On met les dès de côté pour sortir les manettes, Jumanji a changé de génération pour un produit de son temps. Au programme, un jeu 2,0 avec ses imperfections et Dwayne Johnson au casting.
Cette année aura su réveiller cinéphiles nostalgiques en leur proposant de nouvelles relectures des mythes qu'ils ont connus. Lynch nous a fait vivre un deuil le temps d'une saison à Twin Peaks tandis que Rian Johnson suscite la passion et la colère des fans de Star Wars par la destruction de ce mythe. Mais si certains détruisent des mythes pour mieux les convoquer, d'autres préfèrent passer le relais entre plusieurs générations pour la faire évoluer. Et c'est ce que tente de faire Jake Kasdan, réalisateur de comédies grasses comme Bad Teacher et Sex Tape, en nous replongeant dans l'univers de Jumanji, découvert dans les années 90 avec le film-culte de Joe Johnston avec Robin Williams et le dessin animé diffusé à la télé quand la Columbia transposait tous ses succès au petit écran ( Godzilla ou Men In Black y ont eu droit aussi). Dès sa première séquence, le film expose cyniquement son postulat de base : Qui joue encore à un jeu de société ? s'interroge ce jeune homme présenté à l'écran comme un ado des années 90 (à savoir adolescent fan de Metallica jouant à la Playstation 1), avant de se faire avoir par le jeu en question transformé alors en console vidéo-ludique. Une ellipse passant vingt années et le ton est donné : La franchise se doit d'être remise au goût du jour pour mieux attirer le jeune public et si le public d'autrefois risque d'être décontenancé par ce Jumanji 2.0, celui d'aujourd'hui pourrait être séduit par ce qui est évoqué dans ce reboot.
Passons outre le ton si corporate et générique qu'est ce nouveau Jumanji. Car il faut le dire, tout le film transpire le pur produit formaté par Sony. A un point où dès les cinq premières minutes, on peut facilement être révulsé par ces nombreuses apparitions des produits de la firme (Bon, d'accord, c'est cohérent dans le sens où le héros est un nerd accro aux jeux-vidéos mais quand même). Un pur produit, oui, mais dans l'ère du temps auquel il a été conçu. Mais d'une prise de position présenté de manière cynique, le film surprend dans sa manière à reprendre astucieusement les spécificités du nouveau support de jeu. Là où les dés permettaient à Allan Parrish et des jeunes héros à avancer dans le jeu de société, l'environnement ici devient plus dense, plus libre avec des personnages destinés uniquement à faire ce qui leur a été programmé (amener les personnages principaux à tel endroit, entre autres) ou le nombre de vies accordés aux avatars du jeu. Cela donne au film des situations très cocasses qui savent amuser la galerie par fulgurance tout le long de cette histoire.
Une histoire beaucoup trop longue dont on connaît rapidement l'issu lorsque l'on a déjà vu ne serait-ce qu'une seule fois dans sa vie un film avec comme prémisse de départ : Des lycéens que tout oppose vont apprendre à mieux se connaître une fois qu'ils seront rassemblés pendant une colle. Difficile de ne pas penser à ce que John Hughes avait fait avec Breakfast Club en voyant comment se lance ce nouveau Jumanji avant de se poursuivre comme une comédie d'aventure ayant les qualités et les tares de la grosse production comique US d'aujourd'hui. Saluons tout d'abord le casting du film : Toujours un plaisir de retrouver Dwayne Johnson en pleine auto-dérision comme dans l'agréable transposition cinématographique de Baywatch sorti cette année, et le reste du casting n'est jamais écarté de l'écran : Peu importe que l'on aime ou pas Kevin Hart, Karen Gillian, The Rock ou Jack Black, aucun d'entre-eux n'est privilégié et l'alchimie se créant entre eux parvient à créer des purs moments de comédie. Des moments de comédies qui marchent instantanément mais dont l'humour gras nous fait interroger quant à sa place dans Jumanji, production destinée initialement à la famille. Mais puisque c'est la nouvelle génération, il faut supposer que les scènes où l'on apprend à uriner sont destinées à plaire à ce nouveau public.
Au final, Jumanji : Bienvenue dans la jungle se présente donc comme un divertissement industriel ancré dans son temps. Ancré en raison de ses imperfections et ses points forts qui risque d'exaspérer certains mais qui peut vite séduire si l'on ne cherche juste qu'à vivre un simple moment en compagnie de The Rock et Kevin Hart en jouant avec eux.
Victor Van De Kadsye