Co-production scandinave qui s'attarde sur le Match du Siècle... Enfin un parmi tant d'autres, mais cette fois celui-ci concerna le tennis et un match référence dans la rivalité entre le suédois et John McEnroe, où devrait-on plutôt dire le passage de témoin entre la première méga star de ce sport Bjorn Borg durant les années 70, et McEnroe qui lui succédera justement à partir de ce match. Le film est mis en scène par le méconnu réalisateur danois Janus Metz Pedersen, qui, après après deux films à succès au Danemark se fera remarqué par un documentaire présenté au Festival de Cannes avec "Armadillo" (2010). Depuis il a surtout dirigé des épisodes de la série TV "True Detective" (2015).
Pour incarner les deux monstres sacrés du Tennis le choix s'est porté sur l'acteur suédois Sverrir Gudnason pour Bjorn Borg, qu'on a pu voir dans "Marie Kroyer" (2012) de Bille August et "A Serious Game" (2017) de Pernilla August, tandis que McEnroe est joué par Shia LeBoeuf, déifnit par McEnroe lui-même ainsi : "Il parait qu'il est fou. Donc, ça fonctionne peut-être"... Ce dernier retrouve l'acteur suédois Stellan Skarsgard après "Nymphomaniac" (2014) de Lars Von Trier bien qu'ils n'aient pas eu de scènes en commun. Ce genre de film plus ou moins biopic, mais surtout film historico-sportif est un sous-genre en soi qui a permis au cinéma de revenir sur des duels d'anthologie comme "Les Chariots de Feu" (1981) de Hugh Hudson,(2015) de Edward Zwick ou dernièrement le très bon (2013) de Ron Howard, on peut d'ailleurs et surtout citer le film "Battle of the Sex" (2017) de Jonathan Dayton et Valerie Faris qui sort en fin de mois sur un autre duel de Tennis des seventies... Le film démarre juste avant cet open de Wimbledon de juillet 1980 et nous plonge dans les coulisses précédant la finale en question et, surtout, nous fait entrer dans l'intimité et la psychologie des deux sportifs. Si Borg est considéré comme le gentleman impassible McEnroe lui reste le jeune chien fou à la grande gueule. Mais très vite on s'aperçoit que ce n'est pas si simple, notamment grâce aux flash-backs, dans lesquels le jeune Bjorn Borg est joué par Leo Borg, 14 ans et propre fils de Bjorn. On s'aperçoit alors que le passage de témoin (plus qu'une rivalité, Borg étant au sommet entre 74 et 80, McEnroe plus entre 80 et 85) n'est pas si anodin, la jeunesse de Borg renvoyant irrémédiablement au caractère de McEnroe. Le film est particulièrement profond et intéressant sur ce lien intangible entre les deux joueurs qui deviendront très amis par la suite (pour l'anecdote, 14 rencontres et 7-7 entre les deux champions).
Le film pêche toutefois par un traitement un peu bancal, le personnage de Bjorn Borg prenant le dessus sur McEnroe, autant dans sa partie enfance que adulte alors que McEnroe n'est assurément pas moins intéressant. Dommage... Toutefois le cinéaste soigne les reconstitutions d'époque et surtout il arrive à mettre en place cette atmosphère particulièrement pesante et claustrophobe qui pèse psychologiquement sur les joueurs avant d'entrer en compétition. Bon point également sur le suspense, car si on connait l'issue du match Perdersen réussit à imposer une tension palpable et une intensité qui arrive à nous toucher et nous émouvoir. Ce film entre dans l'un des seuls sur le Tennis à être clairement dans son sujet et cinégénique avec sans doute "La Plus Belle Victoire" (2004) de Richard Loncraine. Chapeau pour les performances d'acteurs, car outre l'incarnation de leurs personnages le travail sur le jeu de Borg et McEnroe ainsi que sur la fidélité du déroulement des matchs sont impressionnants. Moins flamboyant que "Rush" il est toutefois plus travaillé du point de vue psychologique. Un excellent film.