L'odyssée du Hindenburg

Un grand merci à ESC Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « L’odyssée du Hindenburg » de Robert Wise.

Odyssée_Hindenburg

« Tout cela manque d’élégance. Notre armée de l’air avait pourtant des traditions chevaleresques qu’elle n’a plus. L’époque a bien changée »

En 1937, le zeppelin allemand Hindenburg, fleuron de l’industrie de pointe de l'Allemagne hitlérienne, doit effectuer un voyage commercial à destination des États-Unis. Mais les autorités ont vent d'une tentative d'attentat visant à détruire en vol le zeppelin. Le colonel Ritter, officier expérimenté de la Luftwaffe, est envoyé à bord afin de veiller à la sécurité et de démasquer les terroristes.

« Le monde est plein de métis. Il n’y a qu’à Berlin que tout le monde est pur »

Hindenburg_Anne_Bancroft

D’abord monteur réputé à la RKO à la fin des années 30 (il est notamment le monteur attitré des premiers films de Orson Welles, « Citizen Kane » et « La splendeur des Amberson »), Robert Wise accède à la réalisation un peu par hasard, en remplaçant le démissionnaire Von Fritsch sur « La malédiction des hommes-chats » (1943), une petite série B horrifique à petit budget. Poursuivant son apprentissage en réalisant de nombreuses séries B tout au long des années 40, il accède finalement à la notoriété au tournant des années 50 en réalisant le film noir « Nous avons gagné ce soir » (1949), qui sera primé à Cannes. De quoi en faire un réalisateur de premier plan durant les trois décennies suivantes, durant lesquelles il s’illustre aussi bien dans le film noir (« Le coup de l’escalier »), le film de guerre (« La canonnière du Yang-Tsé ») ou la science-fiction  (« Le jour où la Terre s’arrêta », « Le mystère Andromède », « Star Trek le film »). Mais ce sont avant tout ses comédies musicales qui feront son succès, obtenant à deux reprises l’Oscar du meilleur réalisateur pour « West side story » (1961) et « La mélodie du bonheur » (1965). En 1975, alors qu’il est dans la dernière partie de sa carrière, il signe « L’odyssée du Hindenburg », l’un de ses tout derniers films, adaptation du roman éponyme de Michael M. Mooney.

« Que vont devenir les hommes comme nous ? »

Hindenburg_George_C_Scott

Tout le monde connait la catastrophe du Hindenburg, l’emblématique zeppelin symbole de la toute puissance de l’Allemagne nazie, qui prit feu juste avant son atterrissage à New-York, faisant une trentaine de morts sans que les circonstances du drame - accident ou attentat ? - n’aient jamais pu être formellement établies. Un épisode sur lequel revient le réalisateur Robert Wise près de quarante ans après les faits. Il faut dire qu’en plein milieu de cette décennie des 70’s, la mode hollywoodienne est au film catastrophe (« La tour infernale », « L’aventure du Poséidon », « Airport »...) et qu’en la matière, le sujet promet un grand spectacle. A ceci près que la fin est connue d’avance. Choisissant l’option d’un sabordage terroriste, le cinéaste construit son film comme un classique whodunit : chaque passager étant potentiellement un terroriste en puissance. Un procédé qui lui permet de récréer dans l’espace confiné du zeppelin les grandes tendances de la société allemande de 1937. On y croise ainsi des affairistes, une aristocrate déchue, mais aussi des artistes progressistes et des juifs qui en exil. Et puis il y a le personnel de bord, dont certains membres semblent critiques quant au pouvoir en place. A l’image du héros (formidable George C. Scott), officier de l’armée de l’air, fidèle à l’armée par devoir mais en proie au doute. Ce qui lui vaut en partie d’être surveillé dans sa mission par un agent de la Gestapo. Plus audacieux, le film s’intéresse aussi, en arrière-plan, aux relations ambigües encore entretenues à cette époque par les Etats-Unis avec l’Allemagne, tandis que la France et l’Angleterre refusent le survol de leur territoire par le zeppelin allemand. En dehors de l’enquête à proprement parler, le spectateur suivra également les mésaventures de l’appareil (avec notamment une spectaculaire scène de réparation de la toile) jusqu’à sa fin programmée, filmée avec maestria sur les commentaires originaux des journalistes radiophoniques de l’époque. Un déluge de feu et de fer annonciateur du conflit à venir. Spectaculaire et efficace.

The_Hindenburg

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Le blu-ray : le film est présenté en version restaurée en haute-définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également proposés.

Côté bonus, le film est accompagné de « Un film catastrophe paradoxal » (27 min.), présentation du film par le journaliste Olivier Père, responsable du département cinéma d'Arte France.

Edité par ESC Editions, « L’odyssée du Hindenburg » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 7 novembre 2017.

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