[Critique] – « Prendre le large » – Gael Morel

A l'occasion de la venue de Gael Morel dans la Métropole lilloise, on a pu assister à la projection de Prendre le large suivi d'une rencontre avec son réalisateur. Retour sur un film chaleureux où rayonne l'impériale Sandrine Bonnaire.

Edith, 45 ans, ouvrière dans une usine textile, voit sa vie bouleversée par un plan social. Loin de son fils et sans attache, plutôt que le chômage, elle est la seule à choisir de rejoindre son usine délocalisée au Maroc...

Inspiré par une part autobiographique du metteur-en-scène, confiant lors de la rencontre son rattachement au milieu ouvrier, Prendre le large touche en plein cœur son public par son héroïne singulière. Là où le cinéma français partage cette tendance à montrer des luttes entre camps uniformisés, le film surprend à ne pas raconter un combat contre la délocalisation mais le parcours d'une femme ouvrière prenant la décision de prendre le large, de partir vers une nouvelle vie. Une décision contestée, inquiètante, pour une délégué syndicale ou une directrice des ressources humaines, mais qui va nous emmener, ainsi que son héroïne vers un ailleurs dépaysant.

Gael Morel l'a affirmé, il n'était pas question de faire un énième film-carte postale sur le voyage intérieur d'une personnage vers une nouvelle culture. Si Prendre le large évoque bien entendu des confrontations culturelles, il ne va jamais s'attarder dessus. Ce qui importe, c'est de raconter le parcours d'une personnage qui va se retrouver en prenant le contact avec les autres. Sandrine Bonnaire crève l'écran dans ce rôle touchant, mais Mouna Fatou et Kamal El Amri imposent leur présence chaleureuse en interprétant ce duo mère et fils prêt à tout (malgré les difficultés tels que le loyer) pour aider cette héroïne.

La mise-en-scène peut donner des airs rebutants de téléfilm destiné à France 3, mais n'y voir que ça serait être aveugle à la tendresse enveloppant cette histoire simple mais empathique. Prendre le large nous invite à un bon voyage en compagnie de son héroïne solaire.

Victor Van De Kadsye