Tiré d'une histoire vraie, et donc à ne pas confondre avec "Le Château de Verre" (1950) de René Clément, ce film est adapté du livre éponyme (2005) de Jeannette Walls qui y raconte son enfance particulière avec des parents particuliers. Un père ivrogne plus ou moins inventeur râté qui veut élever ses enfants hors des sentiers battus et une mère artiste râtée plus ou moins soumise à son homme, le couple étant toujours en fuite pour échapper aux services sociaux et aux créanciers... Evidemment on remarque de fortes similitudes avec le film "Captain Fantastic" (2016) de Matt Ross où un père élevait ses enfants hors système avec un retour à la nature. Jeannette Walls est incarnée par l'actrice Brie Larson qui retrouve ainsi son réalisateur Destin Daniel Cretton du film "States of Grace" (2014). Les parents sont interprétés par l'excellent Woody Harrelson qui retrouve lui aussi Brie Larson après le film "Rampart" (2013) de Oren Moverman, ainsi que par Naomi Watts qui a, pour l'anecdote, un point commun avec sa "fille" Brie Larson à savoir qu'elles ont toutes les deux rencontré le roi des singes : Naomi Watts dans "King Kong" (2005) de Peter Jackson et Brie Larson dans "Kong : Skull Island" (2017) de Jordan Vogt-Roberts. Il est amusant surtout de noter les jeunes comédiens Shree Crooks et Charlie Shotwell qui jouent les jeunes frère et sœur, rôles qu'ils connaissent bien pour l'avoir déjà été dans... "Captain Fantastic" ! Ça ne s'invente pas...
Le film alterne entre le passé (l'enfance entre 5 et 18 ans environ) et le présent (environ 35 ans), ou comment Jeannette se voit contrainte de se remémorer son enfance avec des parents excentriques jusqu'au moment où celle-ci, ses deux sœurs et son frère décident de se prendre eux-mêmes en main pour aller à l'école et prévoir leur avenir. Le film est intéressant car tout est fait pour nous montrer une famille aimante malgré les soucis et la démission passive des parents, tout est fait pour qu'on ressente surtout de l'empathie pour les parents et surtout pour le père, véritable patriarche libertaire mais, en y regardant de plus près, cette empathie est d'abord celui d'une fille pour ses parents. Finalement cette histoire est une déclaration d'amour touchante mais loin d'être une comédie, le cinéaste signe un film moins léger que "Capitaine Fantastic" et réalise surtout un mélo loin d'être agréable de bout en bout.
En effet, quand les enfants sont jeunes et les parents encore "présents" par la force des choses on s'imagine sans mal que des enfants de moins de 8-9 ans ont dû prendre leur quotidien comme des vacances perpétuelles. Mais au fil du temps les enfants réfléchissent par eux-mêmes (là reste sans doute la plus belle réussite des parents !) et décident que leurs parents sont inaptes voire incompétents. En tant que spectateur on acquiesce et on ajoutera complètement dotés d'un égoïsme et d'un narcissisme assez inouïs ! Au final, on reste assez perplexe car doit-on se placer vis-à-vis de Jeannette ou comme un tiers ?! Force est de constater que Destin Daniel Cretton a été fidèle au livre et donc à la vision de Jeannette Walls, et donc le film, malgré sa mélancolie et les détails peu reluisants des parents, reste un très beau film d'amour filial. Si, par contre, ce point de vue nous est difficile, le film reste une chronique plus proche du drame social que de la comédie familiale. Woody Harrelson est un père charismatique, sans doute intelligent mais lâche et trop imbu de sa personne pour s'en rendre compte et l'acteur l'incarne avec justesse. Naomi Watts est une mère égoïste et tout aussi irresponsable, soumise au génie qu'elle croit voir dans son époux. La révélation finale (qu'on devine bien avant après un gros indice) finit de nous confirmer la bêtise et l'inconstante de ce couple malgré les belles idées utopiques qu'ils ont voulu inculquer à leurs enfants sans s'en donner pour autant les moyens. En conclusion, on a du mal avec cette empathie que ces parents ne méritent pas franchement, mais on doit aussi accepter la vision naturelle d'une enfant qui aime ses parents même aussi "extravagants" pour rester dans la mesure qu'apprécierait sans doute Jeannette Walls.
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