De David Lowery
Avec Casey Affleck, Rooney Mara
Chronique : A Ghost Story se regarde comme on parcourt une nouvelle au style littéraire expérimental. On guette la surprise et on questionne l’inattendu. Objet poétique et un peu poseur, le film de David Lowery ne ressemble à pas grand-chose d’existant. Stylisée à l’extrême, sa mise en scène se démarque des standards du genre fantastique de mille façons. Elle privilégie les longs plans séquences parfois déroutants, mise sur l’économie de paroles (pour mieux la rompre dans un exceptionnel monologue sur le sens de l’existence), opte pour une image en 4/3 et aux bords arrondis et une photographie vintage, comme si elle sortait d’un vieux polaroïd, joue des contrastes en appuyant la modernité d’une bande son entêtante, élément majeur du long métrage. Certains plans sont stupéfiants, surtout lorsqu’ils convoquent ce spectre anachronique, fabriqué d’un drap flanqué de deux trous pour les yeux, mais bien plus réel que n’importe quelle image de synthèse. La première partie de Ghost Story renvoie à la violence du deuil, aux jours, aux mois d’après, dans un dualisme opposant l’onirisme du fantôme veillant sur celle qui reste et le réalisme de la souffrance de celle-ci. La deuxième partie se veut plus métaphysique et questionne sur le pourquoi de l’existence, nous entrainant dans une boucle temporelle absolument démente, où tout change sans qu’on ne bouge d’un mètre.
A Ghost Story est une histoire de fantôme peu banale, une rêverie dans un au-delà abstrait et mélancolique. Un ovni aux effets parfois trop appuyés, au récit trop étiré sans doute, mais fascinant dans son exécution.
Synopsis : Apparaissant sous un drap blanc, le fantôme d’un homme rend visite à sa femme en deuil dans la maison de banlieue qu’ils partageaient encore récemment, pour y découvrir que dans ce nouvel état spectral, le temps n’a plus d’emprise sur lui. Condamné à ne plus être que simple spectateur de la vie qui fut la sienne, avec la femme qu’il aime, et qui toutes deux lui échappent inéluctablement, le fantôme se laisse entraîner dans un voyage à travers le temps et la mémoire, en proie aux ineffables questionnements de l’existence et à son incommensurabilité.