Les conseils d’écriture de Joyce Carol Oates

Par Nathalielenoir

Je vous propose de passer un instant en compagnie de l’une de mes romancières favorites, l’immense Joyce Carol Oates, qui a confié au Guardian quelques unes de ces règles d’écriture. Elles sont destinées à l’art romanesque mais s’appliquent à vrai dire à bien des types d’écritures… 

Née en 1938, Joyce Carol Oates est sans conteste l’une des plus grandes romancières contemporaines. Elle a signé une quarantaine de romans, dont Blonde, We were the MulvaneysThe Gravedigger’s Daughter, My sister my love, (et une dizaine de romans policiers sous pseudos), près de trente recueils de nouvelles, mais aussi des pièces de théâtre, des essais, de la poésie… Son oeuvre a été honorée près de vingt fois, dont une fois en France, avec le Prix Fémina du Meilleur Roman Etranger pour The Falls, en 2005.

Depuis 1964, elle brosse un portrait quasi sociologique de la société américaine, disséquant toutes les couches sociales et s’inspirant souvent de faits divers. Etrangement son oeuvre n’a été adaptée que rarement adaptée à l’écran, la dernière fois par François Ozon avec L’amant double.

Voici les conseils d’écriture, pleins d’humour et de finesse, que Joyce Carol Oates a confiés au Guardian, et leur traduction:

1. Don’t try to anticipate an « ideal reader » – there may be one, but he/she is reading someone else.

N’essayez pas d’anticiper un lecteur « idéal » – il existe peut-être, mais il lit un autre auteur.

2. Don’t try to anticipate an « ideal reader » – except for yourself perhaps, sometime in the future.

N’essayez pas d’anticiper un lecteur « idéal » – sauf peut-être pour vous même, un jour dans le futur.

3. Be your own editor/critic. Sympathetic but merciless!

Soyez votre propre éditeur/critique. Empathique mais sans pitié!

4. Unless you are writing something very avant-garde – all gnarled, snarled and « obscure » – be alert for possibilities of paragraphing.

A moins d’écrire un texte très « avant-garde » – tout noueux, grondant et obscur – soyez à l’affût des possibilités de créer des paragraphes.

5. Unless you are writing something very post-modernist – self-conscious, self-reflexive and « provocative » – be alert for possibilities of using plain familiar words in place of polysyllabic « big » words.

A moins d’être en train d’écrire quelque chose de très postmoderne  – conscient de soi, autoréflexif et « provocateur » – soyez à l’affût des possibilités d’utiliser des mots simples et familiers en lieu et place de « grands » mots polysyllabiques.

6. Keep in mind Oscar Wilde: « A little sincerity is a dangerous thing, and a great deal of it is absolutely fatal. »

Gardez en tête cette maxime d’Oscar Wilde: « Une légère dose de sincérité est dangereuse, et une large dose est absolument fatale. »

7. Keep a light, hopeful heart. But expect the worst.

Gardez un coeur léger et plein d’espoir. Mais attendez-vous au pire.

Je surkiffe, pas vous? 😉 Si vous appréciez la plume de Joyce Carol Oates, je vous recommande vivement le joli portrait que lui a consacré The Guardian et cet intéressant témoignage.

Je vous recommande vivement la lecture du journal de Joyce Carol Oates. Définitivement l’un des plus inspirants en la matière:

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