Il y a des catastrophes que l'on ne peut prévoir. Et Justice League en est une grosse car non seulement il répond à nos pires craintes, mais il s'avère être encore plus mauvais. Les Avengers sauce Warner/DC Comics souffrent bien évidemment de tout les problèmes que l'on craignait voir, mais de nouveaux viennent s'ajouter au catalogue de tout ce qui ne va pas dans le DC Extended Universe.
Réalisé par Zack Snyder, qui a quitté le tournage pour laisser place à Joss Whedon pour des reshoots d'un coût de 25 millions, Justice League est l'un des rares blockbusters à souffrir d'un avant, la pré-production et le tournage, le pendant, le film tel qu'il est, et même finalement l'après, le teasing des suites. Tout ça est renforcé par l'une des plus mauvaises presses pour un film à gros budget, présentant uniquement les héros, niant inutilement la présence de Superman et ne présentant à aucun moment le méchant.
Les premières minutes du film nous présente un monde triste sans Superman, Batman, joué par un Ben Affleck qui n'en a plus rien à faire, sent une nouvelle menace venir et décide de réunir des hommes sans aucun passé, aucun univers autour d'eux, qui n'ont jamais sauvé personne : Aquaman, ultra-survolé, Flash, un comic-relief copié-collé de Quicksilver dans X-men et Cyborg, intéressant mais sans plus. Aidé de Wonder Woman, seule à jouir d'une évolution dans le film, cette pseudo-équipe doit combattre Steppenwolf, un méchant sans aucun charisme et aucune profondeur qui veut réunir trois boites (comme le cube cosmique dans Avengers, oui) pour faire quelque-chose, on ne sait pas trop quoi à la Terre.
En plein milieu de sa production, la fille de Zack Snyder s'est suicidé, le réalisateur de Man of Steel et Batman V Superman : Dawn of Justice décide par conséquent de quitter le tournage pour être avec sa famille. Et c'est le réalisateur d' Avengers que Warner choisit pour remplacer Zack Snyder : un très mauvais mélange, et on reconnaît parfaitement les scènes réalisées par tel réalisateur, car leurs styles sont à des années lumières l'un de l'autre. On retrouve de Whedon le comique et le coté très humain de certains passages. Mais c'est chez Zack Snyder que le film semble totalement avoir pris un autre chemin, le film est visuellement horrible, les scène d'actions sont molles et jouent trop sur les ralentis, et la bouillie numérique présentée est indigeste. Même la ferme de Superman est en fond vert. Il n'y a aucun moment épique même dans le retour de Superman ( Ouh la, SPOILERS !).
Pour un film censé introduire les héros qui n'ont pas eu leurs propres films, leur apporter une motivation, un background, montrer le retour de Superman, faire évoluer les personnages déjà existants, montrer un enjeu démesuré et un contexte sombre, le scénario est invraisemblablement simple. Un héros veut s'allier à d'autres héros pour combattre un méchant qui veut détruire le monde. Rien n'est présenté, ni concrétisé, étonnant de la part de Zack Snyder et de son amour pour les super-héros déjà montré dans Batman V Superman. Superman, dont le retour est vraiment bâclé, est inutile pour la suite, dont la resurrection a fait de lui un personnage de comic-relief très cliché, un Christopher Reeve junior. Le film n'est absolument pas conscient qu'il arrive beaucoup trop tôt et commet au final la même erreur de Batman V Superman à savoir un teaser de deux heures (trop court) pour les films solos à venir.
Après le sympathique Wonder Woman, les producteurs ne semblent pas avoir appris des erreurs de Batman V Superman:Dawn of Justice et de Suicide Squad. L'un jugé trop sombre, l'autre jugé trop fun, à aucun moment il ne mettent le doigt sur le véritable problème de leur entreprise cinématographique : ils sont trop pressés.
Léo Tyran