Musicienne, chroniqueuse radio et cinéphile, l'amie Margot Amrani a souhaité se prendre au jeu du bilan cinéma annuel. Avec un amour indéniable pour Moonlight et James Gray.

Et bien, il est temps que je me le dise : c'est sans doute Moonlight de Barry Jenkins. Après avoir regardé en boucle la bande-annonce à sa sortie il y a maintenant un an et demi, j'attendais le film avec évidemment beaucoup d'impatience. Il y avait déjà tout pour plaire : l'histoire en premier, puis la mise en scène, la chair, les souvenirs, et cette lumière aux néons qui me fascine... Mais ce fut un peu plus que tout cet apanage : dix mois plus tard, j'ai encore en tête un grand moment de cinéma. Je crois que c'est simplement un film où tout fait sens et où rien ne questionne. Il y a le début et la fin, et entre ces deux, une vie à parcourir. J'y ai vu celle de Chiron, le personnage principal bien sûr, mais aussi la mienne. Ce qui reste ensuite ? La grâce, peut-être bien.

A part le dialogue final de Moonlight , il y aurait bien une scène, mais c'est en fait plus une image. Celle qui clôt Z The Lost City of de James Gray : en quelques secondes, les couleurs et les sons nous dévorent, comme le lieutenant Fawcett et sa jungle. La manière dont la beauté de l'image se mêle à la tristesse du propos est une des plus belles choses que j'ai vues cette année.

La performance de l'année : Je dirais Joaquin Phoenix dans A Beautiful Day de Lynne Ramsay. Je suis amoureuse de ce mec et de sa carrière que je trouve folle. Le film de Ramsay a quelque part été une déception de mon année ciné mais il faut au moins le voir pour l'acteur. Il est physique, poignant, et même drôle. C'est un tout. Cela dit, je porte Jeanne Balibar en Barbara non loin derrière.

Evenement audiovisuel 2017 : La troisième et ultime saison de The Leftovers ! Je suis si triste que la série reste confidentielle et peu connue en dehors d'un public averti. Mais il s'agit d'un véritable chef-d oeuvre de série selon moi. Je la suis depuis le début et ce dernier chapitre ne pouvait être plus grandiose ni intelligent. La toute dernière scène notamment (un simple dialogue) est une leçon d'écriture.

Le film le plus surestimé de 2017 : Que l'on me pardonne mais je vais dire . C'est un La La Land film, même enchanteur voire émouvant par fulgurances. Je n'y ai simplement pas vu l'oeuvre de la décennie contrairement à d'autres. bon

Le film le plus sous-estimé de 2017 : Un beau soleil intérieur de Claire Denis m a bouleversée et quel dommage qu'il n'ait pas trouvé de public ! Il y a quelque chose de doux-amer et de profondément humain (avec tout ce que ç'a de gaffes, balbutiions, gêne, et surtout de rire) dans celui-là que je n'ai pas vu ailleurs cette année. Regarde ce film!

Sans hésiter le Blade Runner 20 49 de Denis Villeneuve car il m'a fait passer par différents états émotionnels. Du choc à l'admiration en passant par l'incompréhension à la première vision, et puis vient cette jouissive impression d'être face à quelque chose qui tente dans tous les cas sa chance au rang de monument.

Vos films les plus attendus pour 2018 : L'évident , Call Me By Your Name, Ladybird pour son casting de dingue, le prochain Dolan, et puis si Park chan-Wook voulait nous pondre un nouveau bijou en 2018, je ne serais pas contre ! The Sisters Brothers

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