Vu que la rentrée était plutôt chargée, on ne s’était attardé que sur les films les plus importants comme Ça, Blade Runner 2049, Detroit ou Au Revoir Là-Haut. Mais il y avait aussi quelques autres films qui méritaient (ou non) le coup d’oeil. On se penche donc sur Wind River, le Redoutable, Logan Lucky, le Fidèle et Mon Garçon.
Après les scénarios de Sicario et Comancheria, il était temps pour Taylor Sheridan de passer à la mise en scène. Et on peut dire qu’il le fait très bien avec Wind River. Il laisse cette fois les milieux arides pour plonger dans le grand nord dans un polar vraiment glacial. Tout commence évidemment avec la découverte d’un corps gelé et une enquête menée par Jeremy Renner et Elizabeth Olsen pour retrouver le coupable. Classique ? Un peu, mais comme le scénariste sait écrire des personnages intéressant et un cadre social complexe tout en y ajoutant de la tension et qu’il arrive à bien filmer tout cela, ce classicisme est régulièrement dynamité pour nous offrir un bon polar, souvent dur, parfois imprévisible, toujours juste.
Si Michel Hazanavicius a cartonné partout avec the Artist, il n’a toujours pas digéré l’échec de son film suivant, the Search. Cette fois, il retrouve une ambiance rétro et cinéphile qui lui réussissait avec le Redoutable. Il plonge en pleine période de mai 68 et s’intéresse aux débats intérieurs de l’inénarrable Jean-Luc Godard qui vient de sortir la Chinoise et qui remet son cinéma en cause. L’ambiance d’époque est là, le côté caustique aussi. Louis Garrel qu’on ne savait pas forcément à l’aise dans la comédie est ici excellent en adoptant le phrasé du réalisateur avec sérieux dans des contextes qui prêtent plus à rire. Jouant sur le décalage de l’égo de l’homme avec ses idées mais aussi sur certains principes du cinéma (le débat sur l’utilité des scènes de nu) et quelques runnings gags (les lunettes), le Redoutable est parfois exigeant mais fait heureusement régulièrement sourire.
Pour Mon Garçon, Christian Carion a invité Guillaume Canet a improviser la plupart de ses scènes. Mais ce n’est pas pour la méthode que cela fait un bon film. Ici, nous avons le droit à un polar à base d’enlèvement d’un fils que son père va chercher, quitte à franchir certaines limites. Et si les 2 premiers tiers sont vraiment intéressants, plongeant alors directement dans l’enquête aux côtés d’un personnage que nous apprenons à connaitre et qui voit ses certitudes familiales éclater, le derniers tiers oublie pourtant ce cadre intimiste en donnant à l’enlèvement une cause plus grande et retirant alors autant le mystère que la dramaturgie du film, et tombant alors à plat. Dommage.
Après la tentative américaine Quand vient la Nuit, le réalisateur flamand Michaël R Roskam revient sur ses terres, toujours avec Matthias Schoenaerts dans ses valises. Cette fois il s’embarque dans un polar combiné avec un drame amoureux dans lequel il invite également Adèle Exarchopoulos. L’histoire d’amour du Fidèle est sensuelle et drivée par l’adrénaline des braquages et le réalisateur est alors particulièrement à l’aise dans ce versant polar. Il est par contre dommage que la seconde partie qui s’oriente vers le drame intimiste aussi poussive qu’inattendue, perdant alors l’intensité du début comme elle s’oriente vers des choix parfois à la limite du ridicule. Dommage pour ce retour en demi-teinte.
Il avait dit qu’il arrêterait le cinéma, mais ce n’était évidemment qu’une promesse en l’air (un peu comme celle de Luc Besson qui avait dit qu’il arrêterait après 10 films). Steven Soderbergh est donc de retour avec Logan Lucky. Et pour fêter ça, il nous offre une version ploucs d’Ocean’s Eleven avec deux frangins poissards qui vont organiser un casse à la course de nascar du coin. C’est alors l’occasion pour le réalisateur de montrer son savoir-faire sur les portraits de personnages attachants et forts en gueule avec tout juste ce qu’il faut de portée sociale, d’émotion, de rythme et de répliques cinglantes avec un bon casting. C’est drôlement sympathique et ça se regarde tout seul.