[1 CINÉPHILE = 1 FILM CULTE] : Le Journal de Bridget Jones

Par Fuckcinephiles

#39. Le Journal de Bridget Jones de Sharon Maguire (2001).

" Quand on est une fille ou jeune femme, cela fait toujours cliché de dire qu’on aime Bridget Jones, voire même qu’on s’identifie à elle. J’ai toujours apprécié cette héroïne avant de vivre des choses comme elle. Je l’aime de plus en plus depuis que je suis devenue une adulte avec des problèmes d’adulte. Bridget est attachante justement parce qu’elle est imparfaite. Elle fume trop, boit trop, mange trop, ne fait pas assez de sport, lit des bouquins sur le bonheur et les rapports hommes-femmes complètement stupides. Son corps ne ressemble pas non plus aux standards de beauté attendus, elle se fait également vite des films sur les mecs qu’elle rencontre, se fout dans des situations inconfortables et raconte aussi beaucoup de bêtises. Mais sa sincérité, sa jovialité et sa spontanéité prennent aussi le dessus sur ses nombreux défauts. 



Finalement Bridget, c’est moi, ça peut être aussi toi qui me lis. Comme elle, je me sens parfois paumée, notamment avec les mecs. Il y a ce souhait enfoui au fond de moi de rencontrer mon Darcy alors que je veux montrer en apparence tout le contraire. Comme Bridget, j’ai eu le malheur d’avoir des relations que je n’aurais pas dû avoir dans un cadre professionnel (Dieu merci, je n’ai pas couché avec mon boss !).
Bridget Jones est un personnage a priori très moderne : l’intrigue est pourtant une reprise très remaniée de celle d’Orgueil et Préjugés de Jane Austen, qu’on ne présente plus. Elle est précisément née dans les années 90 dans les colonnes de journaux connus (The Independent et The Daily Telegraph). Je pense qu’il faut se remettre dans le contexte de cette époque (pas si lointaine) pour encore mieux apprécier l’importance de ce personnage très populaire mais certainement encore un peu dénigré par certaines élites. Avec Carrie Bradshaw et Ally McBeal, Bridget Jones fait partie de ces femmes qui subissent une certaine pression de la société : elle a 30 ans, elle travaille, a des amis, s’amuse mais elle n’est toujours pas casée. Et à cette époque pas si lointaine donc, ce n’était pas si bien vu ne pas être mariée et sans enfants à cet âge-là. Et Bridget est un personnage coincé par tous ces discours entendus depuis toujours dans toute la société : elle peut s’épanouir dans cette vie de célibataire mais rêve aussi, comme la société lui a dicté, d’une vie banale avec un mari.


J’ai adoré lire le roman de Helen Fielding, un must de la chick-lit et l’adapter n’était pas si évident. Bon, on dirait que j’en parle comme si c’était du Proust. Ce que je veux dire, c’est qu’il fallait réussir à retranscrire le bon ton sans tomber dans un style littéraire (comme le titre l’indique, c’est un « journal », ça aurait pu être très barbant à l’écran : ce n’est pas le cas). Et le film de Sharon Maguire a le mérite de ne pas tomber dans cet aspect littéraire qui aurait pourtant pu exister. Dans l’ensemble, il est assez fidèle au texte : l’ensemble est frais, dynamique, drôle. De plus, les quelques modifications faites sont finalement judicieuses, peut-être plus que dans l’ouvrage (notamment la fin, plus marquante dans le film que dans l’œuvre de Fielding). Je concède sur un point : il est peut-être un poil cucul. Mais j’ai envie de dire juste comme il le faut. Finalement, ça fait des lustres que je n’ai pas vu une véritable comédie romantique de ce type, qui parle véritablement à la femme d’aujourd’hui, en la faisant rêver juste comme il le faut. Et face au renouveau de la romcom en nous mettant à tout prix du trash, revenir à quelque chose de douillet qui fait rêver ne fait pas tant de mal que ça.
Bridget Jones n’est pas du tout incarnée par une Britannique. Ce choix fut au début très choquant : pourquoi avoir choisi une Texane pour interpréter une pure Londonienne ? 


Pourtant, notamment en travaillant sur son accent, Renée Zellweger se glisse merveilleusement bien dans le rôle de Bridget. On ne verrait finalement personne d’autre pour incarner à la perfection cette héroïne banale et pourtant exceptionnelle par sa banalité justement. Autres choix judicieux : Colin Firth pour incarner Darcy… lui qui l’avait interprété dans la mini-série Orgueil et préjugés ! (et c’est encore plus drôle quand on pense à un passage en particulier du deuxième tome) et Hugh Grant pour incarner le beau gosse dragueur/harceleur… image phare de la comédie romantique britannique ! "
TinalakillerPseudo prof de français, je suis avant tout une petite cinéphile (par la taille bien sûr) globalement curieuse. Néanmoins, ce sont les classiques américains comme 12 Hommes en colère et Mr Smith au sénat, les cinéastes « cannois » (Moretti, Almodovar, Loach) ou encore les comédies anglaises (Monty Python forever) pour ne citer que ces exemples qui ont construit mon identité cinéphilique. 
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