Taxi Driver (1976) de Martin Scorcese

LE film qui plaça définitivement le réalisateur Martin Scorcese au Panthéon du 7ème Art après 5 premiers films... Mais rappelons qu'il s'agit avant tout d'un film de commande d'après un scénario écrit par Paul Shrader qui venait de signer "Yakuza" (1975) de Sydney Pollack. Schrader a écrit en s'inspirant de sa vie privée d'abord, où au début des années 70 alors au creux de la vague il sombra dans l'alcoolisme et fréquenta les bas-fonds et les cinés porno, période où il rencontra une prostituée mineure qui inspirera d'ailleurs le personnage de Iris. Mais il s'inspira aussi du roman "L'Etranger" (1942) de Albert Camus qu'il transposa ainsi dans les rues de New-York, pour au final un scénario écrit en quelques jours (entre entre 5 et 15 jours selon les sources)... Au début les producteurs envisageait Robert Mulligan ("Du Silence et des Ombres" en 1962 et "Un Eté 42" en 1971) avec Jeff Bridges en Travis Bickle. Même Brian De Palma fut un temps intéressé par ce scénario "sensationnel". Finalement c'est Paul Schrader qui insista pour que le projet soit proposé à Scorcese et Robert De Niro pour le rôle principal. Pour le casting Scorcese pu compter sur des acteurs qu'il connait bien, lui et De Niro retrouve donc Harvey Keitel après "Mean Street" (1973), et Keitel et Scorcese retrouve également la très jeune Jodie Foster après "Alice n'est plus ici" (1975). En prime la présence de la belle Cybill Sheperd.

Taxi Driver (1976) de Martin Scorcese

Outre cette dernière cette équipe ouvre une voie royale, Scorcese tournera respectivement 8 films avec De Niro, 5 avec Keitel, les deux acteurs se retrouveront sur 8 films, le trio se retrouvera bientôt pour le film "The Irishman" (2018), sans compter Paul Shrader qui écrira encore 3 films pour le cinéaste, "Raging Bull" (1980, "La Dernière Tentation du Chrst" (1988) et "A Tombeau Ouvert" (1999)... Ce film s'avère être aussi un des prmeiers films traitant des syndrômes post-traumatiques de la guerre du Viêtnam, relié au fait que New-York est en 1976 doté d'un taux de criminalité parmi les plus élevés du monde "Taxi Driver" est une descente aux enfers qui est d'abord due à l'aliénation d'un homme par la solitude et sa marginalité. De Niro poussa son travail (Actor's Studio oblige !) entravaillant vraiment comme taxi pendant plusieurs semaines et étudia les différentes formes de maladies mentales. Outre la star l'autre soucis pointilleux du film réside dans la gestion d'une actrice aussi jeune que Jodie Foster (12 ans lors du tournage) pour un rôle aussi tendancieux. Cette dernière fut "formée" par une vraie prostituée (qui joue d'ailleurs son amie dans le film) et pour les scènes les plus compliquées la trop jeune Jodie fut doublée par sa soeur aînée Connie (21 ans) notamment pour la scène de danse avec Harvey Keitel. Scorcese usa aussi pas mal d'improvisation, la plus célèbre étant évidemment la mythique et cultissime séquence du miroir et sa réplique "You're talking to me". Cette scène est d'ailleurs symptomatique de la psychologie de Travis, un homme paumé qui vivote depuis son retour du front, qui ne sait plus vraiment comment vivre comme tout le monde et qui se trouve une "mission" qui lui permet de se sentir utile.

Taxi Driver (1976) de Martin Scorcese

De Niro offre une performance grandiose, comme ses partenaires comme Harvey Keitel en petit maquereau et évidemment Jodie Foster d'une maturité inouïe. A noter le double caméo de Scorcese lui-même. Le style est très réaliste, Scorcese nous immerge dans les bas-fonds new-yorkais avec délectation sans abuser non plus et sans être démonstratif, la crasse poisseuse et le gris ambiant suffit. Mais Scorcese offre aussi pas mal de plans sublimes souvent marquants et symboliques (le miroir of course, mais aussi la scène de la télé). Par contre le film pêche malheureusement par un final qui laisse perplexe, en effet comment peut-on croire que Travis s'en sortirai ainsi ?! Trop invraisemblable... La musique est signée du maestro Bernard Hermann, fidèle de Alfred Hitchcock ( de "Mais qui a tué Harry ?" en 1955 à "Pas de Printemps pour Marnie" en 1965 en passant par "Sueurs Froides" en 1958 et "Psychose" en 1960), compositeur qui ne verra malheureusement pas la fin puisqu'il meurt quelques temps avant la sortie du film. Le film lui est dédié... En tous cas "Taxi driver" signe la consécration pour Scorcese, De Niro, Keitel et Foster avec la Palme d'Or au Festival de Cannes 1976 et quatre nominations aux Oscars (Film, Acteur, second rôle féminin et Musique). Le film regroupe également les succès critique et public avec près de 30 millions de dollars au Box-Office monde pour 1,3 millions investis (dont 2,8 millions d'entrées France). "Taxi driver" s'impose d'emblée comme le premier vrai grand film de Scorcese au yeux du monde. Un film à voir et à conseiller.

Note :

Taxi Driver (1976) Martin ScorceseTaxi Driver (1976) Martin ScorceseTaxi Driver (1976) Martin ScorceseTaxi Driver (1976) Martin Scorcese