The Meyerowitz Stories (2017) de Noah Baumbach

Après "Mistress America" (2016), nouveau film de Noah Baumbach qui fut présenté au denrier Festival de Cannes avant d'être acquis par Netflix par la suite évitant du même coup la polémique sur la chronologie des médias ainsi que la problématique du règlement du Festival. Cette fois il signe une chronique sur une famille recomposée et dysfonctionnelle dont le patriarche est un artiste reconnue mais oublié. Par là même le cinéaste revient donc à ses premières amours, à savoir les chroniques familiales comme ses premiers films "Les Berkman se séparent" (2006) et "Margot va au mariage" (2007). Baumbach réunit un casting particulièrement riche avec le patriarche Dustin Hoffman qui retrouve son épouse Emma Thompson qu'il aimait déjà dans "Last Chance for Love" (2009) de Joel Hopkins, il retrouve également son fils Ben Stiller dont il était déjà le père dans les comédies "Mon Beau-Père, mes parents et moi" (2004) de Jay Roach et "Mon Beau-Père et nous" (2010) de Paul Weitz. Ce dernier a également déjà tourné pour Baumbach dans "Greenberg" (2010) et "While we're young" (2015). Les autres enfants sont interprétés par la star comique Adam Sandler ici dans un rôle plutôt à contre-emploi, et Elizabeth Marvel peu connue mais actrice récurrent des séries TV "House of Cards" (2014-2017) et "New-York Unité Spéciale" (2014-2017). Dans des seconds rôles on reconnait Adam Driver déjà partenaire de Ben Stiller dans "While we're young", la grande Candice Bergen et Rebecca Miller (épouse du génie Daniel Day Lewis, et réalisatrice qui n'avait pas été actrice depuis plus de 20 ans). En prime le film nous offre la révélation Grace Van Patten bientôt dans un autre film familial avec "The Wilde Wedding" (2017) de Damian Harris...

The Meyerowitz Stories (2017) de Noah Baumbach

On suit donc une famille reconstituée et plutôt détachée des uns et des autres qui se retrouvent. D'abord par le retour du "vilain petit canard" quarantenaire chez son père, ensuite quand la fratrie se regroupe autour du patriarche hospitalisé. On pense évidemment très fortement à Woody Allen dans cette histoire new-yorkaise aux multiples personnages mais avec la dimension psycho-philosophique en moins. Noah Baumbach dessine une famille comme tant d'autres, où les déceptions filiales, les rancoeurs secrètes et les dissensions autour des "pièces rapportées" pèsent de tout leur poids au fil des ans. Le père artiste vedette oublié est sans doute devenu grincheux au fil des oublis du temps qui passe, il est aussi un père remarié depuis des années avec une alcoolique nostalgique de l'époque baba cool et qui n'a sans doute pas su aimer ses trois enfants de la même manière. Un fils ainé qui n'est pas devenu l'artiste que son père aurait aimé, la soeur ainé quasi dépressive depuis l'enfance et enfin le demi-frère cadet sur lequel le père a reporté son amour comme par défaut. Dans cette famille seule la petite fille de 18 ans semble être heureuse, normale et bien sous tous rapports, future cinéaste, malgré des premiers courts métrages particulièrement perturbants !

The Meyerowitz Stories (2017) de Noah Baumbach

Sur le fond Noah Baumbach n'invente rien et reste dans un récit plutôt classique et convenu qui garde un certain intérêt d'abord par les performances d'acteurs dont le duo Stiller-Sandler dans des rôles respectifs (surtout Sandler !) qui change de leur pitreries dans les comédies US. Comme précisé plus haut, avec en prime la révélation Grace Van Patten qu'on risque assurément de revoir. Par contre le montage reste particulièrement perturbant. Si la gestion des ellipses est judicieuse il n'en demeure pas moins que certaines coupes sont dignes d'un boucher (scène coupée en milieu de dialogue). Si on frôle souvent la cacophonie on apprécie ce no man's land familial où personne écoute personne, symptomatique de plusieurs décennies d'incompréhension et d'amertume. Mais si le propos universel touche chacun de nous de par son sujet et que les acteurs forment là une famille aussi perturbée que touchante, Noah Baumbach signe un film à la mise en scène sans créativité et monotone qui pousse parfois à l'ennui. S'il s'agit d'un drame familial le film n'est pourtant pas dénué d'humour, un humour aussi absurde que pathétique. Le rapport au pardon, la mélancolie ambiante n'empêche pas un certain optimisme pour l'avenir de cette famille.

Note :

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