[1 CINÉPHILE = 1 FILM CULTE] : Her

[1 CINÉPHILE = 1 FILM CULTE] : Her
#11. Her de Spike Jonze (2014)
"Je n'ai jamais vraiment été ébahi plus que cela par le cinéma pourtant précieux de Spike Jonze, même si je reconnais la singularité évidente qui émane de ses premiers essais (Max et les Maximonstres en tête), ainsi que la richesse de son univers aussi décalé que profondément naturel.
Mais malgré cela, Her est peut-être l'un des seuls films m'ayant autant touché dans une salle obscure, l'une des seules expériences ou j'ai sincèrement eu l'impression que le cinéaste me saluait du bout de sa caméra, me tapotait gentiment sur l'épaule pour mieux me rassurer et m'embarquer dans une valse des sentiments ou je me perdrais au moins autant que je m'y retrouverais au final.
Quand Jonze narre les aléas d'un doux rêveur banal, déchiré par l'un des maux les plus destructeur du quotidien - le deuil sentimental -, vivant dans le regret d'avoir eu trop peur d'avancer sentimentalement avec l'être - supposément - élue, effrayer par tout ressenti (à tel point que son job est même d'écrire des lettres d'amour pour les autres, sans qu'il n'est lui même la force de dire ses mêmes mots), c'est un peu comme s'il faisait volontairement écho à une époque vraiment douloureuse de mon existence - la sur-présence d'Arcade Fire en prime.
Une période ou je fuyais toute histoire amoureuse par peur d'engagement suite évidemment hein) à une rupture douloureuse, ou je me refugiais dans l'écriture (de poèmes...) pour exprimer des mots que je n'étais plus capable d'exprimer autrement que sur papier.

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Une époque ou, comme Théodore, j'étais bêtement renfermé sur moi-même et ou je ne vivais pas pleinement ma vie, un mal universel qui nous touche tous un jour ou l'autre, plus durement chez certains que d'autres.
En revanche, je n'ai pas été sauvé par la présence improbable de Siri dans mon quotidien (même si un IPhone, ça prend sacrément sa place dans une existence), mais bien la présence salutaire d'une bande d'amis solide, qui m'a aidé à attendre que l'éclaircit pointe le bout de son nez après la pluie.
Des amis et quelques films donc... dont Her, bien plus une romance des temps moderne faisant fit des normes sociétaires ou même des obstacles séparant l'être humain et une intelligence artificielle, qu'un vrai pamphlet technologique puisque la vraie intention du film est bien ailleurs que dans la solitude et l'individualisme que celle-ci engendre (et ce, même s'il nous met d'une certaine manière, en garde contre nos propres inventions).
C'est dans ses questionnements existentiels et ses élans romanesques puissants que le film tire véritablement toute sa force, en décryptant justement la relation amoureuse dans sa forme la plus classique : de l'excitation de la première rencontre au premier rapport sexuel, du premier je t'aime à la première dispute, de l'épanouissement commun à la possibilité de grandir ensemble, et à la volonté de bâtir un futur ensemble jusqu'au douloureux deuil de la séparation...
Ancré dans un réalisme follement enivrant via un propos profondément contemporain - soit l'aliénation de toute sociabilité et de lien humain par les nouvelles technologies et les réseaux sociaux -, le cinéaste explose les barrières de la rationalisation des émotions, s'autorise tout et démontre qu'il n'y a point de conditions ni de règles pour catégoriser les sentiments et encore moins les relations amoureuses, et que l'on est tous capable d'aimer tout le monde, et tout à la fois, même l'impensable (Theodore et Samantha semblent toujours fait l'un pour l'autre sans que jamais rien ne vienne en contredire cette sincérité, puisque l'OS même qu'elle incarne, est une réelle conscience qui répond au mieux au besoin de Théodore).

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Impossible alors après vision, pour toute âme naïve et fragile, de ne pas avoir envie de croire en nouveau à l'amour, de se séparer de l'étreinte asphyxiante de la solitude et de la mélancolie, même si la quête initiatique à arpenter est loin d'être de tout repos.
Au moins autant que la vie, Her m'a encore plus fait réaliser que la magie de l'amour parfait n'existe pas, que les silences et les blancs ne sont jamais embarrassants et qu'à chaque tragédie sentimentale, nous avons toujours la force en nous pour nous en sortir (même s'il faut la chercher très, très loin).
Question pansement sentimental sur pellicule façon romance douloureuse qui pousse à l'introspection, on n'a pas fait mieux avec 500 Days of Summer. "

Jonathan Chevrier
Plus ou moins fils spirituel du Dude et du Zohan réunis, cinéphile/cinévore/cinémaniaque convaincu depuis mon premier battement de cils, je voue un culte sans borne à Sylvester Stallone. Biberonné aux séries B, les salles obscures sont mes secondes maisons et je fonds comme un vampire au soleil sans ma dose quotidienne de bonnes péloches.
Blog : Fucking Cinephiles
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