Après "Exodus : Gods and Kings" (2014), "Seul sur Mars" (2015) et "Alien : Covenant" (2017), le réalisateur Ridley Scott délaisse un temps les blockbusters pour revenir à un genre un peu plus "sage" avec un drame policier politico-financier tiré d'une histoire vraie qui avait défrayé la chronique en 1973, ou comment le petit-fils de l'homme le plus riche du monde s'était fait enlever tandis que le magnat milliardaire refusait de payer la rançon au grand dam de la maman qui n'était pas une Getty (Tout savoir ICI !)... S'il s'agit d'une histoire vraie, la production informe tout de même qu'il y a des passages romancés, on peut entre autres rester perplexe sur la toute fin (héritage, mort du patriarche vis à vis de la chronologie) et on restera suspicieux sur le lien entre un ravisseur et son otage. Le casting est assez hétérogène et international, on reconnaît notamment le frenchy Romain Duris dans le rôle clef de ravisseur en question, on apercevra Stacy Martin dans un troisième rôle qui tient presque du caméo (révélation de "Nymphomaniac" de Lars Von Trier), mais le trio de tête concerne le patriarche radin, la maman (belle-fille du précédent) et un ex-agent de la CIA employé du vieux milliardaire. Ils sont respectivement incarnés par l'excellent Christopher Plummer, la belle Michelle Williams et Mark Wahlberg qui se retrouve dans un film bien moins mouvementé qu'à son habitude dont le récent "Transformers : the Last Knight" (2017) de Michael Bay...
Vu l'actualité récente à Hollywood et dans le monde entier, faisons une petite parenthèse concernant le personnage du milliardaire, ce dernier devait initialement être joué par l'acteur Kevin Spacey. Malgré un tournage terminé, ce dernier a tout simplement été renvoyé, effacé et remplacé par Christopher Plummer (plus vieil acteur oscarisé pour "Beginners" en 2011 de Mike Mills) après un scandale d'agression sexuelle. Un remplacement historique et inédit qui a coûté la bagatelle de 10 millions de dollars à la production ! Si on ne débattra pas sur une décision aussi stupide qu'opportuniste, on ne peut finalement que constater la réussite de l'entreprise. En effet, Plummer correspond plus au personnage, autant par le physique que par l'âge alors que Spacey était affublé d'un maquillage plutôt grossier. Ceci étant dit...
Le scénario et le montage du film s'avèrent un peu alambiqué avec quelques flash-backs, voix-off de temps à autre, passage entre la famille dans l'attente, la lutte (ou pas !) et la victime et ses ravisseurs. Si ce n'est pas idéal, on s'aperçoit que l'ensemble se fait plus classique au fur et à mesure. Car finalement le film se scinde en deux facettes, en deux niveaux de lecture. Le premier reste un thriller tragique avec mafia et tractations diverses, le second repose sur un drame familial psycho-financier. C'est là-dessus que Ridley Scott prouve tout son talent malgré les faiblesses de son film. En effet, il assure le côté polar de façon plutôt classique mais toujours efficace tandis qu'il offre un sommet de guerre intra-familiale et psychologique de l'autre côté en façonnant un portrait particulièrement dur et manipulateur du patriarche J. Paul Getty incarné avec sobriété et justesse par un Christopher Plummer aussi terrifiant de pragmatisme que d'avarice. On aurait aimé un côté moins romancé sur des choix qui restent de surcroît discutables, tandis que le cinéaste aurait pu assumer un peu plus la partie la plus intéressante et solide, à savoir la lutte entre le grand-père et sa belle-fille pour la rançon et ce portrait sans concession d'un milliardaire obnubilé par le profit coûte que coûte. Un très bon film malgré tout, qui reste particulièrement intéressant de par les sujets abordés.
Note :