Meg Altman, la trentaine, a très mal vécu la séparation avec son mari et angoisse à l'idée de devoir élever seule sa fille Sarah. Afin de commencer une nouvelle vie loin de ses craintes, Meg achète une immense et splendide maison située dans un quartier huppé à l'ouest de New York. Son ancien propriétaire y a fait construire au dernier étage une pièce de sûreté dans laquelle on peut se réfugier en cas de menace extérieure et rester enfermé de nombreux jours grâce aux provisions qu'elle contient. Cependant, Meg n'aurait jamais pensé s'en servir dès le premier soir.
Panic Room - 24 Avril 2002 – Réalisé par David Fincher
Coincé entre le culte « Fight Club » sortie en 1999 et le célèbre « Zodiac » en 2007, puissant polar a la réussite formelle indéniable, le huis clos « Panic Room » a du mal à exister. Moi même je ne l'ai regardé pour la toute première fois qu'il y a quelques jours, pas vraiment pressé il est vrai de découvrir un film dont on ne m'a que trop rarement vanté ses mérites. Et honnêtement,je regrette de ne pas l'avoir vu plutôt, car si ce n'est pas un sommet dans la carrière du brillant Fincher, cela n'en reste pas moins un film au qualité indéniable, qui sait toujours allez la ou on ne l'attend pas!
Meg Altman avec sa jeune fille Sarah viennent de trouver au cœur de New-York, le parfait petit pied a terre, une immense maison de maître ! Hall immense, trois étages, ascenseur, jardin et surtout une « Panic Room ». Cette pièce sécurisé permet aux occupants de la maison de s'y réfugier en cas d'intrusion et d'y rester en sécurité, le temps de prévenir les secours. Un lieu qui n'arrange pas l’anxiété de Meg, qui sort tout juste d'un divorce et qui doit en plus de reconstruire sa vie, assumer seule l'éducation de sa fille. Elle prend malgré tout possession des lieux et emménage sans cette demeure gigantesque, même si Sarah ne semble guère enchantée. Une fois couchée, le pire arrive, trois cambrioleurs forcent l'entrée de la maison, à la recherche d'un butin faramineux. Meg qui ne dort que d'un œil se réveille et voit que des hommes sont rentrer par effraction. Elle prend alors le partie de réveiller sa fille et de rentrer dans la « Panic Room ».
La « Panic Room » c'est une pièce de survie, mais c'est aussi d'une certaine façon la matérialisation notre zone de confort ! Cette zone ou tout se passe sans encombre, où on est pas bousculé et où l'on est maître de nos choix, un endroit rassurant dans lequel on peut se réfugier. Un peu comme lorsqu'on aime le cinéma par exemple, on apprécie certains films et on ne regarde que ça, en oubliant fatalement le reste. C'est ce qui m'est arrivé avec ce film de David Fincher « Panic Room », car je pensais naïvement que c'était un film dispensable, tout comme « Alien 3 » ou « The Game », alors qu'au final c'est peut être le film de Fincher qui m'a le plus surpris après Zodiac en 2007 …
L'histoire du film, écrite par David Koepp (Jurassic Park) se concentre sur une femme et sa fille, qui doivent se reconstruire après un divorce difficile. L'intrigue est simple et ne tourne pas autour du pot, première nuit sur place pour Meg et sa fille, trois hommes rentrent par effraction chez elle pour les voler! Seul point de refuge, une petite pièce inviolable où les hommes ne peuvent rentrer, mais où elles ne peuvent sortir, ni demander de l'aide. Tout s'articule par la suite sur la façon dont Meg va faire pour se sortir de là et passer la nuit. Un récit millimétré qui prend le contre pied de ce que l'on connaît, en donnant de la nuance aux deux camps (Meg : Jodie Foster; Burnham: Forest Whitaker) notamment et en faisant de Meg, une héroïne forte et badass !
