Avec Nahuel Perez Biscayart, Albert Dupontel, Laurent Lafitte
Chronique : Récit aussi passionnant que pouvait l’être le Prix Goncourt dont il est l’adaptation, Au Revoir Là-Haut est une œuvre palpitante, vivante, chamarrée, et finalement bouleversante.
Paré d’une ambition monstre mais d’un budget somme toute raisonnable (17m€), Albert Dupontel fait l’éclatante démonstration qu’avec passion et beaucoup d’inventivité, un projet d’une telle envergure peut brillamment se matérialiser à l’écran. Très respectueux du roman de Pierre Lemaître, son film parvient à allier l’intime à l’épique à travers une mise en scène ample et flamboyante, un sens du détail remarquable et une épatante minutie dans la reconstitution historique. La richesse visuelle du projet trouve son expression la plus éclatante dans le foisonnement créatif des masques qu’Edouard confectionne pour camoufler sa gueule cassée. Les costumes et les décors sont à l’avenant, mis en valeur par la réalisation très dynamique de Dupontel, qui nous entraîne des tranchés de Verdun aux fêtes extravagantes du Lutetia, en passant par le Paris ouvrier de l’entre-deux guerres. Surtout, le scénario parvient à conserver l’essence du roman, n’évacuant jamais la tragédie du récit (l’horreur de la guerre, les traumas familiaux) tout en lui insufflant une rafraîchissante légèreté et en exposant avec une admirable limpidité l’arnaque montée par Edouard et Maillard qui se trouve au cœur de l’histoire. L’histoire est certes condensée et la caractérisation des personnages, leur cheminement émotionnel, est logiquement moins creusée qu’à l’écrit, mais leurs incarnations sont suffisamment convaincantes pour ne pas en altérer la puissance et la poésie.
Après 120 BPM, Nahuel Perez Biscayard s’impose dans un rôle quasi-muet comme l’acteur de l’année du cinéma français, Laurent Laffite est un salaud formidable, Niels Arestrup surprend par l’émotion qu’il à son personnage froid et imposant. Seul bémol, Dupontel lui-même dénote légèrement par un jeu manquant de subtilité et un peu trop contemporain.
Au Revoir Là-Haut convainc par la qualité de son adaptation qui, fait rare, satisfera aussi bien les lecteurs du livre que les novices. Par la vivacité et la créativité de sa mise en scène, la qualité de son interprétation et sa capacité à mêler le tragique, le spectaculaire et l’émotion, il s’impose comme un gros morceau de cinéma populaire. Chapeau.
Synopsis : Novembre 1919. Deux rescapés des tranchées, l’un dessinateur de génie, l’autre modeste comptable, décident de monter une arnaque aux monuments aux morts. Dans la France des années folles, l’entreprise va se révéler aussi dangereuse que spectaculaire..