Le projet était sans doute l’un des plus risqué de ces dernière années. Mais Denis Villeneuve a relevé le défi haut la main. Autant le dire tout de suite, Blade Runner 2049 est une grande réussite et l’un des plus beaux et plus profonds films de SF depuis … le Blade Runner de Ridley Scott. Vision indispensable au cinéma !
Mais voilà, Ridley Scott est plus occupé à s’amuser avec l’univers d’Alien et délègue donc le chantier de l’une des suites les plus risquées de tous les temps. Et c’est le très doué Denis Villeneuve qui accepte de relever le challenge juste après avoir été acclamé pour Sicario. Et alors qu’il nous a offert avec Premier Contact un très grand film de SF psychologique l’année dernière, nous avons donc toute confiance pour qu’il nous offre encore un bel exemple de maîtrise et de réflexion. Et on doit bien dire que ceBlade Runner 2049 ne nous déçoit pas.
Pour l’histoire, 30 ans après les événements du premier film, alors qu’une nouvelle compagnie a remplacé la Tyrell Corporation et lancé de nouveaux Réplicants, nous allons cette fois suivre l’agent K, un Blade Runner dont l’enquête va le mener à rencontrer Deckard et remettre toutes ses certitudes en questions, de son identité à l’amour qu’il porte pour une intelligence artificielle. L’intrigue qui s’étale sur 2h40 prend bien le temps d’installer ses personnages, leurs enjeux et leurs états d’âmes et nous n’en dirons pas beaucoup plus pour éviter les spoilers. Tout ce qu’il y a à savoir, c’est qu’avec le budget d’un blockbuster, Villeneuve nous offre une excellente extension de l’univers et de l’intrigue du premier film tout en se l’appropriant, préférant largement l’interrogation de ses personnages aux scènes d’actions plutôt rares mais utiles.
Ainsi, Blade Runner 2049 s’attache particulièrement à K. Ryan Gosling poursuit son travail d’épure commencé avec Drive et sera assez avare de mots pour exprimer ses sentiments de manière subtile mais touchante. Voilà enfin un personnage de blockbuster profond et qui va interroger notre humanité, notre identité et nos sentiments, de la nostalgie à l’amour dans un film pourtant assez dépressif qui voit ici venir inéluctablement la fin d’une espèce. A travers lui et ses rapports avec les individus qu’il rencontre il va se récréer sans arrêt et nous emmener avec mélancolie dans son enquête. Et côté entourage, le casting (de Dave Bautista à Jared Leto, et Harrison Ford qui signe son meilleur comeback dans un de ses rôles des 80′s) est vraiment impeccable , en particulier la belle révélation qu’est Ana De Armas, incroyablement touchante dans un rôle proche de Scarlett Johansson dans Her et qui apporte du coup beaucoup de coeur dans cet univers qui peut paraître froid.
Mais ce qui frappe également dès le premier abord avec ce Blade Runner, c’est aussi son univers graphique et son impact sur la rétine. Le film ne démérite absolument pas face à son modèle et nous offre quelque chose que l’on n’a jamais vu sur grand écran, une nouvelle vision du LA qui étend ce qu’on voyait dans le premier film, mais aussi une nouvelle vision de Vegas ensablé. Tout cela avec une photo magnifique du grandement oscarisable Roger Deakins jouant sur les ombres, les brumes, et les silhouettes sur fond gris ou ocre. Une empreinte visuelle unique et sublime à chaque instant qui, appuyée par la composition sonore de Hans Zimmer (qui continue son travail de déstructuration du son de Dunkerque) et Benjamin Wallfisch (qui n’oublie pas le travail de Vangelis), nous entraîne dans une atmosphère fascinante, une véritable expérience de cinéma total, difficile à vivre autrement que sur grand écran.
Toutefois, Blade Runner 2049 n’est pas qu’un joli livre d’images sur grand écran. Toute cette mise en scène sert un propos passionnant qui étend toutes les problématiques du film original. Denis Villeneuve, avec son scénario et ses personnages poursuit ce qui avait été instauré dans le film original pour aller plus loin. Il laisse toutefois un peu de côté le film noir pour instaurer au film plus de modernité, s’appropriant alors l’univers tout en le respectant totalement, et nous interrogeant alors encore sur notre rapport à la machine et l’identité caractérisée par les souvenirs, et même plus. Une intrigue psychologique toujours aussi fascinante et qui soulève toujours les mêmes passionnantes questions, signe que les interrogation de K Dick ont encore de beaux jours devant elles.
Bref, on n’en dira pas plus si ce n’est que Blade Runner 2049 est encore une belle réussite pour son réalisateur qui nous offre en plus d’une suite à la hauteur du film culte, une véritable grande oeuvre de science-fiction, belle et profonde, qui devrait durer et rester longtemps dans les esprits.