Voilà le retour de Guillaume Gallienne quatre ans après son triomphe "Les Garçons et Guillaume, à table" (2013). Pour cette histoire, le sociétaire de la Comédie Française, réalisateur-scénariste-producteur s'inspire librement d'une femme qui lui aurait raconté sa vie voici déjà quelques années. Les années passant, Gallienne avoue : "... ma mémoire en a fait autre chose."... Dans le rôle titre le cinéaste a choisi une collègue de la Comédie Française, la méconnue Adeline D'Hermy. Cette comédienne expérimenté sur les planches a pourtant déjà tourné pour le Grand Ecran mais dans des tous petits rôles, voir des apparitions comme dans "Bus Palladium" (2010) de Christopher Thompson, "Camille Redouble" (2012) de Noémie Lvovsky et "Yves Saint-Laurent" (2014) de Jalil Lespert. Gallienne voulait un visage inconnu pour incarner cette provinciale qui monte à Paris et qui va croiser la route de personnages plus connus ou plus installés joués par Vanessa Paradis, Alice Pol, Eric Ruf, Venantino Venantini, Xavier Beauvois ou encore Pascale Arbillot.
Gallienne s'est, semble-t-il, laissé inspiré à l'insu de son plein gré par Cendrillon également, en effet, le cinéaste est également metteur en scène et a signé il y a peu la pièce "La Cenerentola" de Rossini au Palais Garnier. Il dit à ce sujet : "Il y a, sans doute, une influence du moment, Cendrillon m'a habité tout ce temps et cela rejaillit sur Maryline, en effet."... Maryline est donc une Cendrillon moderne et Vanessa Paradis la bonne fée... On suit donc Maryline, qui quitte sa famille après un deuil pour monter à Paris tenter sa chance en tant qu'actrice de cinéma. Dès le début du film on constate une chose, c'est que la bande-annonce (comme toute la promo) n'est pas du tout représentative puisque la légèreté de ton, voir la comédie, le côté aventure road-movie féministe n'est en fait qu'un mélo sur une ascension somme toute assez banale. Maryline s'avère être une jeune femme timide voir coincée qui se réfugie dans l'alcool. Loin d'être anecdotique l'alcool devient la ligne directrice du récit, sans même que Guillaume Gallienne semble s'en rendre compte à aucun moment !
Malheureusement ce paramètre parasite le propos, on ne voit plus que ça, une alcoolique qui va s'en sortir. Manquerait plus qu'une séance aux Alcooliques Anonymes. La vraie bonne idée du film est très bien expliquée par Gallienne : "Pour moi, Maryline est une héroïne de la modestie, une héroïne de tous les jours. Elle me fait penser à cette phrase de Guitry : "Il n'y a rien de plus triste qu'un femme qui ne sait pas qu'on la regarde."... Et effectivement, Maryline est le magnifique symbole de la modestie mais Gallienne confond modestie avec timidité maladive. Deux séquences caricaturales et dures prouvent d'ailleurs que la modestie à bon dos. Ajouté à cela le fait que jamais Maryline n'agit d'elle-même, jamais elle a un sursaut pour s'en sortir, jamais elle ne se réveille, Maryline reste une soumise qui n'est sauvée que par les autres et les évènements qu'elle subit plus qu'elle n'assume. Le cinéaste offre quelques jolis moments de grâce mais le montage, la chronologie, le sens du rythme est un réel soucis, on est un peu dans la cacophonie narrative. Avec une mauvaise actrice ou un mauvais choix de casting ça aurait pu être catastrophique mais heureusement Gallienne trouve une perle rare, Adeline D'Hermy est une merveilleuse Maryline, elle magnifie le personnage, elle est à la fois émouvante et fragile et porte le film de belle manière.
Note :