#30. Presque Célèbre de Cameron Crowe (2000).
" J'aime d'un amour profondément sincère le cinéma de Cameron Crowe, et ce depuis toujours.
Il y a quelque chose d'incroyablement touchant dans sa manière de filmer des bouts de vies aussi délicieusement nostalgiques qu'universelles, peut-être parce qu'il met volontairement beaucoup de lui dans ces films, et que son vécu, ses expériences personnelles, me parle plus qu'à d'autres.Sa poésie de la vie, couplée avec une musique toujours finement choisie (que ce soit les morceaux de pop/rock culte ou les scores majestueux de Nancy Wilson), m'a profondément bouleversée) à tel point que mon premier roman, que je m'échine à boucler depuis plus de trois ans maintenant, lui rend un hommage à peine masqué.
J'aime son cinéma, tout simplement et c'est, sans l'ombre d'un doute, grâce à son fantastique Presque Célèbre qu'il a pris une place toute particulière dans ma cinéphilie, le premier film que j'ai vu en VOST sur grand écran, ma première vraie plongée dans le monde du rock'n roll autre que par le biais de quelques musiques entendues par-ci, par-là : la première fois ou je me suis dit, dans une salle obscure, que j'aurais tout donné pour vivre à une telle époque.Après tout, comment ne pas rêver d'être à la place du héros du film, William Miller (ou l'incarnation devant la caméra de Crowe, qui raconte là encore un vrai morceau de son existence), môme précoce qui découvre le rock à l'âge de onze ans grâce aux 33 tours que lui a laissé sa sœur avant de quitter la maison familiale et qui, quatre ans plus tard, par le biais d'une rencontre décisive (celle d'avec son idole, le critique rock mythique Lester Bangs), va se retrouver à couvrir pour le Rolling Stone magazine, la tournée du groupe Stillwater.
A peine quinze ans, encore imbibé par la naïveté d'une adolescence couvée par une mère un poil envahissante, Will va découvrir la vie puissance 1000, puissance rock'n roll avec la magie de la musique, des femmes, des fêtes dantesques et de l'amour dans ce qu'il a de plus pur et insaisissable.Ce gamin on l'envie, on le jalouse même tant il sera approché au plus près de ce que le rock a de si beau, magique, attirant, intouchable et magnétisant : il l'aura vécu de l'intérieur, quitte à en avoir le coeur brisé et les ailes broyées.
Ce qui rend magique Presque Célèbre, c'est qu'il s'attache au parcours initiatiques de " sous personnages " du rock : William le journaliste en herbe de quinze ans (gosse trop mature pour son âge qui va découvrir dans un rêve, le monde réel à travers sa passion et des personnages hauts en couleurs), l'ennemi comme son surnommé tous les journalistes, et la groupie, chef des "groupeuses" la jolie Penny Lane (muse lumineuse à la douceur angélique, qui vit le rock comme sa propre vie, par les deux bouts).Les deux sont spectateurs de la fin de la période " sex, drogue and rock'n'roll ", les hippies cèdent leur place "peace and love" aux matérialistes, et le rock laisse son trône de roi de la musique, au disco; tandis que quelques groupes subsistent encore, et tentent de préserver leurs flammes : Led Zeppelin, les Stones, Black Sabbath, Deep Purple et... Stillwater, groupe attachant à la croisée des chemins, aussi proche de la renommée que de la cassure.
La soeur de William lui disait : " Écoute Tommy et allume une bougie, tu verras ton avenir ".
Regardez Presque Célèbre sous les rythmes entrainants de sa bande originale (surtout Feel Flows des Beach Boys, best son du groupe ever), et vous comprendrez encore plus vite pourquoi le cinéma de Crowe est aussi merveilleux. "
Jonathan Chevrier
Plus ou moins fils spirituel du Dude et du Zohan réunis, cinéphile/cinévore/cinémaniaque convaincu depuis mon premier battement de cils, je voue un culte sans borne à Sylvester Stallone. Biberonné aux séries B, les salles obscures sont mes secondes maisons et je fonds comme un vampire au soleil sans ma dose quotidienne de bonnes péloches.
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