Pour qui est amateur d’Albert Dupontel, on pouvait craindre que le bonhomme trash et anar’ perde tout ce qui fait le sel et l’originalité de ses productions en adaptant le Goncourt 2013 de Pierre Lemaître. Que nenni !!! Plus mature et moins dinguo que ses opus précédents, ce roman lui offre une matière conséquente pour livrer un film romanesque et poétique tout en conservant la virulence politique et la tendresse pour les marginaux qui l’anime. Qui a vu « Un long dimanche de fiançailles » de Jeunet va retrouver l’esprit de cette époque à travers une reconstitution parfois un peu trop travaillé mais sacrément taillé pour le grand écran. Dupontel a eu les moyens financiers de faire un grand film picaresque et épique et il y parvient ; les moyens mis en œuvre se voient dans les décors, les costumes, la mise en scène et même le casting. Tâche difficile mais but atteint : convertir en grand film populaire un livre fourni et un budget loin de celui avec lequel il réalisé « 9 mois ferme ». Devant la caméra, il offre un personnage plus sage sans perdre son âme ; mais c’est derrière la caméra qu’il veut prouver qu’il est à la hauteur du défi. Bon parfois, il en fait trop au point de nous étourdir avec ses caméras virevoltantes dans un décor immense. Mais travellings, plans séquences virtuoses tout y passe (drones, grues,…) pour mettre le spectateur au cœur du décor et de l’action. La scène d’ouverture en est une belle incarnation : à l’aplomb d’un chien courant dans les tranchées et slalomant entre obus et fumées, il parvient à destination et on découvre des poilus épuisés dirigés par un Lieutenant horrible joué par l’excellent Laurent Laffite. Et comme disait Hitchcock : il faut un bon méchant pour faire un bon film et c’est gagné. Mais le reste du casting est incroyable avec un Perez-Biscayat digne d’un comédien de la comedia dell’arte, Nils Arestrup égal à lui-même, Mélanie Thierry, Emilie Dequenne avec une dernière envolée incroyable, et puis tous les seconds rôles savamment choisis. Tout est là pour un des plus beaux films de l’année. Après on peut être étourdi à l’excès par un Dupontel lorgnant clairement du côté de Terry Gillian. On peut aussi manquer d’air devant un film hyper dense où les personnages auraient mérités de se poser un peu plus et d’être traité un plus en profondeur ; d’où ma frustration au vu de la qualité du film de ne pas avoir lu le roman auparavant. Trop vouloir en faire parfois : un pécher mignon qu’on lui pardonne tellement on sent le cinéphile derrière la caméra. En effet, il multiplie les clins d’œil au cinéma muet avec un Albert portant un costume très proche de celui de Keaton ; une adaptation d’une scène mythique de « Lumières dans la ville « de Chaplin avec une Mélanie Thierry et Albert de part et d’autres d’une grille ; et une petite fille, Louise, copie conforme du « Kid » de Chaplin. Pour toute ses bonnes raisons… courrez au ciné en famille.Sorti en 2017Ma note: 19/20
Pour qui est amateur d’Albert Dupontel, on pouvait craindre que le bonhomme trash et anar’ perde tout ce qui fait le sel et l’originalité de ses productions en adaptant le Goncourt 2013 de Pierre Lemaître. Que nenni !!! Plus mature et moins dinguo que ses opus précédents, ce roman lui offre une matière conséquente pour livrer un film romanesque et poétique tout en conservant la virulence politique et la tendresse pour les marginaux qui l’anime. Qui a vu « Un long dimanche de fiançailles » de Jeunet va retrouver l’esprit de cette époque à travers une reconstitution parfois un peu trop travaillé mais sacrément taillé pour le grand écran. Dupontel a eu les moyens financiers de faire un grand film picaresque et épique et il y parvient ; les moyens mis en œuvre se voient dans les décors, les costumes, la mise en scène et même le casting. Tâche difficile mais but atteint : convertir en grand film populaire un livre fourni et un budget loin de celui avec lequel il réalisé « 9 mois ferme ». Devant la caméra, il offre un personnage plus sage sans perdre son âme ; mais c’est derrière la caméra qu’il veut prouver qu’il est à la hauteur du défi. Bon parfois, il en fait trop au point de nous étourdir avec ses caméras virevoltantes dans un décor immense. Mais travellings, plans séquences virtuoses tout y passe (drones, grues,…) pour mettre le spectateur au cœur du décor et de l’action. La scène d’ouverture en est une belle incarnation : à l’aplomb d’un chien courant dans les tranchées et slalomant entre obus et fumées, il parvient à destination et on découvre des poilus épuisés dirigés par un Lieutenant horrible joué par l’excellent Laurent Laffite. Et comme disait Hitchcock : il faut un bon méchant pour faire un bon film et c’est gagné. Mais le reste du casting est incroyable avec un Perez-Biscayat digne d’un comédien de la comedia dell’arte, Nils Arestrup égal à lui-même, Mélanie Thierry, Emilie Dequenne avec une dernière envolée incroyable, et puis tous les seconds rôles savamment choisis. Tout est là pour un des plus beaux films de l’année. Après on peut être étourdi à l’excès par un Dupontel lorgnant clairement du côté de Terry Gillian. On peut aussi manquer d’air devant un film hyper dense où les personnages auraient mérités de se poser un peu plus et d’être traité un plus en profondeur ; d’où ma frustration au vu de la qualité du film de ne pas avoir lu le roman auparavant. Trop vouloir en faire parfois : un pécher mignon qu’on lui pardonne tellement on sent le cinéphile derrière la caméra. En effet, il multiplie les clins d’œil au cinéma muet avec un Albert portant un costume très proche de celui de Keaton ; une adaptation d’une scène mythique de « Lumières dans la ville « de Chaplin avec une Mélanie Thierry et Albert de part et d’autres d’une grille ; et une petite fille, Louise, copie conforme du « Kid » de Chaplin. Pour toute ses bonnes raisons… courrez au ciné en famille.Sorti en 2017Ma note: 19/20