grand écran (et le petit) que pour le théâtre. On peut également citer les films "Une Femme Fidèle" (1976) de Roger Vadim et "Un Oursin dans la Poche" (1977) de Pascal Thomas.
Et, rebelotte, l'actrice retourne surtout au théâtre dans les années qui suivent avant de revenir dans les années 90 doucement. Elle participe au film "Hommes, Femmes Mode d'Emploi" (1996) de Claude Lelouch, elle joue dans le beau "Les Enfants du Marais" (1999) de Jean Becker et elle retrouve Pascal Thomas pour "La Dilettante" (1999).
Etonnament, on aura jamais vu Gisèle Casadesus aussi souvent qu'en ce début de 21ème siècle ! Le théâtre laisse sa place, 4 pièces seulement pour une vingtaine de films (sans compter le petit écran) soit un inversement assez inouï.
Citons "C'est le Bouquet !" (2002) de Jeanne Labrune, "Palais Royal" (2005) de et avec Valérie Lemercier, "Le Grand Appartement" (2006) de Pascal Thomas, "Le Hérisson" (2009) de Mona Achache avant de vraiment se montrer dans un premier vrai rôle principal à près de 100 ans dans e road movie "La Tête en Friche" (2010 - ci-dessous) de Jean Becker avec Gérard Depardieu.
On ne peut que se dire qu'il a fallu se rendre compte qu'on allait perdre une comédienne magnifique pour que, tout d'un coup, le cinéma fasse appel à elle ! Suit donc "Ces Amours-là" (2010) de Claude Lelouch, "Elle s'appelait Sarah" (2010) de Gilles Paquet-Brenner et "Week-ends" (2014 - ci-dessous) de Anne Villacèque pour ses 100 ans.
Elle joue dans sa dernière pièce en 2014, comme au cinéma tandis que son dernier rôle sera finalement pour le petit écran en 2017.
Elle reçoit un Molière d'Honneur en 2003 (à ajouter aux deux Molières pour un second rôle gagnés en 1993-1994).
Son époux, Lucien Pascal (de son vrai nom Probst) est décédé à l'âge de 100 ans en 2006 après 72 ans de mariage d'amour ! Leurs quatre enfants (Jean-Claude en 1935, Martine en 1939, Béatrice en 1942 et Dominique en 1954) sont tous des grands artistes unanimement reconnus essentiellement dans le monde de la musique.
La délicieuse Gisèle Casadesus nous a quitté ce dimanche 24 septembre 2017 à l'âge de 103 ans "paisiblement" et "entourée de ses proches" selon son fils Jean-Claude.