A l’approche des fêtes, Carlotta films nous propose une excellente idée cadeau pour tout les cinéphiles. Le 7e coffret ultra collector qui renferme cette fois non pas un mais 4 films cultes. Et pas n’importe lesquels puisqu’il s’agit de 4 films de l’immense Alfred Hitchcock, en pas des moindres. En effet, ce sont ici les 4 films produits par David O Selznick (Rebecca, les Enchaînés, la Maison du Docteur Edwardes et le Procès Paradine) qui sont présents avec de nombreux bonus pour nous éclairer ! Bref, un indispensable !
En 2013 Universal éditait un superbe coffre avec les films les plus connus d’Alfred Hitchcock ! Mais il y manquait tout de même quelques autres chefs d’oeuvre de sa période américaine. C’est donc chose comblée avec ce nouveau coffret qui regroupe les 4 films du maître du suspense produits par Selznick. Mais ne tardons pas plus et plongeons dans les détails !
Rebecca, le drame gothique
Sorti en 1940, Rebecca est la seconde adaptation de Daphné du Maurier par Hitchcock après la Taverne de la Jamaïque (et avant les Oiseaux). Mais l’ambiance est ici bien différente et va évoluer dans un récit conduit par la jalousie et la présence indicible d’une femme disparue. Car ici, il jeune servante tombe amoureuse de l’endeuillé Maxim de Winter. Et après un jeu de séduction à Monte Carlo, les épousailles sont rapides et ils partent donc s’installer dans la sombre demeure de Winter en Cornouailles. Mais l’accueil ne sera pas forcément au beau fixe, la servante de la précédente épouse perpétuant encore sa mémoire. Et petit à petit, la nouvelle Mme de Winter va en apprendre plus sur ce qui est arrivé à Rebecca et la personnalité de son mari.
Hitchcock passe donc ici de la romance légère de la première partie à un drame de plus en plus noir qui révèle toute la détresse d’un homme et la personnalité qu’une femme va devoir affirmer pour effacer de douloureux souvenirs. En ce sens, les acteurs (Laurence Olivier et Joan Fontaine) sont parfaitement guidés dans un décor gothique qui perd petit à petit ses personnages dans les ombres. En résulte un film passionnant sur les faiblesses de l’homme et la naissance d’une femme forte qui préfigure déjà superbement les autres chefs d’oeuvre à venir.
La Maison du Docteur Edwardes, l’enquête psychologique
En 1945, après quelques incartades (dont Soupçons, Cinquième Colonne, L’Ombre d’un Doute et Lifeboat), Hitchcock revient chez Selznick en adaptant un roman de Francis Beeding. Un choix particulier puisque pour ce nouveau film noir le réalisateur s’intéresse à un thème très peu abordé au cinéma à l’époque, celui des troubles psychologiques. Il débarque alors dans un hôpital psychiatrique et nous présente le docteur Petersen au caractère bien affirmé (Ingrid Bergman) qui doit faire avec un nouveau jeune directeur, le Dr Edwardes (Gregory Peck). Et dès la première moitié du film, un gros rebondissement survient quand on apprend que le Dr Edwardes n’est pas celui qu’il pense être. Mais alors qu’est-il arrivé au vrai Edwardes ? Qui est alors cet homme amnésique ? Qu’est-il arrivé et qui est responsable ? De nombreuses questions qui trouveront leurs réponses dans la seconde partie où Ingrid Bergman et Gregory Peck mènent l’enquête !
Film assez méconnu d’Hitchcock, la Maison du Docteur Edwardes est pourtant très riche, à la fois par son thème qui permet d’explorer de nombreuses choses dans la psychologie de ses personnages et dans le thriller ! Mais aussi par l’image, à travers laquelle il ne cesse d’innover. Ainsi il fait appel à Salvador Dali pour mettre en scène un rêve complètement psychédélique mais il ose également encore une fois mettre en scène la faiblesse de l’homme face à la détermination féminine, jusque dans son final qui ose tourner son revolver face au public. Une oeuvre étonnante qui vaut vraiment le coup d’œil dans la filmographie du maître.
