Au dernier festival de Deauville, les jurés n’avaient qu’un titre de film à prononcer, celui du mystérieux et poétique film de David Lowery, A Ghost Story. Loin d’être un film d’angoisse, c’est surtout un beau film sur le deuil, la mort et la mémoire travers le temps qui nous est offert, si l’on arrive à plonger dedans.
Cadre resserré comme tourné en super huit, réalisation posée pour voir rapidement le quotidien d’un couple qui s’aime et dont le mari est profondément attaché à la maison. Mais un accident va tout changer, le mari revenant hanter la maison non pas pour se venger mais pour assister avec une immense tristesse au deuil de sa femme puis au défilement du temps.
Autant le dire tout de suite, sous la simplicité apparente d’une histoire de fantôme, le film de Lowery n’est pas forcément le plus accessible et demande une véritable profession de foi de ses spectateurs. Ne serait-ce que pour dépasser le kitsch possible du fantôme avec juste un drap ou une longue scène de dégustation de tarte, il faudra faire un effort pour aller plus loin. Mais dès que l’on accepte ce choix très arty, alors quelque chose de bien plus grand nous attend.
En effet, le film s’engage ensuite dans une dimension minimaliste et magnifique, plongeant notre fantôme dans les affres de la solitude, de l’abandon et de l’oubli, nous interrogeant alors sur l’après et sur les souvenirs de ceux qui nous entourent. Avec une mise en scène posée et mais parfaitement étudiée et aussi une bande-originale discrète et touchante (mention spéciale pour la chanson de Casey Affleck), il touche et nous embarque.
A Ghost Story se permet même le luxe d’aller encore plus loin et d’imposer cette présence de l’esprit dans une grande réflexion sur le temps et la boucle de l’oubli qui rend un souvenir fantôme, s’aventurant sur un terrain mystique et métaphysique aussi passionnant que le film est sincère.
Bref, A Ghost Story ne sera pas facile d’accès mais si on accepte de passer le cap, c’est un fantastique et magnifique voyage dans le temps et la mémoire qui nous attend, ce qui en fait sans aucun doute l’un des plus beaux films de l’année.