Il faut définitivement parler du Gerald Butler-movie, ce sous-genre du cinéma d'action américain survitaminé au patriotisme, aux mandales distribués par douzaine et aux punchlines improbables. Quand la mission n'est pas de protéger le président des Etats-Unis de la menace terroriste, elle est de sauver le monde d'une catastrophe environnementale sans précédent comme dans ce ridicule Geostorm où tout transpire l'artificialité à outrance.
Le pitch est aussi simple qu'improbable : Lorsqu'un réseau de satellite protégeant la Terre des catastrophes naturelles est piraté par un mystérieux hacker On ne va pas se mentir : On était impatient de voir Geostorm. L'idée de retrouver au cinéma le genre du film-catastrophe, qu'on a découvert à la télévision avecla filmographie de Roland Emerich, pouvait donner lieu à un pur moment de plaisir-coupable. De plus, si il est agrémenté du sous-genre du Gerald Butler-movie, on ne pouvait dire que banco ! Malheureusement, difficile de s'investir davantage dans ce tas d'artifices numériques côtoyant les clichés de ce cinéma. Tout y passe : Le témoin du complot exécuté par le gouvernement, le garçon inconnu ayant peur pour son chien à l'autre bout du monde, le rapport conflictuel entre le héros, père absent, et sa fille, Tout cela s'accumule au même titre que les scènes de catastrophe (n'arrivant même pas à être spectaculaire, c'est un comble) et on s'ennuie ferme devant.
Néanmoins, essayons de sauver le film de son naufrage (insistons sur le " essayons ") lorsqu'il faut s'attarder sur son sous-texte politique. A vrai dire, c'est dans ce point que le film renverse légèrement sa portée politique. Tout commence comme un film pouvant faire réagir Donald Trump : Le personnage de Gerald Butler, tête brûlée impertinent n'en faisant qu'à sa tête, montre constamment sa méfiance entre l'élite gouvernementale (Les Etats-Unis sont dirigés par un président du parti Démocrate, joué par Andy Garcia) et les médias. Renvoi inévitable aux fameuses fake-news clamées haut et fort par le président lors de sa campagne et même maintenant. Il y avait donc de quoi souffler durant le projection jusqu'à ce que les masques tombent : Une fois que l'on apprend l'identité du traître en question, le film se transforme en véritable pamphlet anti-Trump : Le méchant se révèle, explique son plan idéologiquement douteux (pirater le satellite pour détruire les pays " ennemis ") et se fait recadrer par Andy Garcia et une arrestation. Bien sûr, tout ceci est traité dans une position minoritaire face aux enjeux principaux du film (Sauver le monde avec plein de money-shots) agrémenté d'un sentiment patriotique (" Je suis le putain de président des Etats-Unis " clamé par Andy Garcia en fin de film) mais c'est bien joué de la part de Geostorm à renverser les idéaux en un claquement de doigt.
Si vous cherchez du grand spectacle avec le même concept, passez votre chemin pour ce Geostorm et regardez plutôt l'extravagant Tempête de boulettes géantes (si, si, c'est le même pitch quand on y pense mais avec de la nourriture) de Phil Lord et Chris Miller. Un film ayant la même verve politique que ce Gerald Butler-movie, le divertissement en plus.
Victor Van De Kadsye