35 ans après, une suite au classique mythique "Blade Runner" (1982) de Ridley Scott lui-même adapté du roman "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?" (1966) de Philip K. Dick... Projet casse-gueule, ambitieux et audacieux tant le film de Scott a marqué les esprits et le 7ème Art tout entier. Rappelons tout de même que "Blade Runner" est clairement un des 4-5 meilleurs films de SF du cinéma ! Le projet est d'abord lancé, non pas par Ridley Scott, mais par la société Alcon Entertainmant qui détient les droits et qui avait annoncé dès 2011 vouloir faire une suite avec ou sans Ridley Scott. Heureusement ce dernier a rejoint le navire, ce qui en soit, assure un minimum de cohérence artistique en tant que producteur, tandis que le scénariste Hampton Fancher producteur-scénariste du premier "Blade Runner" (1982) ajoute à la continuité de l'oeuvre. Scott en profite pour placer en co-scénariste Michael Green déjà sur "Logan" (2017) de James Mangold et sur "Alien : Covenant" (2017) de Ridley Scott. En tous cas le reste de l'équipe prouve que tout a été mis en oeuvre pour que les choix soient au plus près de l'oeuvre originel.
Le coup de génie est surtout d'avoir choisit le réalisateur québécois Denis Villeneuve pour diriger tout ce petit monde. Depuis quelques années Villeneuve a prouvé qu'il était un grand avec des films comme "Prisoners" (2013), "Enemy" (2014), "Sicario" (2015) et un avant-goût de SF avec "Premier Contact" (2016). Le cinéaste impose le chef opérateur Roger Deakins (déjà sur "Sicario" et "Prisoners" et surtout fidèle des frères Coen). Reste le casting, avec de la stars bankables à plein régime, avec surtout le retour annoncé de Rick Deckard alias Harrison Ford. A ses côtés Ryan Gosling qui fait le grand écart avec classe après la comédie musicale "La La Land" (2017) de Damien Chazelle, mais aussi le caméléon Jared Leto, Dave Bautista qui délaisse "Les Gardiens de la Galaxie", et les charmes de Ana De Armas (qui passe un cap sans aucun doute avec ce film), Robin Wright et la merveilleuse Hiam Habbas qui joue là dans son premier blockbuster hollywoodien. En prime une Sylvia Hoeks (déjà éblouissante dans "The Best Offer" en 2014 de Giusseppe Tornatore) surprenante de présence. Est-ce qu'un film qui a révolutionné le 7ème Art et la Science-Fiction comme a pu le faire "2001 l'Odyssée de l'Espace" (1968) de Stanley Kubrick, et donc est-ce qu'un film comme "Blade Runner" avait besoin d'une suite ?! Certainement pas ! Néanmoins, maintenant que cette suite existe force est de constater que les critiques ont d'ores et déjà adoubé le film et que les premiers avis sur le film sont dithyrambiques. Alors que vaut vraiment ce film ?! Malheureusement ce film est nettement en-deça de l'oeuvre originel, mais dans le même temps ce film est une suite qui entre dans le panthéon des grandes suites. Analyser complètement le film reste problématique car on ne ferait que spoiler des points essentiels. Après un encart qui explique l'ellipse de plus de 30 ans entre la fin de "Blade Runner" et le début de "...2049" Denis Villeneuve nous plonge assez vite dans l'intrigue même tout en développant ensuite le nouvel univers "Blade Runner" 30 ans après.
Dans un futur post-apocalyptique les humains restent des maitres en sursis alors que les Réplicants sont de plus en plus évolués grâce notamment à Wallace (Jared Leto génial même si monotlithique) à la fois ennemi et allié des Réplicants. L'univers est en adéquation avec le premier film même s'il est plus riche, plus varié, plus étoffé, mais aussi rappelons-le plus en avance d'une trentaine d'années ! Logique et nécessaire donc... Avec son chef opérateur Roger Deakins le réalisateur offre un esthétisme parfaitement en accord avec le film de Scott, à la fois terrifiant, froid et très urbanisé et pollué. Plusieurs plans sublimes affirment le parti pris au design spectaculaire et envoûtant. Dans la forme Villeneuve signe donc un film de toute beauté en complète symbiose avec le premier film de Ridley Scott. Par contre on reste plus perplexe sur le fond. Si la thématique principale reste la même, à savoir réflexion sur l'humanité et la génétique, le cinéaste impose beaucoup moins de cynisme et de fatalité. Cette fois un espoir ou un sorte d'optimisme se dessine. L'enquête semble plus dense, moins linéaire mais dans le même temps le scénario offre assurément moins de dimension philosophique et/ou métaphysique. Finalement Villeneuve signe un film de SF beaucoup plus simple et universel. Ce constat est symptomatique du film, Villeneuve et Scott son producteur ont réussi un suivre à la lettre un cahier des charges impressionnant mais calibré pour une morale plus limpide et émotionnelle. D'ailleurs le film est également beaucoup plus bavard, mais sans pour autant offrir de passages marquants. Au contraire, on constate plutôt quelques maladresses, comme pourquoi laisser K vivant et/ou sans l'emmener ?! Illogique et invraisemblable. Si "Blade Runner 2049" est un magnifique film de SF il n'offre jamais de séquence culte ou iconique comme l'a fait le "Blade Runner" originel. Avec plus de 45mn de durée en plus Villeneuve n'en montre pas plus sur aucun paramètre si ce n'est qu'il signe un film de toute beauté et que malgré tout il est dans l'extension attendue et réussie du chef d'oeuvre de Scott.
Note :