Un Eléphant, ça trompe énormément (1976) de Yves Robert.

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Ce projet s'est dessiné lors d'un repas entre Yves Robert et Jean-Loup Dabadie, ce dernier précisant : "On était comme deux dégoûtés du système. On avait envie de faire un film où on ne serait pas soumis aux caprices des stars ou aux atermoiements des producteurs. Un film pour nous, entre amis, avec de bons acteurs dont nous aurions envie et qui auraient envie de nous."... Les deux hommes écrivent ainsi un scénario à quatre mains sur un thème qu'ils connaissent déjà bien, Yves Robert ayant déjà signé par exemple "Les Copains" (1964) et Dabadie est l'auteur de "Vincent, François, Paul et les autres" (1974) de Claude Sautet dont il est un fidèle.

Les deux compères écrivent avec trois acteurs en tête, Dabadie choisit Guy Bedos et Claude Brasseur, Yves Robert veut Jean Rochefort tandis que Victor Lanoux arrivera plus tard, lui qui ne gravit les échelons que depuis 3-4 ans. Les trois premiers ont déjà tourné pour Yves Robert, Rochefort tourne donc là son 5ème film sur 9 avec le cinéaste, Bedos en est à son 4ème sur 5, Brasseur a déjà joué aux côtés de Bedos et Rochefort. Ils se retrouveront par ailleurs tous pour la suite "Nous irons tous au Paradis" (1977) avec la même équipe mais aussi plusieurs années plus tard pour "Le Bal des Casse-Pieds" (1992)... Pour les femmes les rôles principaux sont tenus par ma délicieuse Danièle Delorme, Anny Duperey et Marthe Villalonga. On s'amusera à reconnaître les jeunes Jean-François Derec et Anémone. On suit donc 4 copains quadras, un médecin célibataire et hypocondriaque qui a une maman abusivement possessive, un cadre fonctionnaire marié qui tombe amoureux d'une autre femme, un vendeur de voiture célibataire grande gueule qui a un secret et enfin un macho marié et dragueur invétéré. Outre les 4 amis, les seconds rôles ne manquent pas de sel, entre la maman abusive à l'ado aux idées lubriques, les rencontres sont souvent explosives.

Le film s'ouvre sur un prologue mémorable, clin d'œil savoureux à la scène mythique avec Marylin Monroe dans "Sept ans de Réflexion" (1955) de Billy Wilder. La vraie bonne idée de l'histoire reste la voix Off de Jean Rochefort qui l'impose donc comme le personnage principal mais qui ajoute un effet comique aussi judicieux que subtil puisqu'il décrit toujours une chose à son avantage alors que les scènes nous montrent l'inverse. L'autre bon point est de montrer que les 4 amis, quand ils sont ensemble, sont comme des gosses se disputant pour des bêtises (quant ils jouent au tennis) et jouant à des jeux pas toujours bien intelligents (l'aveugle dans le resto). Le film fut un succès avec en prime un César pour Claude Brasseur (logique, le seul des 4 à avoir un "rôle à César"), à tel point également que Gene Wilder réalisera un remake avec "La Fille en Rouge" (1984). Ce film inspirera bon nombre de films, voire plus, notamment "Le Cœur des Hommes" (2003) de Marc Esposito. Yves Robert signe là une comédie qui agace parfois, notamment dans l'hystérie fils-maman avec Bedos-Villalonga, mais qui reste divertissante et drôle avec des personnages particulièrement attachants.

Note :