[1 CINÉPHILE = 1 FILM CULTE] : Le Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles

Par Fuckcinephiles

#25. Le Petit Dinosaure et la vallée des merveilles de Don Bluth (1988)

"J'entends depuis que je suis enfant qu'Anastasia (Bluth, Goldman, 1997) est un film Disney. La raison principale est certainement qu'il y a une princesse dedans. Sauf qu'Anastasia n'est pas un film qui s'ouvre sur le château blanc sur fond bleu de Walt Disney, mais sur la fanfare du logo de la 20th Century Fox. Ses auteurs en revanche viennent de chez Disney, mais ils n'y ont plus mis les pieds depuis la fin des 70's. Les noms de Don Bluth et Gary Goldman ne vous disent pas forcément grand chose, mais ils sont souvent à l'origine de films bien connus des trentenaires et vingtenaires. Ils n'ont plus la même aura qu'autrefois, la faute à des éditions vidéos de leurs films qui ne datent pas d'hier et ne les mettent pas forcément en valeur.
Toutefois, il y en a au moins un que même les plus jeunes connaissent grâce à des séquelles direct to video et même une série animée : Le Petit Dinosaure et la vallée des merveilles ou The land before time. C'est un film que j'ai connu par une VHS enregistrée qui ne marchait quasiment jamais. Entretemps j'avais commencé à voir les suites DTV qui ont vite commencé à me lasser (j'ai tenu jusqu'au huitième opus, vous croyez qu'une médaille serait possible ? Non ?  Bon tant pis) et j'ai fini par trouver une VHS bien plus convenable dans le commerce. J'aimais déjà le film enfant, mais je n'aurais jamais pensé qu'il me parlerait d'autant plus au fil des années.



Après avoir longtemps laissé les VHS de Don Bluth dans des cartons (dont Charlie mon héros que je n'avais jamais vu et que j'ai récupéré des cartons de ma cousine), j'ai fini par les remonter adolescent. Parce que je voulais revoir certains films autrement que sur un écran d'ordinateur. Revoir The land before time fut et est toujours un choc émotionnel intense. Le film a gagné en impact dans mon petit coeur, les épreuves que j'ai pu avoir au fil du temps aidant (notamment en ce qui concerne le deuil de personnes chères) et surtout il y avait la musique de James Horner.  Une si ce n'est la plus belle bande-originale que j'ai entendu. Une beauté naviguant entre différentes émotions fortes et des moments terriblement mélancoliques (The Rescue Discovery of The Great Valley étant le coup de grâce suprême). Il me suffit d'entendre quelques notes ou même d'y penser pour avoir les larmes aux yeux.
Autant dire que la mort de James Horner en juin 2015 fut un choc et écouter sa musique dans une salle de cinéma deux mois après fut redoutable. Mais je n'aurais loupé ça pour rien au monde. Maintenant quand je revois The land before time, j'ai une pensée immédiate pour mon compositeur préféré plus que pour d'autres films dont il a fait la bande-originale. De la même manière que ce cru de Don Bluth est mon préféré de sa filmographie pourtant pas avare en grands crus (Fievel et le nouveau monde par exemple).
Voué à être muet au départ à l'image du segment Le Sacre du printemps dans Fantasia (1940), The land before time est passé par différents stades durant son montage, allant du doublage à des coupes pour des scènes trop violentes pour le jeune public selon son producteur Steven Spielberg. Il n'en reste pas moins que certaines scènes ont un impact émotionnel toujours aussi impressionnant. Faire mourir un personnage maternel aussi rapidement en est la preuve et ce bien avant Le Roi Lion (Minkoff, Allers, 1994). La manière de le montrer est d'autant plus poignante que la caméra s'éloigne de plus en plus pour laisser une pleine intimité entre une mère et son fils.


La musique aidant, Bluth peut alors insister sur le travail de deuil de Petit Pied, passant ainsi de la perte violente de sa mère à de la rancoeur, avant d'arriver à la tristesse la plus profonde montrée par un vide de plus en plus immense. Ici, il n'y a pas d'Hakuna Matata pour détendre l'atmosphère, juste la tristesse profonde d'un enfant qui vient de perdre sa seule famille et se retrouve démuni face à cela.

Production Amblin oblige, Bluth met en scène une bande de jeunes dinosaures autour de Petit Pied essayant par tous les moyens de trouver la grande vallée, point de ralliement où ils pourraient retrouver leurs parents. Jalousies, manque de confiance, pertes de repères, peurs et amitiés progressives dans les épreuves... S'il n'était pas un film d'animation avec des dinosaures, on pourrait clairement parler d'un teen-movie pas si éloigné d'un Stand by me (Rob Reiner, 1986), remplacez la bande de loubards par un tyranosaure dont le seul but est de tuer le premier venu, y compris des enfants.
The land before time a une durée assez courte (1h09) et suffisante à la fois, les enfants n'auraient honnêtement pas tenu plus longtemps devant ce road-movie globalement triste se terminant toutefois sur une note positive sous un soleil majestueux. The land before time est un des mes films préférés, un véritable ascenseur émotionnel beau à en crever. Je ne remercierai jamais assez Don Bluth d'avoir aussi bien parler de l'enfance que dans ce film, comme de choses aussi dures que le deuil. Et encore plus James Horner pour m'avoir offert une magnifique machine à pleurs sur commande. Cela me servira certainement un jour... "

Borat8
Blogueur depuis juin 2008 ayant promené sa frimousse d'Allociné à Canalblog (bientôt huit ans !). Cinéphile carnivore accumulant les visionnages à droite et à gauche, au point de ne parfois plus où donner de la tête. Mon quinté de films de chevet est Across the universe (Julie Taymor, 2007), Fight club (David Fincher, 1999), Ace Ventura (Tom Shadyac, 1994), Toy Story 3 (Lee Unkrich, 2010) et The land before time (Don Bluth, 1988). Mes réalisateurs préférés sont Steven Spielberg, Hayao Miyazaki, David Fincher, James Cameron, Guillermo del Toro et Clint Eastwood. 

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