SYNOPSIS: Max est traiteur depuis trente ans. Des fêtes il en a organisé des centaines, il est même un peu au bout du parcours. Aujourd'hui c'est un sublime mariage dans un château du 17ème siècle, un de plus, celui de Pierre et Héléna. Comme d'habitude, Max a tout coordonné : il a recruté sa brigade de serveurs, de cuisiniers, de plongeurs, il a conseillé un photographe, réservé l'orchestre, arrangé la décoration florale, bref tous les ingrédients sont réunis pour que cette fête soit réussie... Mais la loi des séries va venir bouleverser un planning sur le fil où chaque moment de bonheur et d'émotion risque de se transformer en désastre ou en chaos. Des préparatifs jusqu'à l'aube, nous allons vivre les coulisses de cette soirée à travers le regard de ceux qui travaillent et qui devront compter sur leur unique qualité commune : Le sens de la fête.
Eric Toledano et Olivier Nakache sont les rois du pétrole de la comédie française depuis le carton historique d' Intouchables. Après un Samba versant tragi-comique très réussi, ils reviennent avec Le Sens de la Fête, une nouvelle comédie, plongée irrésistible dans les coulisses d'une soirée de mariage vu du côté des employés chargés de faire en sorte que chacun vive un moment inoubliable. En choisissant ce sujet à la fois populaire et sociétal et en tendant un miroir à leurs spectateurs qui ne manqueront pas de s'identifier à l'un ou l'autre des protagonistes, les deux réalisateurs continuent de poser leur regard pointu sur les travers de leurs contemporains et leur loupe grossissante permet de mettre en lumière ce qui nous fera rire tout en y ajoutant leur propension à laisser percer l'émotion de façon assez subtile.
Dans la droite lignée de leurs travaux précédents, le duo de réalisateurs cisèle un scénario, véritable mécanique de précision, reposant autant sur la qualité des dialogues, la caractérisation de leurs personnages et l'homogénéité de leur distribution où chacun, que ce soit collectivement ou en binôme, s'en donne à cœur joie dans un délicieux jeu de massacre qui voit tout partir à veau-l'eau. Sans que leur scénario soit d'une originalité folle, c'est le traitement qu'ils y apposent qui en fait tout le prix et la différence, ainsi que leur sens du tempo et de la mélodie qu'ils parviennent à faire jouer à leurs comédiens. Il y a réellement une musique Toledano-Nakache comme il y a une musique Francis Veber ou Michel Audiard , une musique que des auteurs couchent sur le papier et font ressortir dans la bouche de leur interprètes avec une vraie justesse de ton. La construction de leur récit est parfaitement agencée et on assiste quasiment à un ballet d'une confondante fluidité, où quand un personnage sort du cadre un autre y entre sans que jamais on ne soit désorienté. Avec Intouchables, Toledano-Nakache avaient fait un focus sur un duo, élargi à un quatuor dans Samba et cette fois c'est une bonne douzaine de personnages dont on va suivre les pérégrinations dans un exercice d'équilibriste parfait où chacun a son moment et son espace permettant de faire ressortir en creux l'humanité de leurs personnages.
Construit autour de la personnalité de Jean-Pierre Bacri (qui a participé au scénario aux cotés de Eric Toledano et Olivier Nakache ), le film lui offre un écrin où son côté râleur peut s'exprimer pour notre plus grand plaisir. Si on l'a déjà vu jouer sur cette tonalité, le comédien n'en est pas moins bon, il multiplie les saillies hilarantes, le ton hésitant, en voulant donner l'air qu'il continue de tout maîtriser alors que tout se délite autour de lui. Autour de Bacri donc c'est le retour de Jean-Paul Rouve irrésistible en photographe plus intéressé par le buffet que par son boulot, Gilles Lellouche surprenant en chanteur qui s'y croit, Vincent Macaigne touchant en serveur amoureux et dépressif... William Lebghil, Kevin Azaïs, Suzanne Clément, Judith Chemla, Hélène Vincent, Benjamin Lavernhe sont aussi là pour des scènes où ils ne sont jamais réduits à des caméos et où leurs personnages de chair et de sang existent vraiment. À l'écran, c'est un festival de gags sans aucun temps morts, et on n'est pas prêts d'oublier la formidable énergie et la personnalité de feu de Eye Haidara ainsi que le côté lunaire et gaffeur d'un Alban Ivanov exceptionnel. Comme toujours dans leur cinéma Toledano et Nakache laissent aussi poindre l'émotion et nous chopent littéralement dans une fin en forme de feu d'artifices emballante. Si Le Sens de la Fête manque peut-être un peu d'aspérités, cette manière de filmer le chaos dans une ambiance paradoxale de fête est réjouissante. Et si on vante souvent l'écriture des deux réalisateurs, il faut louer aussi leur sens du cadre, du rythme, de l'image, de la mise en scène dans son ensemble. Ils ont atteint un niveau stratosphérique dans l'art de la comédie grand public et d'auteur. Ils sont désormais réellement intouchables.
Titre Original: LE SENS DE LA FÊTE
Réalisé par: ERIC TOLEDANO et OLIVIER NAKACHE
Casting: Jean-Pierre Bacri, Vincent Macaigne, Suzanne Clément,
Jean-Paul Rouve, Gilles Lellouche, Alban Ivanov ...
Genre: Comédie
Sortie le: 04 Octobre 2017
Distribué par: Gaumont Distribution