On l'a fait tout de suite comme ça on en sera débarrassée : Effectivement, le nouveau film de Lynne Ramsay (souvenez-vous du tétanisant We need to talk about Kevin en 2011) est complètement marteau. Un puissant coup donné au spectateur mené par le toujours aussi époustouflant Joaquin Phoenix.
Toujours obsédée par des psychismes humains brisés, Lynne Ramsay s'attarde à nouveau sur le parcours mental brisé par les aléas tragiques (poussés radicalement à l'extrême dans ses films) de la vie. Traité sous forme cyclique, comme en 2011, la violence sous n'importe quelle forme (mentale, physique, verbale) engendre la violence. Faute d'amour, un enfant sociopathe perpétue un massacre dans We need to talk about Kevin, ici, un vétéran torturé devient bourreau au nom de la justice. Nulle glorification de cette justice sauvage dans ce cas (alors qu'il aurait pu y tomber étant donné la gravité des faits perpétrés par les criminels), A Beautiful Day fait office d'avantage à un constat grisâtre sur les répercussions d'un tel conditionnement.
Un chapitre de vie torturé, imagé par un montage discursif présentant des flashs traumatiques de Joe, ce traumatisé des temps modernes joué par l'impressionnant Joaquin Phoenix. Une bestialité sauvage exhibée à chaque plan, entre gros plans sur les blessures d'autrefois et un mutisme inquiétant. La bande-son de Jonny Greenwood contribue à cette atmosphère psychotique, où chaque son s'amplifie ou se dérègle au service d'une balade nocturne cauchemardesque.
Bien sûr, au vu de ce que le film raconte, une vibe évidente à Taxi Driver s'impose. Mais au-delà de cette influence, le film dépasse cette base en offrant une autre proposition de cinéma. Plus sensitif et plus brutal, A Beautiful Day s'éloigne de ses influences pour devenir un futur classique. De courte durée, le film évite la répétition et se trouve suffisamment efficace et haletant pour rester gravé dans les mémoires.
Victor Van De Kadsye