Troisième longs métrages pour le réalisateur flamand Mickaël R. Roskam qui, après "BullHead" (2012) et "Quand vient la Nuit" (2014) retrouve son acteur fétiche Matthias Schoenaerts. Le cinéaste a co-écrit le scénario avec un duo talentueux, Thomas Bidegain et Noé Debré qui ont oeuvré ensemble déjà sur "Les Cowboys" (2015) de Bidegain mais aussi chez Jacques Audiard pour "Dheepan" (2015). On suit donc un couple au destin tumultueux, Gino/Schoenaerts est un braqueur qui tombe amoureux de Bénédicte/Adèle Exarchopoulos une pilote automobile. Les mensonges de Gigi au vu de son mode de vie empoisonne bientôt leur relation...
C'est un film patchwork qui passe du thriller au mélodrame en visitant les genres au passage, avec romance, action, polar, course auto, etc... 02h10 d'un film qui part dans tous les sens et qui se perd dans un condensé alambiqué d'un scénario qui serait finalement beaucoup plus approprié pour un feuilleton télé de plusieurs heures. A force de vouloir en rajouter à tous les étages on frôle l'indigestion. D'abord un point fort avec le couple Schoenaerts-Exarchopoulos, beaux et glamour avec cette aspérité qui crée les fissures morales. Mais on ne saurait qu'avertir la jolie Adèle que depuis "La Vie d'Adèle" (2013) de Abdellatif Kechiche elle semble facilement abonné aux scènes explicites souvent trop gratuites, un masochisme dont elle devrait se méfier. Car outre l'actrice on reste perplexe devant la gratuité de quelques séquences.
Ensuite l'évolution du récit s'accélère au fil des trois parties pour terminer quasi en eau de boudin où incohérence et invraisemblance se bouscule. Les ellipses temporelles facilitent les choses, mais on reste presque désabusé par les rebondissements et les drames qui se bousculent. On a de surcroît bien des difficultés à croire à Adèle Exarchopoulos en pilote de course, qui s'arrête à des gros plans lorsqu'elle est au volant, simpliste autant dans le fond que dans la forme. Pour une histoire aussi dense il aurait fallu plus de fluidité et rajouter de la durée. Le tout fait ici le forcing, on sent l'esbroufe, ça manque de souffle romanesque car jamais le cinéaste prend le temps d'installer un climax, passant d'un genre à l'autre sans un minimum de mise en place. Cette fois, Roskam se prend les pieds dans la tapis...