Chaque nouveau film de Ridley Scott permet de relancer un débat sur la place du réalisateur dans l'histoire du 7ème art. Il faut pour cela découper sa carrière en 4 morceaux. Les films faisant partie intégrante de l'histoire du cinéma ( Alien, Blade Runner), les excellents films ( Les Duellistes, Legend, Gladiator, Thelma et Louise, American Gangster), les films aussi vite vus aussi vite oubliés ( Mensonges d'États, Seul sur Mars, Black Rain, La Chute du Faucon Noir, Prometheus) et les films ratés ( Cartel, Exodus, Alien Covenant, Robin des Bois, Lames de Fond, Une grande année, A Armes Égales Hannibal.....). Au regard de ce constat, peut-on placer Scott au panthéon des plus grands réalisateurs ? D'autant que depuis les années 2000, le metteur en scène s'est 'woodyallenisé' en sortant quasi un film par an pour un résultat plutôt médiocre. Une chose est sûre est qu'il est difficile de critiquer les qualités de metteur en scène de Scott , grand créateur d'univers et surdoué de l'image. Après l'indigeste Alien Covenant sorti cette année, le réalisateur anglais décide de traiter d'une histoire vraie à l'image d' American Gangster qui jouissait à l'époque d'un scénario ultra solide de Steven Zaillian.
On mesure les années qui ont passé depuis la sortie en 2007 du film de Scott, le temps ne bonifiant pas la carrière du réalisateur. En effet, ce film fera partie de la filmo mineure de Scott et cela pour deux raisons. Tout d'abord, le film se laisse embarquer dans la grande maladie d'Hollywood de ces dernières années, faire un film de plus de 2 heures pour accentuer et expliquer ce qu'on voit à l'écran. L'excellente prestation de Christopher Plummer (remplaçant de dernière minute de Kevin Spacey suite aux révélations de sa vie privée) aurait naguère permis de comprendre en une image ou en une scène le caractère totalitaire et odieux de John Paul Getty. Le spectateur l'a vite assimilé, le charisme de Plummer étant assez énorme. Pourtant le film va nous le rappeler de manière extrêmement redondante et laisser beaucoup de personnages sur le bord de la route. Le personnage de Mark Whalberg , anti-héros cherchant à travers cette affaire la rédemption, est trop sous exploité. De même, on ne comprend pas bien les motivations du personnage de Romain Duris dans sa dernière partie. On préfère accentuer encore et encore sans aucune nuance ce qui ne permet pas une véritable réflexion.
Là où le bat blesse dans un second temps est qu'on sent le réalisateur en totale roue libre. On ne ressent ni l'extrême tension qui devrait naitre de cette histoire rocambolesque ni l'aspect dramatique avec ce récit familial. On ne veut pas traiter les sujets (la famille, le capitalisme, la rédemption, les personnages secondaires), on reste donc en surface pour faire plaisir à tout le monde. La mise en scène est donc au diapason : pas de plans iconiques, pas de scène marquantes, pas de virtuosité ce qui est assez inquiétant chez Scott. Heureusement que l'histoire en tant que telle est suffisamment passionnante et que les acteurs, avec en tête la toujours formidable Michelle Williams, nous aident à ne pas sortir définitivement du film. Scott respecte à la lettre de manière linéaire son récit ce qui de facto exclue toute émotion. On prend le spectateur par la main jusqu'au dénouement final avec l'impression d'avoir loupé un possible très grand film.
Titre Original: ALL THE MONEY IN THE WORLD
Réalisé par: Ridley Scott
Casting : Christopher Plummer, Michelle Williams, Mark Wahlberg ....
Genre: Thriller, Drame
Date de sortie: 27 décembre 2017
Distribué par: Metropolitan FilmExport
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