[1 CINÉPHILE = 1 FILM CULTE] : Fight Club

Par Fuckcinephiles

#28. Fight Club de David Fincher (1999).

" Aujourd'hui nous allons parlé de la famille. Pas celle de Baboulinet dans les Fast and Furious, mais de la mienne. Je suis fils unique et j'ai tendance à considérer mon cousin comme le grand frère que je n'ai pas eu. On ne se voit pas tout le temps, mais nous avons d'excellentes relations. Il n'est pas forcément cinéphile, mais aime bien voir des films. Il est même arrivé que je lui en prête, souvent en attendant vainement de revoir les galettes. En revanche, je lui dois bien une chose en ce qui concerne ma cinéphilie et il ne le sait probablement pas : il m'a fait découvrir le cinéma de David Fincher.
Je devais avoir 9-10 ans et c'est une époque où je commençais déjà à voir des films un peu plus adultes. En regardant un peu sa dvdthèque, je m'apercevais qu'il avait deux films de Fincher : Seven (1995) et Fight Club. Je connaissais le premier à cause de son affiche rouge et le second parce que j'avais dû voir la bande-annonce sur un DVD. Accessoirement, ma tante m'avait dit que c'était un des films les plus violents qu'elle a vu et ce n'était pas un compliment. En revanche, le nom de Fincher ne me disait rien et je crois même que je n'ai pas fait attention au nom du réalisateur sur les deux films. Il m'a prêté les deux films et je les ai regardé avec mes parents... enfin Seven avec les deux, Fight Club avec ma mère seulement (mon père ne supporte pas "les films avec un mec qui parle", comprendre avec un narrateur).
Si Seven m'avait beaucoup plu, Fight Club ne m'avait pas emballé. Il y avait des images marquantes (le final notamment), j'avais compris le twist, mais j'étais peut être un peu jeune pour voir un film si complexe. Peut être pas assez mature pour comprendre certaines choses. Une fois adolescent, j'ai commencé à m'intéresser à Fincher après avoir vu Zodiac (2007). Je n'ai raté aucun de ses films au cinéma depuis ce film et j'ai ensuite rattrapé ses films précédents et revu Fight Club. C'est devenu un de mes films de chevet indispensables. Je l'ai même fait découvrir récemment à certains de mes amis au cinéma (spoilers : ils ont aimé).




En le revoyant adolescent, j'ai alors compris que ce film ne reposait pas sur son twist. Là où certains films jouent beaucoup trop sur cet aspect (les films de M Night Shyamalan de mon avis), Fight Club finit par s'en libérer une fois la première vision passée. Le spectateur finit par ne plus se focaliser sur ça et voit une oeuvre plus globale. Il voit les trucs qui amènent au twist (les flashs, les paradoxes etc), mais il peut désormais voir autre chose. Fight Club est en fait une oeuvre qui parle de tout. Un aspect peut être cliché, mais on ne parle pas de lui comme d'un film générationnel pour rien.
Il s'impose comme un bilan des 90's avant le nouveau millénaire et offre un uppercut assez jubilatoire. Les marginaux sont au centre du film, combattent les puissants qu'ils soient des hommes de loi ou la société de consommation. Il est d'ailleurs hilarant de voir qu'un sponsor automobile se retrouve avec des chiures de pigeons sur ses voitures. Pas sûr que le constructeur a apprécié l'allusion. La société de consommation se fait également attaquée à travers une célèbre séquence mettant en valeur (ou pas) une enseigne de meubles. Une manière de montrer l'uniformité des individus avec des choses que l'on achète car elles sont à la mode, pour faire comme les autres, car il faut avoir cette table yin et yang chez soi !
L'uniformité de l'individu passe également par son apparence. Brad Pitt suggère à Edward Norton qu'il est ce que l'autre n'est pas, qu'il baise comme il voudrait baiser et autres joyeusetés. Le personnage de Norton s'imagine Pitt comme d'autres s'imaginent être comme les mecs dans les publicités Calvin Klein dézinguées par Pitt au cours du film. Même si Norton dit le contraire à ce moment là, son personnage finit quand même par vouloir être comme les autres, comme les canons de beauté qu'on lui montre.



Fight Club est aussi un film sur les addictions. Norton est addict à Pitt, Marla Singer (Helena Bonham Carter) est accroc à Norton et à la clope, tous les deux sont dépendants aux clubs de malades. Norton et Pitt ont un club d'adhérents, eux mêmes formant au fur et à mesure une secte qui rassemble. L'addiction est partout et sous diverses formes. Fight Club est aussi un film qui parle du terrorisme et fait honnêtement assez peur. C'est un film qui est arrivé au bon moment, car il n'aurait jamais pu être réalisé après le 11 septembre, rien qu'à cause de son final. Il est d'autant plus frappant que les actes prennent une ampleur de plus en plus folle jusqu'à en être presque kamikaze. Ce ne sont plus des farces, mais des actes militants et cela peut venir de n'importe qui. Ce qui rend le groupe un peu moins bon enfant et plus choquant.
Sauf que Fight Club n'est pas un film fasciste comme il a été dit à sa sortie. Ce n'est pas parce que ses personnages sont douteux ou dangereux que le film véhicule leurs idées et s'en revendique. Il expose juste le malaise d'une génération qui ne sait plus à qui se fier (aux pubs ? à leurs aînés ?) et forme en quelques sortes sa propre civilisation autodestructrice. Fincher réussit toutefois à faire une oeuvre anarchique qui ne se prive de rien, y compris d'expérimenter. Que ce soit par cet insert de dernière minute (ils l'ont tous vu) ou le déluge de cgi sur certaines scènes (la scène de sexe est un excellent exemple, car tout est faux et pourtant si vrai). Cela comprend également l'ambiance du film qui s'avère changeante : comédie existentielle, film de potes et enfin thriller particulièrement angoissant (le tabassage de Norton est merveilleusement morbide).
Le film ne serait pas aussi marquant sans son duo phare. D'un côté, Edward Norton qui ne trouvera jamais plus un rôle aussi fort par la suite. De l'autre, Brad Pitt qui n'hésite pas à casser son image de beau-gosse en incarnant un personnage violent et sale. Tout le contraire d'Achille dans Troie (Wolfgang Petersen, 2004) où il ressemble justement aux publicités qu'il critique en tant que Tyler Durden. C'est aussi toute une flopée de second-rôles donnés à des acteurs en forme : Bonham Carter, Jared Leto avec une sale gueule, Meat Loaf ou encore Holt McCallany.
Fight Club est un film passionnant et je pourrais en parler des heures. C'est ce qui fait toute sa richesse. Je ne remercierai jamais assez mon cousin de m'avoir fait découvrir ce film et par ailleurs je lui souhaite encore une fois un joyeux anniversaire. "

Borat8
Blogueur depuis juin 2008 ayant promené sa frimousse d'Allociné à Canalblog (bientôt huit ans !). Cinéphile carnivore accumulant les visionnages à droite et à gauche, au point de ne parfois plus où donner de la tête. Mon quinté de films de chevet est Across the universe (Julie Taymor, 2007), Fight club (David Fincher, 1999), Ace Ventura (Tom Shadyac, 1994), Toy Story 3 (Lee Unkrich, 2010) et The land before time (Don Bluth, 1988). Mes réalisateurs préférés sont Steven Spielberg, Hayao Miyazaki, David Fincher, James Cameron, Guillermo del Toro et Clint Eastwood.
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