Mais c'est aussi une allégorie a la fois réaliste et pessimiste du monde dans lequel vie une femme. Meg après son divorce, ne sait plus trop où elle en est et décide par nécessité de prendre un logement près de son ex-mari. Un logement trop grand pour elle a tel point qu'il en est oppressant, symbolisant l'emprise de son ancienne vie (ex-mari). Une intimité brusquement violée par l'irruption volontaire de trois hommes, l'obligeant a rester prostrée avec sa fille dans la « Panic Room », sans aucune échappatoire, ni moyen de faire appel à quelqu'un. Seul la communication avec les intrus est possible. Il n'y a aucune équité, ils sont tout puissants et elle n'a d'autre choix que de garder le silence. Puis dès qu'elles essayent, elle et sa fille de demander de l'aide, on les ignore, on ferme le store et quand elle arrive à avoir son ex-mari, il se révèle inutile et la met plus dans le pétrin que le contraire. La seule façon pour Meg de sauver sa fille et de se sauver elle, c'est de se débrouiller seule, quitte à tuer ses agresseurs ! Pourquoi ? Car dans le monde ou elle vit, on ne l'aidera pas ou si on l'aide, il sera trop tard …
Dans son genre, c'est un excellent exercice de style, qui certes ne plaira pas à tout le monde, mais qui a le mérite de proposer quelque chose d'original, notamment dans la forme. C'est un implacable huis clos que David Fincher met en scène, bien rythmé, avec une gestion du suspense millimétré, avec moult plans séquences et mouvements de caméras ingénieux, plein de sens; mais surtout c'est le premier film entièrement prévisualisé par ordinateur et c'est ce qui lui a permis de faire tout ça ! De passer à travers les murs, les portes ou les cafetières et d'apporter du mouvement dans un espace profondément cloisonné. Ce qui apporte un surplus de sens à ce que l'on voit et que l'on ressent ! La photographie que l'on doit à Conrad W. Hall et Darius Khondji, est bien travaillée, rappelant même pas instant celle de « Seven », sombre et terne pendant la nuit, avant de s'éclaircir ici sur la fin et devenir plus chaude dans l'épilogue. On peut même ajouter la belle partition de Howard Shore qui contribue à merveille à l'ambiance tendue que Fincher créé peu à peu!
Le casting n'est pas en reste et se révèle lui aussi très bon ! Premièrement, on trouve Kristen Stewart dans l'un de ses premiers rôles, une jeune actrice qui montre déjà un fort caractère et une capacité de jeu assez grande pour son age. Si ce n'est pas le premier rôle, ça m'a suffisamment impressionné pour voir d'autres films avec Kristen Stewart. Ensuite chez les méchants on commence avec Dwight Yoakam, cagoulé pendant 90% du temps joue l'ordure de base, froide, cynique et sans âme, qui laisse apparaître au détour d'un twist son visage le plus dur, sacrifiant l'un du trio qu'il forme avec Jared Leto et Forest Whitaker. Fincher retrouve Jared Leto pour la deuxième fois après Fight Club et semble apprécier le malmener, si je trouve le rôle cliché, l'acteur se l’accapare avec enthousiasme et en fait un leader aussi foufou que prévisible. Puis il y a Forest Whitaker (Mon gars sur comme dirait certaines personnes) dans le rôle du troisième bandit, posé, réfléchi et intelligent, il ne semble jamais se laisser gagner par l'émotion, ce qui n'est jamais réellement le cas avec cet acteur, qui transpire la sympathie et le respect d'autrui. Il joue avec intensité et ne se départie pas de la sensibilité qui l'anime. Un adversaire parfait pour Jodie Foster ! L'actrice est épatante du début à la fin, avec une palette de jeu aussi large que la maison est immense et que l'on voit se transformer peu à peu en une vrai guerrière ! Elle nous transporte dans son sillage, avec ce qu'il faut de force et de sincérité pour que l'on sente tous ce qui l'anime.
Une petite perle que je vous conseille fortement !