Après nous avoir fait hurler de rire devant l'absurde et touchant Neuf Mois Ferme, valant à Sandrine Kiberlain un César de la Meilleure Actrice, le toujours aussi exaltant Albert Dupontel revient derrière la caméra pour une adaptation flamboyante du Prix Goncourt 2013 de Pierre Lemaître, Au Revoir Là-Haut.
Dès son entrée spectaculaire, filmée en plan-séquence, au sein des Tranchées, on sait à quoi s'attendre de la part de Dupontel en tant que réalisateur. Une irrésistible passion pour la mise-en-scène où chaque plan résulte d'une pure idée de cinéma. Au risque de répéter ce qui a toujours été dit sur son cinéma, il y a ce côté bricolage et surréaliste propre à l'Oeuvre de Terry Gilliam, auquel son camarade français y exprime son influence tout en y apportant sa propre singularité d'auteur, avec un humour plutôt noir et une poésie lyrique fortement inscrite visuellement.
La mise-en-scène détonne, comme ses comédiens. Le choix de Nahuel Perez Biscayart relève de l'évidence et prolonge cette volonté de raconter par les images. Là où l'acteur usait de la parole comme arme dans 120 Battements Par Minutes, il s'empare ici de sa gestuelle et de ses yeux pour nous faire ressentir des émotions comme personne d'autres ne peut le faire. Inutile de rappeler que Laurent Lafitte excelle toujours pour jouer des salauds en puissance.
Des interprétations aussi folles que sa mise-en-scène, ne cachant pas néanmoins un manque d'implication dans ce que le film raconte. Si Au revoir là-haut mérite d'être vu par le plus grand nombre, c'est d'avantage pour sa densité visuelle que pour son récit. Une petite faiblesse qui n'empêche pas de vanter l'ambition démesurée du réalisateur pour un film magnifique plastiquement, aux allures de fresque dramatique baroque. Au revoir là-haut et on se retrouve vite pour les Césars, dont il est fort à parier que le film sera récompensé pour ses efforts plastiques !
Victor Van De Kadsye