Big John, quasi septuagénaire, semble avoir pris sa retraite cinématographique. Depuis The Ward, sorti en 2011, le talentueux réalisateur a tout simplement disparu des radars… Ou presque, puisqu’il a collaboré à la suite des aventures de Snake Plissken en Comics au côté du scénariste Christopher Sebela et de du dessinateur Diego Barreto. Cette année, dans la même veine, sort aux éditions Réflexions, Big Trouble in Little China : L’enfer de Midnight Road et les fantômes des tempêtes, suite fantasque et hilarante des Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin, co-écrit cette fois-ci avec Eric Powell et portant Brian Churilla aux dessins. La carrière prolifique du maître de l’horreur emprunte des voix inattendues dans lesquels nous n’avons pu que nous jeter à tombeau ouvert.
Jack Burton (qui était incarné à l’écran par Kurt Russel que l’on a vu dans Fast and Furious 7 et Les huit salopards), le routier héros malgré-lui se retrouve à nouveau pris dans la tourmente, accablé par les forces des ténèbres qui veulent venger la mort du sorcier Lo Pan. Pour aider à sauver son meilleur ami Wang, il va accepter tous les défis lancer par les démons de Midnight Road.
Toujours habité par une gouaille légendaire, naturel comme personne ne peut l’être, laissant échapper à voix haute chacune de ses pensées, parlant de lui à la troisième personne, Jack Burton fait un retour fracassant et réussi en comics. Il faut dire que ses pérégrinations sont idéales pour être retranscrites sur ce support. Avec le recul, il est même incroyable que l’idée n’est pas germé plus tôt chez Carpenter d’exploiter ce filon d’humeur noir et désabusé en bande-dessinée. Le film lui-même avait cette inspiration totalement burlesque qui le propulser au nirvana des comédies foutraques. A la manière des Buffy contre les vampires, Carpenter et Powell ont prit le parti d’apporter un peu plus de relief en prenant la suite plutôt qu’en adaptant l’histoire originelle. Ainsi, la démarche au lieu de sentir le réchauffé amène un véritable plaisir au lecteur de se replonger dans un univers connu tout en découvrant de nouveaux aspects de la personnalité de ses héros préférés.
Et dans le cas de Big Trouble in Little China : L’enfer de Midnight Road et les fantômes des tempêtes, il s’agit de plus de prolonger le délire un peu plus loin. Le recueil sorti en France regroupe les quatre premiers épisodes sortie aux USA. En parallèle de l’histoire principale, des saynètes sont toujours l’occasion de mettre en avant l’esprit de baroudeur simpliste incarné par Jack Burton. Ainsi apprendra-t-on tout (ou presque car il semble lui-même ne pas en savoir beaucoup) sur ses quatre mariage prenant toujours des allures d’expériences psychédéliques et fantastiques sur fond de scénarios de série B toujours plus déconcertants. Folklores balkaniques, mexicains, tziganes et chinois s’entremêlent avec virtuosité tandis que Midnight Road prend des airs de cauchemars lovecraftiens. L’humour est souvent potache mais n’obéit qu’à une seule règle : de la folie, de la folie, de la folie. De la folie furieusement joyeuse, déjantée, prétexte à percuter l’absurde de plein fouet et d’en faire naître de franches rigolades.
Comme à chaque fois se plongeait dans l’univers de Big John, c’est un peu sombrer dans la folie, mais en charmante compagnie, et entouré de bons camarades. Bon sang, Jack, tu nous avais manqué ! Toi, tes chorégraphies de karatéka foireux, ta dégaine de bodybuildeur et tes réflexions philosophique d’anarchiste du dimanche, vous nous aviez sacrément manqué !
Boeringer Rémy
Pour les nostalgiques, retrouvez ici la bande-annonce du film :