Dépeindre de manière réaliste son personnage

Par William Potillion @scenarmag

Pour bien décrire la personnalité d’un personnage, il faut non seulement connaître la cause des traits majeurs de sa personnalité mais aussi comment ces traits de personnalité se manifestent dans le présent de la narration.

Comportements et attitudes

Lorsque vous avez identifié les principaux attributs de votre personnage (ses qualités autant que ses défauts), il devient plus facile de savoir comment il réagira (et non pas comment il devrait réagir) dans un nombre varié de situations.

Dans des circonstances inattendues, cela peut être particulièrement intéressant puisque justement, la réponse du personnage doit être immédiate, si ce n’est instinctive. Il existe effectivement des situations où la raison, l’intelligence d’un personnage est dépassée par les émotions.

Ce qui est intéressant aussi est que si vous placez plusieurs personnages dans une même situation, chacun d’entre eux réagira à sa manière, bien différente des autres. On pourrait admettre que puisque deux personnages possèdent une même qualité (ou défaut), il devrait normalement répondre de la même façon lorsqu’ils sont tous deux jetés dans les mêmes circonstances.
C’est oublier qu’un personnage se définit selon une combinaison de traits de caractère. Tout comme dans la vie réelle, deux personnes peuvent avoir en commun certains traits dans leur personnalité, mais il est impossible qu’elles aient vécu toutes deux les mêmes expériences. De ce fait, leurs personnalités respectives ne seront jamais identiques puisque même si elles se différencient par ne serait-ce qu’un seul point, le tout ne sera pas égale à la somme des parties qui le composent.

Les options à la portée de l’auteur pour construire une réponse pour l’un de ses personnages sont nombreuses. Pour chaque attribut que possède un personnage, il existe une quantité de comportements et attitudes possibles.
Il est plus simple ainsi de réfléchir à comment le personnage peut répondre selon les besoins de l’intrigue.

L’intériorité du personnage

Il est important de se souvenir qu’un personnage n’est pas toujours honnête. Ni envers autrui, ni envers lui-même.
Par exemple, votre personnage pourrait être un être docile soit parce qu’il croit que cela lui apporte une certaine paix de l’âme, soit parce qu’il vit dans un environnement où cette caractéristique de docilité est reconnue et valorisée.

Mais cela ne prouve en rien sa véritable nature. Parce que cela pourrait cacher un besoin d’insoumission qui lui correspond vraiment. Il est conciliant de l’extérieur.
Mais en dedans de lui, il se livre une véritable guerre entre céder à la pression d’autrui qui ordonne en quelque sorte sa vie et un profond ressentiment envers ceux qui lui dictent sa conduite.

De manière générale, cette lutte personnelle est souvent celle de la raison contre la passion. Un individu est foncièrement animé de passions souvent désastreuses pour lui qu’il cache sous une persona (c’est-à-dire l’image qu’il renvoie de lui-même aux autres).

Ainsi, pour démontrer au lecteur la personnalité authentique d’un personnage, il vaut mieux connaître au préalable ses pensées intimes qui vont venir contraster ses comportements et attitudes. Ou du moins expliquer ceux-ci.
Puisque le lecteur ne perçoit du personnage que ce qu’il en voit. S’agissant d’un scénario, il ne peut pénétrer son esprit. Il faut lui montrer.

L’émotion

L’émotion est un facteur crucial  dans la réaction d’un personnage. Dans une même situation, un individu submergé par la joie ou dans un état de profond désespoir réagira différemment.

Et puis l’émotion s’infiltre partout. Par exemple, votre personnage est-il très démonstratif ou plutôt réservé ? Est-il comme un caméléon qui s’adapte à son interlocuteur ?
Y a t-il des émotions qu’il cache ? Tout le monde n’est pas à l’aise à montrer ses sentiments.
Connaître la puissance que les émotions ont sur un personnage peut aider l’auteur à communiquer sur les sentiments de ce dernier d’une manière authentique.

La négativité

Toute qualité devrait avoir un pendant négatif. Et réciproquement. Un attribut quelconque ne peut être purement positif. Considérons un personnage très loyal envers ses amis. Cette dévotion particulière pourrait l’entraîner à supporter des motivations ou des actions qui seraient pour le moins questionnables.
Une vertu ne peut être exposée seule sans qu’un vice ne vienne perturber le bon déroulement des choses.

En utilisant à la fois une qualité et un défaut contrariant ou comme effet de cette qualité, l’auteur approfondit la personnalité de son personnage et le rend plus crédible auprès du lecteur.