Les Enchaînés, l’espionnage romanesque
Attention, on touche là à l’un des plus grands films du maître. Juste après la guerre, le réalisateur n’hésite pas à faire un film d’espionnage sur la traque des responsables nazis en fuite ! Et il embarque à nouveau Ingrid Bergman pour l’associer avec un Cary Grant fidèle au poste. Un espion séduit la fille dépravée d’un ancien criminel nazi pour qu’elle infiltre un groupuscule secret. Mais la séduction fonctionne dans les deux sens sans qu’ils ne se l’avouent vraiment.
On tombe ici dans ce qu’il y a de plus hitchcockien comme film avec d’un côté une histoire d’espionnage bien menée avec ce qu’il faut de suspense, de double jeu, de trahison et un macguffin efficace, et d’un autre côté une romance fabuleuse entre deux caractère forts qui forment un couple inoubliable. Dans les Enchaînés, tout s’articule parfaitement et Hitchcock maîtrise à merveilles les séquences qui font monter la tension (ah cette clé ! oh cette tasse empoisonnée !) mais jamais en dépit de ces personnages. En effet, le duo fonctionne à merveille et sur un pied d’égalité, ce qui en fait un sans doute l’un des couples les plus marquants de la carrière du maître. Bref, l’un de ses chef d’oeuvre absolus !
Le Procès Paradine, le film de cour
Enfin, plus méconnu, ce 4e film de l’association entre Hitchcock et Selznick, pollué par la main mise que tente de prendre le producteur voit le retour de Gregory Peck, cette fois-ci en avocat pour défendre Mrs Paradine (Allida Valli), soupçonnée d’avoir assassiné son mari. L’avocat tombe petit à petit sous le charme de la veuve noire mais le procès difficile va remettre les pendules à l’heure.
Ce film est certes plus anecdotique car tournant sur une enquête suivie d’un procès, genre de film de chambre dans lequel il peut être parfois difficile d’avoir du suspense même si Hitchcock le maîtrise toujours aussi bien que ses décors pour maintenir une tension et la surprise de révélations. Mais l‘intérêt du film se révèle finalement plus dans les performances des acteurs qui sont, dans les dernières scènes, assez bouleversants. A voir.
Les bonus, de Truffaut à Bouzereau
Avec 4 grands films d’Hitchcock, il fallait évidemment se montrer à la hauteur et l’éditeur nous gâte dans se coffret. En effet, pour chaque film, nous avons le droit à chaque fois à 15 minutes d’analyse par Laurent Bouzereau (spécialiste du documentaire de film ayant travaillé de nombreuses fois sur Hitchcock et Spielberg) qui permettent d’avoir toutes les clés pour décoder l’oeuvre du maître. Mais il y a également à chaque fois le décryptage par Hitchcock et François Truffaut eux-mêmes, issus du livre culte de l’ancien critique et cinéaste passionné par le maître du suspense.
Puis il y a un cinquième disque qui, en réponse à ces décryptages nous propose un documentaire sur la genèse du livre Truffaut/Hitchcock et la relation qu’avaient développé les deux hommes. On y retrouve également un entretien avec le fils de David Selznick qui revient sur la collaboration des 2 hommes, tout un documentaire sur la vie de Daphne Du Maurier et enfin des images muettes de la vie de famille ou sur les plateaux du maître.
Un contenu vraiment riche, qui l’est encore plus avec la présence dans ce coffre ultra collector du livre la Conquète de l’Indépendance qui regroupe une série d’articles d’époque et d’entretiens qui permettent de comprendre l’apport de Selznick à Hitchcock et l’importance de leur collaboration et de leurs films. Bref, tout cela fait de ce Hitchcock, les années Selznick un cadeau de prestige pour tout cinéphile !