Aucun auteur ne souhaite voir son personnage principal errer comme une âme en peine tout au long de la narration. Pour éviter ceci, il est bon de lui donner une intention dans chaque scène où il se trouve (c’est-à-dire la plupart des scènes qui composent la fiction).
Pour justifier ainsi sa présence dans une scène, l’auteur donne à son personnage un but. Cette intention cependant ne tombe pas de l’éther. Elle se source d’abord par la situation globale que présente la fiction. Si les personnages doivent faire face à une pandémie, par exemple, cette situation occupe les pensées des personnages. Mais les circonstances globales ne sont pas les seules à orienter les intentions des personnages.
Le passé personnel de ceux-ci entrent aussi en ligne de compte.
Une intention est ce que planifie de faire un personnage. Une motivation est différente. La motivation s’explique par une série de raisons que l’on peut expliciter en fouillant dans le passé du personnage, de son humeur du moment lorsqu’il est dans une scène particulière…
Cette motivation donne le pourquoi de ce que planifie de faire un personnage. Et l’intention retenue orientera non seulement l’action dans une scène mais aussi les conséquences qui en découleront. Autrement dit, l’intention aide l’auteur à développer ses personnages tout en étayant son intrigue.
L’intention est un outil dramatique
Elle permet de construire le conflit (l’essence de la fiction) parce que le protagoniste s’accroche à son intention. Celle-ci sera contestée, contredite, réfutée… Il devra la défendre. Cela intensifiera son désir de mener à bien ce qu’il a planifié et peut-être obtiendra-t-il satisfaction mais rien n’est moins sûr.
Le brainstorming préalable à l’écriture d’une scène est de se demander ce que veut votre protagoniste dans cette scène (son désir) mais aussi quel besoin (peut-être inconscient) a t-il besoin d’affirmer et bien sûr ce qu’il compte faire dans cette scène particulière.
Quels sont ses désirs les plus immédiats ?
Lorsqu’il entre dans une scène, le personnage a prévu de faire quelque chose. Il veut obtenir quelque chose. Par exemple, une scène peut être justifiée parce que la sœur de votre héroïne à laquelle elle avait confié sa fille de 8 ans parce qu’elle était appelée sur la scène d’un crime a décidé d’emmener la gamine dans ses délires personnels qui ne sont pas du tout de l’âge d’une enfant.
Il est clair que votre héroïne ne peut l’accepter. Une dispute aura alors lieu pour bien asseoir cette information avec pour conséquences, une rupture qui sera consommée plus tard dans l’histoire.
Et si l’on veut parfaire le tout, cette séparation servira les desseins de l’intrigue.
A quel moment l’intention du personnage devra-t-elle être satisfaite ?
Pour bien fonder la chose dramatique, il est nécessaire que le conflit s’exhale le plus souvent possible. L’intention d’un personnage dans une scène devra être contrariée. Il ne peut obtenir immédiatement ce qu’il veut.
L’intention doit rencontrer une opposition ou des complications qui construisent le drame et le suspense.
Néanmoins, l’intrigue possède un mouvement. Ce qui anime cet élan est que le héros parvienne à résoudre certaines choses. Il ne faut donc pas systématiquement lui refuser ce qu’il souhaite obtenir. Il suffit seulement de savoir à quel moment de l’histoire, l’intention dont il a fait montre dans une scène et dont il n’a pu se repaître doit être accomplie.
Est-ce que l’intention manifestée dans une scène s’accorde avec l’intrigue ?
Il y a une intrigue principale et peut-être quelques intrigues secondaires. Les intentions exprimées dans les scènes doivent faire sens avec l’une ou l’autre de ces intrigues.
Il faut se méfier des digressions. L’histoire expose une situation globale. Les intentions de Roméo et Juliette sont de pouvoir s’aimer malgré la farouche opposition de leurs familles respectives. Ce sont les circonstances dans lesquelles l’histoire se déroule.
Qui gravitent autour du héros ?
Il y a ceux qui vont l’aider à réussir sa mission dans l’histoire et il y a ceux qui ne souhaitent pas le voir accomplir ce qu’il désire pourtant le plus au monde.
L’auteur doit décider des personnages ou bien des conditions qui supporteront ou au contraire vont venir contrecarrer ou freiner ou tenter d’empêcher le héros de réussir. En d’autres mots, ceux que les intentions du héros fascinent et ceux qu’elles horripilent.
Gardez à l’esprit que le personnage principal rencontrera très souvent une opposition dans les scènes où il apparaît. Il vaut mieux retarder l’accomplissement de la volonté du héros que de satisfaire trop facilement à ses désirs.
Néanmoins, il ne faut pas non plus différer ad vitam aeternam ce qu’il veut parce que vous perdrez en réalisme.