Le projet est une idée du scénariste Richard Curtis qui le proposa tout naturellement au producteur Duncan Kenworthy qui se sont connus sur le film "Quatre Mariages et un Enterrement" (1994) de Mike Newell qui fut un énorme succès. Et c'est tout aussi naturellement que les deux hommes demandèrent au réalisateur Mike Newell et à l'acteur Hugh Grant de participer au film. Si Hugh Grant accepta le réalisateur Mike Newell préféra se lancer sur un autre film, "Les Aiguilleurs" (1999)... C'est Kenworthy qui pensa alors au réalisateur Roger Michell qui ne tourna jusqu'ici que deux longs métrages, futur réalisateur de "Morning Glory" (2011), "Week-End Royal" (2013) et "My Cousin Rachel" (2017).. Hugh Grant interprète donc un petit boutiquier de Notting Hill qui va croiser la route d'une star de cinéma très connue qui est jouée par Julia Roberts dans ce qui pourrait être son propre rôle et en même temps dans une position diamétralement opposée à celui qui l'a rendu célèbre, "Pretty Woman" (1990) de Garry Marshall.
A leurs côtés une ribambelle de seconds rôles excellents dont le colocataire "bizarre" joué par l'excellent Rhys Ifans dont le rôle fera date et qui retrouvera Richard Curtis dans "Good Morning England" (2009), ainsi que l'acteur Alec Baldwin qui se retrouve un peu l'égal de Julia Roberts, star de cinéma dans son "presque" propre rôle (non crédité) et, pour l'anecdote, qui a en commun avec sa partenaire d'avoir débuté également en 1987 avant de devenir une star la même année, lui avec le très bon "A la poursuite d'Octobre Rouge" (1990) de John McTiernan. A noter également que le quartier de Notting Hill est le lieu où habite le scénariste Richard Curtis et que les décors sont mis en valeur par le travail du prestigieux chef décorateur Stuart Craig, chef décorateur oscarisé pour "Ghandi" (1982) de Richard Attenborough, "Les Liaisons Dangereuses" (1988) de Stephen Frears et "Le Patient Anglais" (1997) de Anthony Minghella... Finalement la trame reprend l'histoire éculée du prince et de la belle à l'inverse et devient la star et le prolétaire. Le film débute avec une invraisemblance toute bête, comment croire que le boutiquier ne connaisse pas une star apparemment hyper connue (il est le seul à ne pas savoir qui elle est) dont la tête s'affiche absolument partout en ville (bus, mur, magazine...) ?! Il aurait peut-être fallu moins insister sur la médiatisation de la star ou choisir un domaine moins omniprésent peut-être. Néanmoins la sauce prend grâce à l'air lunaire de Hugh Grant et à la jolie osmose entre les deux acteurs.
Il est évident que le personnage de Anna Scott a dû faire écho à Julia Roberts et en même temps quelques passages ne sentent pas le naturel ou, du moins, sont un peu trop insistants comme quand Anna Scott affirme qu'elle désire une vie simple et hors médias. Dans le même genre on peut rester perplexe devant le côté sado-maso du boutiquier quasiment soumis aux desiderata de la star. A y regarder de plus près le film est une excellente comédie grâce aux seconds rôles et non pas à son couple de stars. En effet, Julia Roberts en guerre contre l'hyper médiatisation et son boutiquier tout ce qu'il y a de plus normal offrent une romance très classique et sans réelle surprise. Par contre la famille "normale" et particulièrement touchante du boutiquier, le collègue "l'air de ne pas y toucher" et surtout le colocataire (cultissime Rhys Ifans !) emportent largement et de loin l'adhésion, ils sont à eux seuls les vrais plaisirs du film, autant dans l'humour que dans l'émotion. Ajouter à eux quelques petits détails comme la chasse à courre où des noms d'emprunt "animés" et on a une comédie romantique de grande qualité, divertissante et drôle à défaut d'être un réel chef d'oeuvre. En effet, si c'est un très beau film il est aussi un peu surestimé généralement. Ca reste une gourmandise tout à fait plaisante à voir et à revoir. Le scénariste Richard Curtis écrira encore le scénario d'une comédie culte, "Le Journal de Bridget Jones" (2001) de Sharon Maguire avant de réaliser lui-même avec son premier long métrage qui sera l'excellent "Love Actually" (2003)...
Note :