Le duo Eric Toledano et Olivier Nakache, réalisateurs-scénaristes devenus une référence depuis leur carton "Intouchables" (2011) reviennent à la comédie après un passage dans une registre un peu plus sérieux avec "Samba" (2014). Rien de bien surprenant dans le genre mais également rien de surprenant dans leur projet puisque leur histoire n'est qu'un mariage, où comment un traiteur va vivre cette organisation haut de gamme. Un sous-genre en soi, rien qu'en France on peut citer "Mariage !" (2004) de Valérie Guignabodet, "Plan de Table" (2012) de Christelle Raynal et dernièrement "Jour J" (2017) de Reem Kherici. Certe on va nous dire que la plupart des films de mariage se raconte du point de vue des invités, ce qui n'est par exemple pas le cas pour "Jour J" et surtout, il n'en demeure pas moins qu'on voit d'avance comment cela va se passer. Outre le mariage c'est aussi un film choral avec de nombreux protagonistes.
Le patron est joué par l'excellent Jean-Pierre Bacri qui passe des obsèques au mariage après "Grand Froid" (2017) de Gérard Pautonnier, parmi ses employés on peut citer Jean-Paul Rouve, Gilles Lellouche, Vincent Macaigne, Suzanne Clément (en salle aussi en ce moment dans le film "Espèces Menacées" de Gilles Bourdos), Kevin Azaïs révélation de "Les Combattants" (2014) de Thomas Cailley, Alban Ivanov, William Lebghil et Eye Haidara (vue dans "La Taularde" en 2016 de Audrey Estrougo dont elle retrouve aussi Suzanne Clément). Tandis que les mariés sont interprétés par Benjamin Lavernhe et Judith Chemla qui fait le grand écart après "Une Vie" (2016) de Stephane Brizé, qui lui fait donc un point commun avec sa "belle-maman" jouée par la merveilleuse Hélène Vincent qui a marqué dans "Quelques Heures de Printemps" (2012) de Stephane Brizé... Les cinéastes précise pourtant que l'idée leur est venu avec le "long plan-séquence" qui démarrait le film "Samba". Il est vrai qu' un mariage est un microcosme à court terme d'une société et qu'un mariage qui part en vrille apporte logiquement son lot de quiproquos et de péripéties. Toledano-Nakache s'attachent donc à nous faire vivre les coulisses d'une brigade traiteur, qui s'occupe de tout avant et pendant le mariage "clef en main".
Evidemment tout n'est pas simple, il faut gérer les personnalités, les idylles, les aléas d'organisations entre les parties (cuisine, musique, service...) et surtout les mariés plus ou moins chiants. Autant dire que la trame principale n'a rien d'innovant. Les cinéastes avouent s'être inspirés du film "Garçon !" (1983) de Claude Sautet notamment et surtout sur la façon de filmer les allées et venues entre la cuisine et les différentes lieux des festivités. Mais dans le genre film choral on pense surtout à du Robert Altman, grand réalisateur qui a justement tourné le film "Un Mariage" (1978) !... La grande force du film est de ménager les égos, à savoir que les deux réalisateurs ont su avec brio donner une importance quasi égale à tous les personnages, autant dans leurs dialogues, leurs présences ou leurs effets sur l'organisation. On salue quelques performances, Bacri qui n'ets pas que bougon mais surtout touchant, désabusé, mélancolique, Lellouche en DJ looser et narcissique, Alban Ivanov tout en naturel, Suzanne Clément toujours aussi juste, Hélène Vincent en mamie "connectée", mais on sera déçu par contre par Kevin Azaïs qui se croit en répétition au par coeur et Vincent Macaigne trop caricatural en féru de français. Par contre le récit manque un peu de rythme, la faute à quelques scènes pompeuses souvent dues à l'organisation du mariage même (le coup du ballon lune ?!) qui crée des longueurs. D'ailleurs, les magnifiques décors du château de Courances et son Jardin Remarquable (considéré comme un des plus beaux jardins de France) sont finalement peu mis en valeur, et c'est bien dommage. Niveau humour général on ne sera pas dans le fou rire mais il y a quelques bons moments et la description d'un mariage luxueux clef en main avec en arrière-plan les soucis du traiteur-organisateur sont tout à fait bien vu. Rien d'exceptionnel donc mais un bon divertissement.