Supposons que vous ayez planifié toutes vos scènes et que vous estimiez qu’elles sont pertinentes avec l’histoire que vous cherchez à raconter.
Maintenant, il va bien falloir les concrétiser, leur donner une consistance.
Considérons qu’une logique interne est à l’œuvre dans la succession des scènes envisagées. Pour justifier ces scènes, il y a une raison et celle-ci est quelque chose qui peut se produire ou qui doit se produire. Les choses s’ajoutent en couches successives et le lecteur peut alors anticiper ce qui pourrait se produire ensuite.
Cette anticipation est la clef pour maintenir l’attention du lecteur sur l’histoire.
Elle fonctionne parce que vous avez établi entre vos scènes une relation de causes et d’effets. L’effet possible est obtenu en se demandant simplement pourquoi cette conséquence a lieu. S’il y a conséquence, c’est le résultat d’une action qui l’a forcément précédée.
En répondant aux pourquoi des effets, vous vous tracez une trajectoire claire. Mais où trouver la réponse à ces questions ?
Dans le passé des personnages.
Creuser le passé sans nostalgie
Toutes vos scènes ne s’ancrent pas nécessairement dans le passé. Vous pouvez néanmoins considérer faire référence à celui-ci lorsqu’une scène ou un tournant majeur de l’histoire ne possèdent pas encore une légitimité dans l’ensemble.
Sans cette justification, elle ne sera pas crédible et le lecteur ne lui donnera pas un blanc-seing.
Le pourquoi d’une scène permet de la cristalliser de manière sensible pour le lecteur. Il pourra lui donner de la signification. Concernant les points majeurs de l’histoire (qui sont aussi une scène), comme ce sont des étapes incontournables par lesquelles doit passer l’histoire, il est essentiel de vérifier qu’ils sont crédibles.
Donner de la consistance à une scène, c’est lui fournir de la matière donc des détails. Et ces détails sont précisément ce dont vous avez besoin pour faire avancer votre intrigue. D’autant plus que chaque détail que vous ajouterez à une scène en engendrera d’autres qui se manifesteront dans d’autres scènes (antérieures comme postérieures d’ailleurs).
Quand on construit son intrigue, les possibilités narratives sont nombreuses. Pour savoir quel sera le contenu le plus pertinent, il suffit de se poser la question de savoir pourquoi tel ou tel contenu a besoin de se produire. Mais se persuader du besoin d’une scène n’implique pas qu’elle soit réellement possible. L’auteur doit donc s’assurer que ce qu’il envisage est effectivement possible.
Le mieux consiste à se livrer de nouveau à un petit brainstorming. Et en fin de compte, adopter la solution qui paraît la plus simple c’est-à-dire la plus logique en regard non seulement des circonstances spécifiques de la scène mais aussi de la personnalité des personnages (dont on sait que celle-ci est fortement imprégnée de leur passé).
La lutte personnelle du personnage principal
Ce qui se passe en-dedans du personnage est ce qui passionne certainement le plus le lecteur (et à fortiori, le lecteur d’un scénario). Le combat personnel du héros justifie l’intrigue. Ce qui se produit dans l’histoire (du moins la raison de cette survenue) doit être déterminé selon les différentes étapes psychologiques par lesquelles va passer le héros.
Plus vous approfondirez la vie passée d’un personnage, plus vous vous orienterez vers le cœur de quelque chose de plus intime, de plus personnel et de bien plus intrigant. Ce sera la raison subjective qui motive votre personnage principal.
L’auteur doit s’assurer que l’extérieur de son histoire et l’intérieur du personnage œuvrent tous deux vers une même signification. Les événements sont logiquement possibles et psychologiquement viables.
Et si entre deux scènes que vous avez planifiées, vous vous apercevez qu’il manque des choses, que la transition entre deux scènes n’est pas parfaite, profitez-en pour préparer le conflit à venir. Ces scènes de préparation intensifient le moment, augmentent le suspense jusqu’à la scène que vous avez prévue qui viendra alors relâcher la tension pour que les personnages et le lecteur reprennent leur souffle en quelque sorte.