Écrire un scénario : les fondamentaux (17)

Certaines scènes du scénario ont besoin de tension dramatique. L’intrigue en particulier comme elle est la plus longue à écrire nécessite que de la tension soit insufflée régulièrement afin de maintenir l’attention du lecteur rivée sur le récit.

Il n’est pas facile d’écrire une scène avec une tension induite. C’est comme si nous pressions une éponge pour en extraire l’eau qu’elle contient. L’éponge est la scène et le jus obtenu serait alors de la tension dramatique.
Il n’est pas évident de mettre en place une scène avec les ingrédients nécessaires pour générer de la tension.
D’abord, la tension est une question d’enjeux. Lors de la séquence d’ouverture de Inglorious Bastards, Quentin Tarantino immédiatement pose les enjeux.

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Dans cette scène, la juxtaposition de la famille du fermier et l’arrivée des nazis crée un effet contrastant. Nous sommes persuadés de l’innocence (au sens pure du terme) de cette famille et notre mémoire collective nous rappelle que les nazis sont l’incarnation du mal.
La juxtaposition de ces deux concepts (l’innocence contre le mal) induit immédiatement de la tension. Ce type d’opposition fonctionne aussi avec des lieux ou même avec des objectifs pour les personnages.

Prendre le lecteur à contrepied sur ses attentes
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Nous connaissons l’objectif du Colonel. Nous savons quelle figure collective il représente. Néanmoins, Quentin Tarantino individualise le personnage en nous le présentant poli, engagé dans une conversation apparemment sans conséquence.
Tout cela cependant construit la tension.

La tension dramatique est quelque chose qui doit monter crescendo. Elle sera brutalement relâchée pour permettre au lecteur de reprendre son souffle (ainsi qu’aux personnages, d’ailleurs), mais c’est quelque chose qui s’intensifie progressivement avant d’être désamorcé par le scénario.

Le caractère blasé du Colonel renforce le mal qui nimbe ce personnage. La tension induite suinte de la relation étrange qui unit ces deux hommes dans cette scène particulière avec un ajout rapide d’ironie dramatique avec ce plan de la famille cachée sous le plancher.
Quand vous écrivez une telle scène, il faut prendre son temps. La tension dramatique est un outil qui demande un temps de préparation avant d’atteindre son apogée et de s’effondrer brusquement.

L’ironie dramatique (nous avons l’information que le Colonel recherche) va fixer davantage l’attention du lecteur qui ne lâchera pas la scène tant qu’il n’en aura pas la conclusion.
Comment cela fonctionne ? Simplement parce que cela sollicite le lecteur à anticiper ce qui peut se produire. Si cette famille juive échappe au Colonel, nous en serons soulagé. Et dans le cas contraire, nous serons sous le choc de leur capture.

Tension et suspense sont intimement mêlés. Le suspense consiste à retarder le plus longtemps possible les événements avant de procéder au relâchement de la tension. Ce qui laisse envisager que la scène peut être réécrite plusieurs fois avant que ce couple Suspense & Tension ne se distille avec puissance de celle-ci.
Cette amplification graduelle de la tension pèse de plus en plus sur le lecteur qui ne peut s’évader de ce qui se passe dans le scénario.

Le plus long : l’acte Deux

L’acte Deux est certainement le plus difficile à écrire (non pas qu’il soit moins technique que les autres) mais seulement il faut le remplir de conflits.
Et souvent, ce n’est pas évident et un auteur peut peut-être succomber à l’écriture de scènes où un personnage s’épanche dans une soliloquie à moins que celle-ci ne soit recherchée elle-même dans la tension (si votre personnage est schizophrène, par exemple).

ScénarioAfin d’éviter que l’auteur n’ait recours au remplissage de pages pour écrire son acte Deux, il peut être utile de subdiviser cet acte en séquences.
Dans l’exemple ci-dessus, il y a 4 séquences qui possèdent chacune leur propre climax (c’est-à-dire leur propre résolution).

La séquence 2 se conclut au point médian (qui est tout de même un moment de bifurcation important du scénario). La fin de la séquence 4 correspond au passage dans l’acte Trois.
La séquence 1 débute au passage dans l’acte Deux et cette séquence ainsi que la séquence 3 ont toutes deux une résolution à mi-chemin en amont et en aval du point médian.

Ce n’est qu’une proposition d’écriture. L’idée est de conserver une certaine forme d’énergie tout au long de cet acte Deux afin de ne pas ennuyer son lecteur.
Cette énergie nécessaire au scénario peut être un nouvel obstacle que le protagoniste doit surmonter. Ou bien, ce moment intermédiaire du récit peut vouloir augmenter les enjeux du héros, ce qu’il a à perdre devient encore plus prégnant sur sa détermination à mener à bien sa mission. Ce peut être simplement un revers de fortune (décidément tout va mal !).

L’art de la tension

Créer de la tension dans une scène n’est certes pas facile. Vous pouvez peut-être y arriver intuitivement. En tout cas, ce qu’il faut comprendre est que la tension est un peu comme un grand huit.
On monte en tension progressivement et on redescend brutalement.

Puis, un peu plus loin dans le scénario, la tension remonte lentement. Elle se construit à son rythme (qui ne doit pas être trop pressé) et d’un coup, elle est relâchée. Et vous faites cela, le nombre de fois que votre récit l’exige (ou comme vous le sentez).
L’idée est que le lecteur se demande toujours ce qui va bien pouvoir se passer ensuite.

Concernant la tension, nous vous conseillons la lecture de :

  • L’INDISPENSABLE TENSION DRAMATIQUE
  • FLUX & REFLUX DE LA TENSION
  • CREER DE LA TENSION DANS UNE SCENE
  • LA TENSION DRAMATIQUE & LE CONFLIT
  • L’INDISPENSABLE TENSION
  • RONALD B. TOBIAS ET LA TENSION DRAMATIQUE
  • LA TENSION PRINCIPALE
  • RETOUR DE TENSION
  • LA TENSION MAINTIENT LES ELEMENTS DE VOTRE SCRIPT
  • LE GRAND HUIT DE LA TENSION

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