Film connu sous le titre original "In Old Oklahoma" et sous le titre plus rare de "War of the Wildcats", s'il s'agit d'un western l'histoire se situe au début du 20ème siècle, les indiens vivent dans des réserves, la conquête de l'Ouest est officiellement terminée, les duels font partie de la légende et le cinéma s'est déjà approprié l'Histoire... Toujours bien ancré dans le far-west pourtant cette fois pas d'exploration plus à l'Ouest, pas de guerres indiennes et pas de ruée vers l'or. Non, à l'aube du 20ème siècle le nouvel eldorado de l'Ouest est le pétrole qui ouvre une nouvelle guerre de l'Or Noir. Ecrit par un duo de scénaristes inédit, avec Ethel Hill expérimenté et en fin de carrière (depuis 1914) associé au jeune Eleanore Griffin qui a connu la reconnaissance avec "Des Hommes sont nés" (1938) de Norman Taurog. Les deux scénaristes travaillent ainsi sur une histoire imaginée par Thomson Burtis (écrivain d'abord spécialiste de Science-Fiction) et nous plongent ainsi dans une histoire encore toute récente en 1943.
Nous suivons donc deux hommes et une femme, l'un est riche et prospecteur de pétrole, l'autre est un cow-boy à l'ancienne qui vit au jour le jour avec entre eux une belle institutrice qui se rêve écrivaine émancipée. Si le trio amoureux avec un bon et un gentil est un canevas éculé dans le western en particulier, le scénario est fort sur deux points essentiels. Le premier, il s'agit d'un western dont le trésor est une nouvelle source d'énergie et le second place mine de rien un message féministe avec une héroïne qui en perd son latin. Notons en prime qu'il s'agit là aussi d'un des premiers westerns à montrer les indiens sous un jour pacifique et compréhensif... Le prospecteur riche est joué par Albert Dekker, peu connu du grand public mais acteur solide qu'on a pu voir dans "Les Tueurs" (1946) de Robert Siodmak ou "Soudain l'été dernier" (1959) de J.L. Mankiewicz. Le cow-boy est joué par John Wayne, déjà expérimenté mais star depuis peu avec "La Chevauchée Fantastique" (1939) de John Ford. L'institutrice est interprétée par la jolie Martha Scott qui, pour l'anecdote, sera deux fois la maman de Charlton Heston dans "Les 10 Commandements" (1956) de Cecil B. De Mille et "Ben-Hur" (1959) de Wylliam Wyller. Le pétrole remplace donc butin de banque ou Or jaune et apparaissent les premières voitures mais le film garde bien les paramètres du genre avec chevaux, armes à feu et stetson. L'intrigue est classique sur l'action même, avec une dernière partie explosive et prenante (d'où le titre français !) qui a été millimétrée et dirigée par le célèbre Yakima Canutt (le plus célèbre des cascadeurs qui aura œuvré dans plus de 250 films de 1915 à 1975 ! Célèbre également pour ses avancées dans le domaine notamment dans la sécurité) mais le film gagne également grâce à la valeur du rôle féminin.
En effet, le personnage de Catherine Elizabeth Allen (magnifique Martha Scott) est une jeune institutrice qui se veut émancipée du joug patriarcal autant que du joug des Ligues de Vertu. Elle a été publiée de son premier roman qui doit semble-t-il l'y aider mais le cow-boy se moque bien du contenu qui reste semé de clichés romantiques. Au fil du récit on comprend qu'elle veut être libre et indépendante mais dans le même temps elle reste attachée au mariage et aux traditions jusqu'à penser à un éventuel chaperon avant d'aller se promener avec un homme ! Si cela peut paraître ridicule aujourd'hui voire agaçant, replacé dans le contexte des années 1900-1910 ce personnage reste de loin le plus intéressant du film. Engoncée dans une époque de transition et de forte évolution sociétale cette femme reste elle-même un peu perdue, partagée entre des siècles de traditions et l'opportunité d'être son propre chef, le tout empoisonné par une certaine idée du besoin matériel ! En plus de cela on peut saluer le traitement de l'évolution même de Cathy Allen et de ses sentiments envers les deux hommes. Un western trop souvent sous-estimé, qui allie merveilleusement bien action-humour-romance avec des propos de fonds loin d'être anodins. Un très bon film.
Note :