Encore une production de l'omniprésent Netflix, qui fait son buzz actuellement pour un éventuel évènement en lorgnant sur des nominations prestigieuses aux prochains Oscars. Adapté du roman éponyme (2008) de Hillary Jordan (blanche) la réalisation du film est offerte à la méconnue Dee Rees (afro-américaine) qui signe (réalisatrice + co-scénariste) donc là son second long métrage après 5 films (courts métrages, documentaire, téléfilms), un premier long métrage avec l'inédit "Pariah" (2011). Pour cette fresque qui relie petite et grande Histoire dans le Mississippi ségrégationniste, et qui unit malgré eux une famille afro-américaine et une famille blanche, il a été choisit un joli casting. Pour la famille blanche, le patriarche raciste est joué par Jonathan Banks, habitué aux rôles de salauds ou du moins ambigu, le couple marié est joué par le duo Jason Clarke (après avoir été en 2016 de Cédric Jimenez) et Carey Mulligan (pas vue depuis "Les Suffragettes" en 2015 de Sarah Gavron), tandis que le frère de l'époux et vétéran de 39-45 est joué par Garrett Hedlund qui finit une belle année après "Un jour dans la vie de Billy Lynn" (2017) de Ang Lee.
Pour la famille afro-américaine, les parents sont interprétés par un duo surtout vu dans des séries TV, Rob Morgan et la chanteuse r'n'b Mary J. Blige, dont un des enfants, également vétéran 39-45 est incarné par Jason Mitchell pour qui cette année 2017 sera assurément un tournant après (2017) de Kathryn Bigelow et "Kong : Skull Island" (2017) de Jordan Vogt-Roberts... Le film suit donc le destin de deux familles, et plus particulièrement de deux ainés qui reviennent de la guerre. Une famille afro-américaine qui travaille la ferme en tant qu'employée depuis des générations d'une famille blanche qui débute dans le domaine. Chacune de ces familles à un fils qui part à la guerre et qui revient, ces deux derniers vont devenir amis dans un contexte de forte ségrégation dans un des états du Sud les plus racistes. On est donc dans une fresque qui traite autant de la ségrégation que du syndrôme post-traumatique. Le film alterne en parallèle sur le quotidien des deux familles qui sont liée par la force des choses, avec une utilisation importante des voix Off. Si on salue la qualité du scénario avec une belle gestion des 4 destins différents (les deux ainés + les deux familles) on constate vite que les voix Off sont aussi omniprésentes que superflues.
On salue les performances d'acteurs, en premier lieu desquels Jason Mitchell, Garrett Hedlund, Carey Mulligan et Rob Morgan. Niveau décors/costumes/reconstitutions c'est malheureusement plutôt bancal, ou en tous cas parfois maladroit. La partie ferme avec boue, verdure, travail harassant le tout baigné dans une lumière un peu bleutée n'est pas sans rappeler (toute proportion gardée !) des films comme "La Porte du Paradis" (1981) de Michael Cimino avec le souffle épique en moins. On peut penser aussi aux films du genre en forte recrudescence depuis quelques années dont le récent (2017) de Jeff Nichols. On remarque quelques faux raccords (chemise mouillée sous la pluie, et puis non !) mais la partie la plus médiocre, voire râtée, est celle en Europe pendant la 2nde Guerre Mondiale. Une guerre qui semble bien "propre" à l'exception de deux moments. Néanmoins Dee Rees signe un drame sur un petit pan d'Histoire qui reste beau, terrible et poignant.
Note :