Figure respecté du public et de ses confrères dans le genre du thriller français, Olivier Marchal rempile derrière la caméra, six ans après Les Lyonnais. Nouvelle production, nouvelle histoire vraie avec ces arnaqueurs à la Taxe Carbone pour un film dont le moteur tombe rapidement en panne...
Au-delà de l'originalité du film, dans la manière dont le grand banditisme ne se fait plus à renforts de braquages et de coups mais à partir de chiffres et d'ordinateurs, difficile de trouver quelque chose de novateur au sein de ce thriller carburant aux clichés. A commencer par les protagonistes destinés uniquement à être intoxiqué par cette spirale d'arnaque, aucun relief ne sort d'eux tant chaque acteur s'efforce à surexposer son cliché. Benoît Magimel, rôle principal, se contente de reprendre son accent de Marseille tout en se prenant pour un anti-héros de Scorsese subissant son banal rise and fall. Depardieu joue le beau-père accro aux punchlines (adepte de la philosophie de Napoléon), Gringe fait du surplace tandis qu'Orelsan agresse nos oreilles avec l'utilisation paresseuse du non moins insupportable Suicide Social. Le seul à tirer son épingle du jeu reste Michael Youn. Lui qui amusait la France avec ses blagues potaches il y a des années, il se trouve être ici le seul personnage que l'on arrive à prendre au sérieux, à avoir une once d'empathie.
On suit l'ascension et la chute calamiteuse de ce truand des années 2010 sans le moindre point de rattache tant tout paraît si prévisible. Exposition des personnages au début, mise-en-place du crime et moments de succès au milieu, conséquences et executions en conclusion. Tout cela, on l'a déjà vu et revu au cinéma, ce qui amènerait à chercher l'explication de l'aveuglement d'Olivier Marchal envers son scénario. Si le réalisateur y met son cœur, en offrant une image soignée, dommage d'y constater un manque flagrant d'inspiration. Il est aussi important d'exprimer une certaine consternation devant l'écriture des personnages féminins. Le cinéma de Marchal est toujours marqué par ce culte des gueules masculines au sein du cinéma. Lanvin, Auteuil, Depardieu et maintenant Magimel, ses films ont toujours été marqués par un virilisme puant la testostérone. Quant aux femmes, soit elles sont avides d'argent, soit elles font figures de victimes (mention spécial au personnage de Laura Smet). Sans subtilité donc, le film sombre vers le machisme.
Circulez, il y a rien à voir ! Carbone fait office de coquille vide. Entre son choc édulcoré, son grand air de déjà-vu et ses faiblesses d'écriture, le film n'est au final qu'un énième produit offert par Europa Corp. A porter à la casse, donc.
Victor Van De Kadsye