Avec Ryan Gosling, Harrison Ford, Jared Leto
Chronique : Esthétiquement et graphiquement époustouflant, Blade Runner 2046 se hisse aisément au niveau du film de Ridley Scott, le surpassant même sans doute par certains aspects. S’il perd en mystère par rapport à son aîné, il y gagne en émotion, ajoutant au monde créé par K Dick un supplément d’âme.
La mise en scène élégiaque, imposante mais jamais ostentatoire de Denis Villeneuve dépeint un univers d’une profusion visuelle et d’une cohérence plastique étourdissante, et s’appuie sur un sound design fracassant.
Chaque plan, chaque lieu est d’une beauté sidérante, ce monde surprend et fascine sans cesse. Son Amérique post apocalyptique désincarnée est une parfaite projection de celle introduite par Ridley Scott tout en la déformant et l’enrichissant. La richesse inouïe de la photographie de Roger Deakins navigue avec aisance d’un bleu glacé à un ocre brulant tandis que, balayée par la neige ou la pluie, K quitte la mégalopole et sa technologie aveuglante pour de nouveaux déserts où une poussière brune fouette les visages.
Le récit repose sur un scénario convaincant qui respecte la mythologie originale et y fait référence subtilement tout en gagnant sa propre autonomie. Il brasse des thèmes forts, réinvente les questionnements métaphysiques du premier Blade Runner, prend des tours surprenants sans chercher l’effet à tout prix. Pêle-mêle, 2049 évoque la conscience de soi, le consumérisme et la course au profit, la survie de l’espèce, l’asservissement, l’intelligence artificielle, la porosité entre humains et machines, la fin d’un monde et l’émergence d’un nouveau, la mémoire. Il est même question d’amour, un amour dépersonnalisé, une amour triste, mais un amour quand même, qui débouche sur l’un des plus beau et inattendu baiser qu’Hollywood ait pu offrir ces dernières années.
Denis Villeneuve est un réalisateur précieux. Sa technique est aussi pointue que sa vision et l’imagerie qu’il en tire sont puissantes et inspirantes. Mais ce splendide objet cinématographique est surtout balayé d’une poésie parfois terrassante.
Ne vous attendez pas à de spectaculaires scènes d’action, Blade Runner 2049 répond d’une SF contemplative et existentialiste, mais sans être absconse pour autant. Il impressionne surtout par son ampleur plastique et son poids émotionnel. Le parcours intérieur de K alors qu’il découvre sa vulnérabilité est peut-être l’élément le plus marquant du film. Le regard de Ryan Gosling, dense et mystérieux, bouleverse (et confirme s’il est besoin qu’il fait partie de ces grands acteurs qui n’ont pas besoin de cabotiner ni d’en faire des tonnes pour faire passer des émotions).
Écrasant de beauté, Blade Runner 2049 offre 35 ans plus tard une suite grandiose et définitive au classique de Ridley Scott. Un choc esthétique et mélancolique, une réinvention singulière que Villeneuve transcende par la virtuosité de sa mise en scène. On s’incline…
Synopsis : En 2049, la société est fragilisée par les nombreuses tensions entre les humains et leurs esclaves créés par bioingénierie. L’officier K est un Blade Runner : il fait partie d’une force d’intervention d’élite chargée de trouver et d’éliminer ceux qui n’obéissent pas aux ordres des humains. Lorsqu’il découvre un secret enfoui depuis longtemps et capable de changer le monde, les plus hautes instances décident que c’est à son tour d’être traqué et éliminé. Son seul espoir est de retrouver Rick Deckard, un ancien Blade Runner qui a disparu depuis des décennies…